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Prix et marges : les éleveurs de bovins sacrifiés

Les industriels et la distribution n'ont pas tiré profit de la crise de la viande bovine, selon l'Observatoire des prix et des marges qui vient de rendre public son rapport. Mais les éleveurs n'ont pas pu répercuter l'augmentation de leurs coûts de production. Ils sont les grands perdants.

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© Réussir
Les perdants, ce sont le producteurs bovins" n'a pas hésité à  déclarer Bruno Le Maire, à  l'issue de la communication de Philippe Chalmin sur les prix et les marges dans la filière bovine, le 6 janvier à  Paris. Le rapport commandé par le ministre de l'Agriculture à  Philippe Chalmin, président de l'Observatoire des prix et des marges, au plus fort de la crise bovine de l'automne exonère l'industrie de la viande et la distribution d'avoir profité de la crise pour gonfler leurs profits sur le dos des éleveurs. En effet, le président de l'observatoire n'a pas observé de dérives au niveau des prix et des marges dans tous les maillons de la filière tout au long de la période 2000-2010. En revanche, il pointe le fait qu'un seul maillon n'a pas pu répercuter l'augmentation de ses charges, c'est celui de la production. Au cours de la période 2000-2010 en effet, les prix au stade de la production ont fait preuve d'une assez grande stabilité malgré des fluctuations saisonnières importantes et des différences sensibles entre les systèmes laitiers et allaitants, surtout si l'on tient compte de l'impact en 2001 et 2002 de la crise de l'ESB. Le niveau des prix de 2010 de 2,75 €/kg de carcasse pour une vache de réforme « moyenne », correspond à  peu près à  la moyenne de la période considérée, observe Philippe Chalmin. Crise de la vache folle Sur la même base du même kilo d'une carcasse reconstituée, la marge brute de l'industrie et de la distribution a augmenté d'un peu plus d'un euro/kg de carcasse, 1,06 €Kg exactement, en dix ans, constate-t-il. Une croissance qui s'explique par plusieurs raisons. D'abord le durcissement des mesures sanitaires et de traçabilité des viandes consécutives à  la crise de l'ESB. Et l'Observatoire de viser l'augmentation et la création de diverses taxes sanitaires, les coûts des tests ESB, d'élimination et d'enlèvement de déchets, la moindre valorisation du cinquième quartier A partir de 2005, l'entrée en vigueur du « paquet hygiène » a conduit à  la mise en place de systèmes de traçabilité dans toute la filière. Bref sur les 1,06 €/kg carcasse, 0,49 €/kg de carcasse seraient liées aux nouvelles contraintes sanitaires et d'hygiène consécutives à  la crise de la vache folle. A cela s'ajoute l'élargissement des contraintes environnementales comme la généralisation des stations d'épuration dans les abattoirs (coût estimé : 0,20 €/kg de carcasse). Si on tient compte des modifications des modes de consommation alimentaire (barquettes, produits de plus en plus élaborés, emballages), gourmands en consommations intermédiaires, de l'augmentation du prix de l'eau et de l'énergie, la hausse des charges d'exploitation est estimée à  0,25 €/kg de carcasse. Sans parler de celle des charges en personnel liées au passage aux 35 heures.  Une première étape Cette analyse est corroborée par l'évolution des comptes de l'industrie et de la distribution. Notamment le résultat net industriel qui s'est établi sur l'ensemble de la période autour de 10 centimes par kilo de carcasse, sans qu'on puisse distinguer d'augmentation sensible. Conclusion de Philippe Chalmin, l'évolution des coûts « n'a permis en aucune manière d'augmenter le prix payé au producteurs mais n'a pas non plus gonflé les marges nettes de l'industrie et de la distribution. Au sein de la filière, les éleveurs sont les seuls acteurs à  ne pas avoir pu répercuter dans leurs prix de vente l'augmentation des coûts de production ». Et cela est d'autant plus dramatique pour les éleveurs que les prix à  la production même complétés par les aides ne couvrent pas l'intégralité de leur coût de production. Reste que ce rapport est n'est qu'une première étape. Philippe Chalmin le reconnait lui-même puisqu'il n'est pas parvenu à  dissocier la marge de l'industriel de celle du distributeur. Une analyse plus approfondie devrait apporter un éclairage en ce sens, d'ici le mois de juillet.
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