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Dialogue et anticipation, clés d'une transmission réussie

Parce que la transmission d'une exploitation agricole est l'aboutissement du travail de toute une vie, elle mérite d'être bien préparée. Des transmissions réussies sont aussi l'assurance du renouvellement des générations dans l'agriculture. Une préoccupation forte en Aquitaine où plus d'un agriculteur sur cinq de 55 ans et plus pense que son exploitation sera amenée à  disparaître, soit par morcellement, soit par affectation de la terre à  un autre usage. C'est pourquoi les chambres d'agriculture et les Jeunes Agriculteurs de la région Aquitaine organisent tous les ans la semaine de la transmission à  destination des futurs cédants.

file-Jacques Abadie (au micro) recommande d'anticiper la transmission, au moins dès 55 ans, de dialoguer avec la famille et les pairs pour conforter son choix et enfin d'être prêt à  accepter un projet différent du sien. © Le Sillon
Jacques Abadie (au micro) recommande d'anticiper la transmission, au moins dès 55 ans, de dialoguer avec la famille et les pairs pour conforter son choix et enfin d'être prêt à  accepter un projet différent du sien. © Le Sillon
Lundi 5 mars, cette semaine d'information démarrait dans les Landes, au lycée agricole Hector Serres à  Å’yreluy. Selon un schéma identique dans les cinq départements d'Aquitaine, les participants ont échangé avec des experts lors des trois ateliers de l'après-midi sur la vente et le fermage, sur la transmission dans le cadre sociétaire et enfin sur les démarches de départ à  la retraite. La matinée était consacrée à  des témoignages sur des projets de transmission d'exploitations dans et hors cadre familial, avec les éclairages de Jacques Abadie. Sociologue spécialisé sur le sujet, il accompagne des groupes d'agriculteurs lors de la cessation d'activité. «Anticiper la transmission dans un contexte qui change» est le leitmotiv du sociologue. Les jeunes qui s'installent aujourd'hui ont une vision du métier d'agriculteur, différente de celle des cédants. Dans les années soixante-dix, on s'installait, souvent avec peu de formation, car «il n'était pas imaginable que l'exploitation soit sans continuation dans la famille, par respect du travail des anciens». Maintenant, l'installation, qu'elle soit ou pas dans le cadre familial, est un choix du jeune pour se réaliser personnellement et professionnellement, avec un revenu décent, du temps pour la famille et les loisirs. Une solide formation lui est indispensable pour réussir. Accepter le projet du repreneur Les témoins présents à  la rencontre illustraient bien cette situation. Ainsi, Cynthia Boinot, 29 ans, cherche à  s'installer dans le secteur de l'élevage. Ses parents n'étant pas agriculteurs, elle a découvert l'élevage avec son oncle. Après formation au métier, elle s'est inscrite au répertoire départemental pour l'installation. À l'opposé, Étienne Castéra, 55 ans, a rejoint dans les années quatre-vingt l'exploitation familiale à  Labatut «sans se poser de question». Conséquence de cette évolution, les nouveaux agriculteurs veulent être libres de mettre en oeuvre le projet qui les motive. Ce dernier étant souvent différent de celui du cédant qui doit donc accepter que le repreneur fasse différemment, même si celui-ci est son enfant. «Le projet de votre enfant a de fortes chances d'être différent du vôtre, souligne Jacques Abadie. Il faut accepter la rupture pour qu'il réussisse, même s'il n'est pas toujours facile de làcher les commandes». De nouveaux schémas Le sociologue observe que les agriculteurs qui ont eu des salariés ont plus de facilités à  accepter d'autres façons de faire que la leur. «N'hésitez pas à  accueillir des stagiaires. à‡a aide à  se projeter dans la transmission!». Le cédant ne peut donc se contenter de reproduire le modèle de transmission qu'il a connu. La première recommandation de Jacques Abadie est d'anticiper la retraite, dès 55 ans. Comment? En parlant avant tout avec sa famille et ses pairs. «Le dialogue est primordial». La réunion familiale est très importante dans le processus de transmission. «J'ai besoin du feu vert de la famille. Ca va me conforter dans mes choix, me légitimer». Le témoignage de Francis Saubouas, retraité, et de son fils Jérôme, nouvel exploitant à  Aire-sur-l'Adour, est éloquent à  ce sujet. «Lors de la réunion familiale organisée avec Isabelle Lafargue de la chambre d'agriculture, j'ai été estomaqué quand mon fils a annoncé sa volonté de s'installer Alors qu'il ne s'était jusque-là  jamais intéressé à  l'agriculture!» relate Francis qui n'était pas au bout de ses surprises. «Son projet de ferme pédagogique, avec production bio, sans expérience, m'épouvantait». Mais «chacun a dû mettre de l'eau dans son vin». Jérôme s'est formé, le père a décalé d'un an son départ à  la retraite pour accompagner le repreneur, tout en acceptant des changements (notamment financiers) dans ses projets initiaux de retraite. Quant aux échanges avec d'autres cédants, de la même génération, ils permettent de ne pas être seul dans la prise de décision, de comparer les expériences de chacun. Les sessions de formation sur la transmission (proposées par la chambre d'agriculture ou le centre de gestion) sont une bonne occasion pour de tels échanges. Anticiper la transmission, c'est aussi se demander ce que je vais faire à  la retraite: «Est ce que j'ai d'autres centres d'intérêt que mon exploitation et ainsi laisser le repreneur agir à  sa guise? Est-ce que je prévois d'habiter ailleurs, en dehors de l'exploitation? Mon patrimoine est-il suffisamment diversifié?» Dominique Maurel
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