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Six ans après Klaus, le renouveau de la forêt landaise

Après le marasme de 2009, le moral semble quelque peu revenu dans le massif des Landes. Le reboisement avance, mais la filière doit désormais affronter de nouveaux défis, vis-à -vis de la valorisation du bois notamment.

Six ans jour pour jour après le passage de la tempête Klaus, les acteurs de la filière forestière du massif des Landes de Gascogne étaient réunis à  Sabres, le samedi 24 janvier. À l'initiative du conseil régional d'Aquitaine, une table ronde proposait de débattre sur l'état de l'économie forestière et l'avenir de ce massif dont les plaies sont encore loin d'être refermées. Mettant en présence l'ensemble des intervenants du secteur (propriétaires, administration, ONF, DFCI, entrepreneurs, industriels de l'aval, élus) les discussions conduites dans un climat serein ont d'abord laissé transpirer l'état d'esprit collectif qui a prévalu durant ces années difficiles. Certes, les professionnels amenés à  témoigner ont martelé leur souhait de ne plus jamais revivre les mois qui ont suivi la tempête, mais tous ont aussi loué la manière dont a été gérée la crise. Bon sens et coopération semblent avoir prévalu. On s'est serré les coudes pour parer à  l'urgence, c'est-à -dire à  sécuriser le massif et à  entamer le nettoyage en stockant le surplus de bois. Une dynamique positive a aussi pu être engagée au niveau de la reconstitution de la forêt. La moitié des surfaces reboisée Sur les 43 millions de mètres cubes de bois sinistrés, près des trois quarts ont été exploités dans les deux années qui ont suivi le coup de vent. Un chiffre spectaculaire, qui traduit les moyens phénoménaux mis en oeuvre. Parmi ces volumes, près de 10 millions de mètres cubes ont été stockés, par le biais des aires mises en place à  cet effet. Aujourd'hui, plus des trois quarts des surfaces touchées en 2009 ont été nettoyés, selon les statistiques officielles, et environ la moitié a été reboisée. La période post-tempête a aussi occasionné de profondes réflexions autour du modèle forestier landais. Des études ont bel et bien été menées pour mesurer l'intérêt de recourir à  de nouvelles essences. Elles ont toutes réaffirmé les vertus du pin maritime. Certes, la notion de diversification des peuplements est désormais entrée dans les têtes, mais l'emblématique résineux est toujours à  la base de 95% des nouvelles plantations. Développé pour suivre l'avancement des travaux, l'outil de cartographie du GIP ATGeRi restera également à  coup sûr un pas en avant réalisé par la filière en cette période troublée. La plateforme, qui permet de partager des données cartographiques communes, constitue une avancée incontestable qui sert désormais quotidiennement aux professionnels. La crise sylvicole a aussi amené les parties prenantes à  faire avancer le dossier de l'assurance dans le milieu forestier. «On a désormais un système assurantiel privé efficace à  portée de main», note Christian Pinaudeau, secrétaire général du syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest. Dommages collatéraux Malgré ces bons côtés, le paysage est loin d'être tout rose dans le massif de Gascogne. Ces six dernières années ont entraîné de la casse dans les rangs des professionnels du secteur. Les sylviculteurs figurent bien sûr au premier rang des catégories touchées. Outre les préjudices directs sur leurs propriétés, ils ont dû encaisser la chute des prix du bois provoquée par l'arrivée massive de marchandise sur le marché. L'après-tempête a aussi occasionné des dommages collatéraux dans la profession d'entrepreneur forestier. Profitant des opportunités de travail, de nombreuses structures ont vu le jour et ont investi dans les mois qui ont suivi le sinistre. Trois ans plus tard, la brutale baisse d'activité a provoqué des naufrages. «Dans le domaine de l'exploitation, une centaine d'entreprises a déposé le bilan en 2013, déplore Gérard Napias, le président du syndicat professionnel. Dans le secteur du reboisement, les chantiers n'ont vraiment redémarré que depuis deux ans. Entre-temps, tout le monde a dû se serrer la ceinture». Amont et aval à  la peine Si la question du reboisement avance, les regards sont désormais tournés vers les industries de la transformation locales. En effet, le secteur de l'aval nourrit aujourd'hui plusieurs inquiétudes. Il faut dire que lorsque la tempête a frappé, ce tissu industriel était déjà  fragilisé. «Il faut bien parler de mutation dans nos métiers qui ont besoin d'évoluer» avoue Paul Lesbats, P. D.-G. des Scieries d'Aquitaine et nouveau président de la Fédération régionale des industries du bois. Son analyse trouve écho auprès de Dominique Coutière. Le fondateur de l'entreprise Biolandes qui vient d'être amené à  la direction du Groupe Gascogne fait désormais figure d'homme fort dans la filière. Il n'a pas d'autres mots que ses collègues pour qualifier les défis de la filière. «Dans l'histoire, il y a toujours eu des moments ou le monde forestier a été obligé de s'adapter. Jusque dans les années cinquante, les pins servaient à  la fabrication de poteaux de mines, puis est venu le débouché de la térébenthine. Aujourd'hui, on voit que les marchés du lambris, du parquet ou de palettes s'essoufflent On doit à  nouveau inventer de nouvelles choses». Chimie verte vs bois-énergie Dominique Coutière coupe court à  la question du bois-énergie, qui ne peut trouver un intérêt que pour des produits connexes selon lui. En revanche, l'industriel met en avant les opportunités offertes par la chimie verte. «On a cru que le bois-énergie allait être un eldorado, mais ce circuit n'a du sens que pour la valorisation des déchets Aujourd'hui, le salut passe notamment par la recherche qui doit nous aider à  trouver des produits à  forte valeur ajoutée». Dans ce registre, la filière dispose déjà  d'outils susceptibles de l'aider. C'est le cas du pôle de compétitivité Xylofutur, dont les travaux ont permis des découvertes technologiques très intéressantes. Par exemple, un nouveau procédé d'assemblage de bois vert, baptisé Above, offre d'immenses perspectives en matière de conception de pièces de bois de grandes longueurs. Six ans après Klaus, la filière forestière du Sud-Ouest traverse donc une nouvelle période charnière. Après le marasme de 2009, des craintes pouvaient être légitimement nourries vis-à -vis de la volonté des forestiers d'aller de l'avant. Si celles-ci semblent désormais levées, il reste encore pas mal de chemin pour que la filière retrouve une bonne santé. Fabien Brèthes
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