La météo crée des tensions sur les marchés céréaliers
FranceAgriMer a souligné le 9 juin l’impact de la météo sur les marchés céréaliers, sans pouvoir estimer les dégâts liés aux intempéries dans l’Hexagone. Les exportations céréalières françaises terminent la campagne en pleine forme, mais le stock final de blé tendre devrait être historiquement lourd.
«Depuis le début du mois, les cours du blé grimpent, notamment en France, sur fond de pluies excessives dans toute l’Europe jusqu’à la mer Noire, a relevé Olivia Le Lamer, chef de l’unité grandes cultures de FranceAgriMer. Il est trop tôt pour estimer les dégâts, quantitatifs ou qualitatifs».
Un «emballement des prix» du maïs et du soja s’est amorcé depuis le mois de mai, sous l’effet notamment des intempéries en Argentine et au Brésil. L’absence de contagion à l’égard du blé témoigne de la lourdeur des fondamentaux du marché, d’après la spécialiste.
Si l’établissement public observe une dégradation des conditions de culture en France, avec le développement de maladies, une verse précoce, la situation est jugée correcte. «On partait d’un potentiel quasiment aussi bon que l’an dernier, pour finalement approcher la moyenne sur cinq ans», a indiqué le président Rémi Haquin, dans l’incertitude sur la qualité de la récolte vu l’«accumulation de facteurs contradictoires» entre attaques de champignons et températures basses.
Les exportations céréalières françaises, quant à elles, terminent la campagne en pleine forme après des débuts laborieux, mais le stock de blé tendre restant devrait tout de même être historiquement lourd, selon les prévisions de l’établissement public.
Destinations inhabituelles
FranceAgriMer a revu en hausse ses prévisions d’export de blé tendre vers les pays tiers, à 12,4 millions de tonnes, contre 12 millions prévus le mois précédent. Si ce volume se concrétise au 30 juin, cela représentera une hausse de 9,1% des exportations françaises sur le marché mondial.
Des ventes tirées par l’Algérie, traditionnellement premier client de la France pour le blé, avec 4,2 millions de tonnes achetées du 1er juillet au 30 mai, soit deux tiers de plus que l’année précédente, marquée par des problèmes de qualité de l’origine française. Le Maroc, dont la récolte a souffert d’une grave sécheresse, a passé des commandes massives de blé français au printemps. Il cumule 2,3 millions de tonnes sur la même période, soit le double de l’an dernier.
Grâce à la compétitivité de son blé tendre, la France a également raflé des marchés en mai et juin vers «des destinations non traditionnelles», comme la Thaïlande et la Corée du Sud, a expliqué Olivia Le Lamer. Les exportations de blé vers l’UE ont également été revues en hausse de 260.000 tonnes, à 7,5 millions de tonnes.
Des stocks de report lourds
Les ventes d’orge hors UE sont elles aussi en hausse d’un tiers sur un an, à 4,6 millions de tonnes exportées au 6 juin. Une performance largement due au Maroc qui a acheté quatre fois plus d’orge que l’an dernier. Des destinations inhabituelles sont également notées, comme le Mexique, voire inédites, comme le Qatar.
Malgré cette accélération des exportations, le stock de blé tendre devrait être lourd à la fin de la campagne. FranceAgriMer table désormais sur environ 5,4 millions de tonnes. Ce niveau s’explique par l’ampleur de la récolte 2015, qui avait atteint le niveau record de 41 millions de tonnes, mais aussi par la réticence des agriculteurs à mettre leur moisson sur le marché pendant plusieurs mois, dans l’espoir que les prix finissent par remonter.