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Dans les Landes, la pire sécheresse depuis un demi-siècle

Depuis le 1er juillet, les Landes enregistrent un manque de précipitations, unique depuis 1962. Les relevés pluviométriques des stations de Dax et de Mont-de-Marsan sont inférieurs de 77 à 85% à la moyenne des trente dernières années. Pour les maïs, c’est un coup dur supplémentaire: à la baisse des rendements se rajoute un cours en berne.

Des maïs sans épis aux feuilles complètement cramées par le brûlant soleil qui frappe depuis plus de deux mois. Il n’est pas rare d’en faire le constat en arpentant les routes des Landes et de la région du sud-Adour. La situation est critique et les agriculteurs font grise mine.

Le manque de pluie depuis le début de l’été est considérable. Certes, le scénario peut rappeler l’été caniculaire 2003. «Mais le déficit hydrique de cette année n’est rien à côté de celui de 2003», souligne d’emblée Bernard Grihon, responsable gestion de l’eau à la chambre d’agriculture des Landes. Bien évidemment, le maïs souffre de ce manque d’eau principalement sur les surfaces non irriguées, mais les parcelles équipées en irrigation n’échappent pas non plus à ce manque d’eau.

Indispensable irrigation

Dans ces circonstances, l’irrigation s’avère essentielle. L’eau apportée gomme partiellement les carences. En effet, dans de nombreux secteurs, des restrictions d’eau sont entrées en vigueur depuis quelques semaines déjà. Ces arrêtés, déployés par la préfecture, ont été pris après concertation lors du comité de crise, organisé depuis le début de l’été.

L’objectif est de gérer le plus finement possible les ressources en eau disponibles. Un premier comité s’est déroulé vers la mi-juin. Dès le mois de juillet, comme la situation s’aggravait, le rythme des réunions regroupant tous les acteurs de l’eau est devenu hebdomadaire.

Réaliser l’état des débits

Comme tous les lundis, ce 29 août, le comité eau sécheresse s’est donc réuni dans les locaux de la préfecture à Mont-de-Marsan. Composée d’agents du service de la police de l’eau à la DDTM, des représentants de Météo France, de l’Onema (Office national de l’eau et des milieux aquatiques), du conseil départemental, de l’Institution Adour, de la CACG et de la chambre d’agriculture, «cette réunion vise à se concerter et à faire un état des lieux du débit des cours d’eau du département».

À chaque réunion, les bulletins hydrométriques et les prévisions sont épluchés. Un état du débit des cours d’eau est réalisé. «L’objectif est de trouver le meilleur équilibre entre le besoin de l’eau pour l’agriculture sans négliger l’aspect écologique… Parfois, c’est compliqué de se mettre d’accord, avoue Bernard Grihon. L’objectif de ce comité est de prendre des mesures responsables et adéquates pour limiter les dégâts jusqu’au bout de la campagne».

Inversion de situation au 1er juillet

Avant la période estivale, les membres du comité étaient bien loin d’imaginer pareille situation. Au mois de juin, l’état hydrologique était convenable. «Toutes les nappes alluviales présentaient une capacité correcte, voire même un peu au-dessus des moyennes. Heureusement d’ailleurs!», ajoute-t-il. À cette période, les lacs, gérés par l’Institution Adour, présentaient également de bons remplissages. «Les stocks étaient favorables».

C’est au 1er juillet que la situation est devenue plus préoccupante. Les premiers manques d’eau pluviale sont apparus. Les relevés des deux stations de météorologie de Dax et de Mont-de-Marsan en attestent. «C’est un triste record! Le dernier été comme celui-là remonte à 1962», déplore le responsable.

Sur la période du 1er juillet au 31 août de cette année, on enregistre seulement 19 mm et 31,4 mm de précipitations respectivement à Mont-de-Marsan et à Dax. Par rapport à la moyenne établie sur les trente dernières années et sur la même période, les références sont de 131 mm à Mont-de-Marsan et de 137 mm à Dax. «Pour Mont-de-Marsan, il y a un déficit hydrique de 85,5% et de 77% par rapport à la normale à Dax. C’est impressionnant!».

Tenir jusqu’au 15 septembre

Globalement, il a manqué 100 mm d’eau pour satisfaire au minimum le besoin des cultures. Dans ces circonstances, les ressources en eau exploitables ont été prélevées à un rythme effréné. Et très vite, un déséquilibre s’est créé entre la ressource disponible et les besoins sur le bassin de l’Adour. Le comité a donc œuvré pour réguler les prélèvements et gérer la ressource en eau. «Il a donc fallu prendre des mesures de restriction». Après concertation, plusieurs réductions graduelles des prélèvements (selon quatre débits fixés) ont donc été établies pour les principaux cours d’eau.

«Aujourd’hui, nous sommes dans la moyenne quinquennale sèche». Les réservoirs sur le bassin de la Midouze sont vides. Sur les autres bassins, les quantités de stocks sont variables à plusieurs niveaux mais restent tout de même faibles. Or, la campagne n’est pas finie. «Il faut réussir à tenir jusqu’au 15 septembre. Pour cela, l’idée est de permettre les prélèvements jusqu’à cette date».

L’objectif est de faire durer les pompages pour alimenter les cultures encore dans le besoin. C’est pourquoi, un inventaire des cultures contractuelles telles que le maïs doux, le haricot vert ou encore les maïs tardifs a été réalisé. «Sur l’Adour médian, un prévisionnel a été établi par rapport aux hectares restants et pour estimer les volumes d’eau à apporter». Ainsi, il reste à irriguer 248,5 hectares de maïs doux et 13,5 hectares de haricots verts, la semaine prochaine. En se basant sur un besoin de 30 mm par semaine, les estimations quantifient le besoin à 78.690 mètres cubes d’eau. Pour la semaine du 12 septembre, il restera encore 177 hectares à irriguer.

B. Ducasse

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