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Les maïsiculteurs en mode reconquête…

Les producteurs de maïs, réunis en congrès à Toulouse la semaine dernière, veulent inverser la tendance à la baisse des surfaces en France. Malgré de bonnes performances, les prix ne sont pas au rendez-vous. Ce qui explique le moindre intérêt des agriculteurs pour cette culture.

file-Si la bonne récolte de 2017 confirme la performance du maïs, les prix ne sont toujours pas au rendez-vous au grand dam des producteurs réunis à Toulouse la semaine dernière.
Si la bonne récolte de 2017 confirme la performance du maïs, les prix ne sont toujours pas au rendez-vous au grand dam des producteurs réunis à Toulouse la semaine dernière.

«Sur l’année 2017, le maïs démontre une nouvelle fois sa performance : un rendement historique» de 103 q/ha en moyenne selon Arvalis, a souligné le président de l’AGPM, Daniel Peyraube. «Cette plante sait s’adapter» aux conditions climatiques, d’après lui, «75% des cultures étant sous contraintes pluviales». Pour autant, le maïs cède du terrain. Ses surfaces affichent - 17% sur la période 2012/2017. Les quelque 660 congressistes, réunis à Toulouse la semaine dernière, ont pu donner leur explication : ils se sont prêtés au jeu du nuage de mots collaboratif via un sondage par Internet. C’est le prix de vente qui, pour eux, rend le maïs moins attractif, très loin devant d’autres facteurs comme l’irrigation.

Lors d’une table ronde sur le thème du maïs «à la reconquête des territoires», Jean-Claude Bévillard, vice-président de France nature environnement (FNE), a encore assombri le tableau. «L’image du maïs n’est pas très bonne» dans la société, a-t-il souligné. De vives tensions apparaissent au sujet de l’irrigation, d’après lui. La monoculture est aussi en cause. Quand il y a du maïs, «les paysages sont banalisés», a-t-il pointé, admettant que cela concerne plus certaines régions que d’autres. Beaucoup de concitoyens l’associent aux OGM, ou encore rejettent «le couple soja/maïs, à la base de systèmes d’élevage qui souvent génèrent des problèmes environnementaux».

Pioneer veut «reconquérir 500.000 ha» de maïs

Le semencier Pioneer a, quant à lui, livré un message très positif. «Le succès mondial du maïs ne se dément pas : la production augmente sur tous les continents, c’est la première céréale cultivée, avec un rendement qui progresse malgré le changement climatique», a souligné Bruno Bertheloz, directeur général de Pioneer France. Si la culture s’essouffle dans l’Hexagone, c’est qu’elle est peut-être «trop standardisée», d’après lui. «On oublie que le maïs est une plante adaptable, résiliente, tolérante au stress thermique et hydrique, valorisant le mieux chaque goutte d’eau», a-t-il considéré.

Pioneer France a un plan ambitieux : reconquérir un demi-million d’hectares d’ici cinq à dix ans. Il ne s’agit pas tant de convaincre les utilisateurs, pour lesquels le semencier veut limiter la baisse des surfaces, mais de séduire des agriculteurs qui ne cultivaient pas de maïs jusqu’alors. Par exemple, 250.000 à 350.000 hectares supplémentaires sont visés dans la moitié Sud, avec des cultures dites «dry», économes en eau.

«La solution passe par la diversification» de l’assolement, a répondu pour sa part Jean-Claude Bévillard, interrogé sur la façon de redorer le blason du maïs. Pour lui, cela permet de limiter les risques économiques face à des aléas qui rendent plus périlleux les systèmes de cultures purement céréaliers. «Tout ce qui est mono va être difficile : c’était un signe de modernité pendant des années, aujourd’hui c’est plus synonyme de fragilité», a-t-il poursuivi, rappelant la crise céréalière particulièrement aiguë l’an dernier avec la mauvaise récolte.

Arvalis, pour sa part, a dévoilé les premiers résultats du projet Syppre (en savoir plus >>), sur des systèmes de production performants et respectueux de l’environnement. «L’objectif est d’explorer tous les systèmes de production innovants pour retrouver de la compétitivité, répondre aux contraintes réglementaires, du marché, aux questions de la société», a expliqué Gilles Espagnol, responsable national de la filière maïs à l’Institut du végétal. Son analyse des marges met en évidence un décrochage lors de l’introduction de cultures en plus du maïs. Une mise en rotation qui peut aussi dégrader l’IFT (indice de fréquence de traitements). L’utilisation de glyphosate s’avère parfois nécessaire pour innover, d’après lui. Pour réguler la croissance du couvert sous maïs, la solution phytosanitaire s’impose. Très en vogue, le couvert vivant semble impossible à conduire sans irrigation, d’après lui. «Innover, cela implique d’avoir à disposition tous les moyens de production, a-t-il déclaré. Mais aussi de balayer les dogmes».

La nécessité de lever les blocages sur l’eau

Autre écueil, le manque d’accès à l’eau. L’association des Irrigants de France espère un déblocage des créations de réserves en eau, a-t-elle confié en assemblée générale le 22 novembre, après la mise en place la semaine précédente d’une cellule d’expertise sur la gestion de la ressource en eau, sous la tutelle des ministères de l’agriculture et de la transition écologique. «J’espère que la nouvelle cellule d’expertise apportera des solutions concrètes aux difficultés actuelles et permettra un déblocage des créations de réserves», a déclaré Éric Frétillère, président de l’association.

Des «signaux positifs» apparaissent «depuis deux ans», a-t-il relevé, disant son optimisme sur l’émergence d’«une politique un peu plus dynamique». Sur les 47 projets de territoire en cours, la cellule d’expertise devrait rapidement commencer par en examiner trois pour remédier aux points de blocage, a-t-il indiqué. Cette cellule, placée sous la responsabilité du préfet Pierre-Étienne Bisch, réunit deux membres des ministères, un représentant de la profession agricole, un autre des associations de protection de la nature.


Des maïsculteurs témoignent comment ils cultivent mieux pour préserver l’environnement

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