Aller au contenu principal

Le monastère de Saint-Mont, temple de l’œnotourisme

Perché sur son éperon rocheux dominant l’Adour, face aux Pyrénées, le monastère de Saint-Mont, dans le Gers, est un lieu chargé d’Histoire. L’Union des Producteurs Plaimont veut faire de ce site patrimonial d’exception le haut lieu de son offre œnotouristique régionale.

C’est sur les vestiges d’un site ecclésiastique occupé au IXe siècle par des seigneurs après les invasions barbares qu’est fondé au médian du XIe siècle le monastère de Saint-Mont. Une nuit de cauchemar, Raymond de Saint-Mont, seigneur du village, rêve qu’il est transpercé de flèches lancées du ciel. Épouvanté, il y voit un funeste présage et fait vœu de bâtir un monastère et de s’y faire moine. Après avoir consacré une part de son patrimoine personnel, il obtient le renfort du vicomte de Corneilhan et du puissant comte de Gascogne et d’Armagnac, Bernard II Tumapaler, pour l’aider à accomplir cette œuvre considérable.

Une histoire mouvementée

En 1055, le monastère dédié à Saint-Jean est fondé et, au moment de tenir compagnie aux douze autres moines et d’être tondu, Raymond de Saint-Mont fait faux bond. À son retour quelques années plus tard, il officie comme prieur d’un site religieux où les locataires ont pris l’habitude de vivre dans un certain relâchement. Le comte d’Armagnac voit rouge, chasse les moines et fait venir en 1060 des bénédictins de l’abbaye de Cluny faisant de Saint-Mont l’un des premiers sites à adopter la réforme clunisienne. Le monastère est alors la référence en Gascogne, accueille dans ses murs conciles provinciaux, synodes diocésains et assemblées diverses, ce qui déplaît fortement à l’archevêque d’Auch.

Les années passent, l’abbaye devient prieuré puis, sous l’autorité du Saint-Siège, sauveté, où les errants ont gîte et couverts assurés durant 3 jours par les religieux. Les Bourguignons apportent leur savoir-faire en viticulture, le vin navigue sur l’Adour vers Bayonne ou vers la montagne en échange de bois. Le prieuré s’enrichit de dons et de legs, étend son influence jusqu’à posséder de nombreuses églises et domaines fonciers.

Au milieu du XVIe siècle, les Guerres de religion font rage dans la région. À la tête d’une armée huguenote, Gabriel de Lorges, comte de Montgomery, pille et brûle tout ce qui est catholique. Saint-Mont résiste mais doit succomber avant de voir village et église attenante au monastère détruits par le feu. Vingt-cinq moines refusant de renier leur conviction catholique sont égorgés et jetés dans le puits du cloître.

Le monastère devenu vétuste et délabré, les moines reconstruisent les bâtiments actuels de 1761 à 1769, seule la cave voûtée du XVe siècle subsistant du précédent édifice. Dans ce nouveau bâtiment à la judicieuse architecture, la lumière pénètre généreusement, l’escalier est en marches lentes, basses et profondes, pour éviter de se prendre les pieds dans la robe, et, note de modernisme pour l’époque, il dispose de trois latrines par niveau. Entre labeur, prières et psaumes, les journées des moines s’écoulent sereinement jusqu’à la dissolution de l’ordre de Cluny en 1788.

Classé Monument historique depuis 1997

En 1791, pendant la Révolution il est vendu comme bien national à Jean-Jacques de Corneillan qui l’habite et restitue la chapelle qui est l’église paroissiale. Le monastère devient château et restera dans la famille jusqu’en 1967. Les descendants par alliance et les héritiers cherchent à le vendre, ne trouvent pas acquéreurs, si bien que le bâtiment se délabre peu à peu. En 1995 il est acheté par Stéphane Lissner, directeur de théâtres, dont la Scala de Milan et le Théâtre national de Paris. Il le fait restaurer dans les règles de l’art, et en 1997, le monastère, déjà inscrit à l’Inventaire supplémentaire depuis 1947, est classé Monument historique.

En 2005, il est vendu à Jean-Claude Paris et à la journaliste Françoise Laborde, qui a des racines familiales à Saint-Mont. En 2016, le groupe Plaimont Producteurs et quelques autres partenaires font l’acquisition du site. À l’issue d’un conséquent chantier de rénovation, est créé un hôtel-restaurant de onze chambres, avec espace détente et remise en forme qui feront de ce site remarquable le haut lieu de l’offre œnotouristique régionale de Plaimont.
Gilbert Delahaye

1. Impulsée par l’abbaye de Cluny en Bourgogne, cette réforme enlève, entre autres, la nomination des abbés aux grands seigneurs laïcs et place les abbayes sous l’autorité directe de la papauté.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Le Sillon

Les plus lus

Une exposition qui célèbre les agricultrices

En cette journée internationale des droits des femmes, l'Anefa des Pyrénées-Atlantiques, avec le soutien de la FDSEA 64, a…

Michel Casabonne : « Veut-on toujours de la production laitière dans le Sud-Ouest ? »

Entre MHE, contractualisation et perspectives, le président de la section lait de la FDSEA revient sur l’actualité chargée de…

Nouveau bureau et même ambitions pour les JA 64

Renouvelant leur bureau, les JA entendent poursuivre leur mission : défendre, promouvoir et animer leur territoire tout en…

Dans les allées du Salon, Alain Rousset dévoile la politique agricole de la Région

Le président de Nouvelle-Aquitaine était mercredi au Salon pour la journée régionale. En marge de cette rencontre, l’élu a…

Entre passion et innovation, le salon de Paris reste le reflet d’une agriculture d’excellence

Prises de conscience, actualité, promotion… Le Salon de l’agriculture — qui ferme ses portes ce dimanche — s’est encore révélé…

Les irrigants pointent du doigt la gestion des retenues d’eau

Le Groupement des irrigants, la FDSEA et les JA dénoncent la hausse des tarifs et la répartition des coûts de gestion.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 98€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site du Sillon
Consultez le journal Le Sillon au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal du Sillon