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Les éleveurs de viande équine jouent groupé

Les produits carnés équins ont des atouts, même si leur image auprès du consommateur français est plutôt défavorable. André Paris, président du syndicat élevage Ossau (Pyrénées-Atlantiques) s'explique.

file-Jean Laborde et André Paris, respectivement vice président et président du syndicat élevage équin en vallée d'Ossau, croient en l'avenir de la production de viande équine. © Ph. D. / Le Sillon
Jean Laborde et André Paris, respectivement vice président et président du syndicat élevage équin en vallée d'Ossau, croient en l'avenir de la production de viande équine. © Ph. D. / Le Sillon
Oui, les Pyrénées-Atlantiques restent la plus importante poulinière de chevaux lourds (Bretons, Comtois et Ardennais) en France. Oui, la demande en viande est forte en dehors de nos frontières et constitue un véritable marché. Et enfin, oui, la filière peine à  s'organiser. Plus que d'organisation, elle est d'abord confrontée à  un problème d'image. Manger de la viande de poulain : il est bien difficile d'afficher de nos jours un tel slogan et d'élaborer une campagne de communication pour mettre en avant les vertus alimentaires chevalines André Paris a néanmoins réussi à  rassembler autour de lui les éleveurs d'Aspe, de Barétous, de Soule et de Navarrenx, ceci afin de valoriser la viande rosée de poulains. Il témoigne.
Qu'en est-il de l'état de la filière ?
André Paris » Cela fait plusieurs années que nous avons décidé de créer une véritable filière en association avec les haras nationaux de Gelos, les coopératives Celpa (Coopérative des éleveurs des Pyrénées-Atlantiques) et CPE (Coopérative pyrénéenne des équidés des Hautes-Pyrénées). Ceci afin de valoriser la viande de nos poulains, car la crise ne nous a pas aidés. Les dites coopératives rencontrant des problèmes d'ordre économique. Si la Celpa s'est redressée, les éleveurs qui livraient la CPE ont dû faire face à  de nombreux impayés.
D'autre part, pour des raisons qui leur sont propres, les deux coopératives se positionnent davantage en tant que marchand de bestiaux, négligeant la valorisation des produits carnés. En l'état actuel, le marché est basé sur l'exportation, la filière cheval lourd a du mal à  se positionner.
Aussi, avons-nous choisi de privilégier les circuits courts, la vente directe, afin de mieux promouvoir nos productions. Peu le savent, mais la viande de cheval est excellente pour certains régimes. En Haut-Béarn, on peut encore parler de filière avec 285 éleveurs possédant 1.200 juments.
Comment parvenir à  mieux s'organiser ?
A. P » Petit à  petit, nous arrivons à  nous organiser au niveau des éleveurs. La marque « Ossau cheval » existe bel et bien et nous avons concrétisé notre dossier à  l'échelle du syndicat mixte du Haut-Béarn. Nous sommes également en relation avec les étudiants de l'école de commerce afin qu'ils puissent nous aider en matière de mailing pour nous faire connaître.
Notre objectif est de distribuer des packs (steaks, haché, saucisses) n'excédant pas une valeur de 50 €. Le consommateur n'aura ainsi rien d'autre comme manipulation qu'à  déposer la viande dans la poêle. Nous en sommes arrivés là  gràce à  une étude financée par les conseils général et régional.
Les haras nationaux sont-ils toujours aussi actifs dans la filière ?
A. P » Au regard des diverses restructurations, cela est devenu très difficile. En effet, l'État, via les haras, a engendré une continuelle mutation. Aujourd'hui le centre technique s'éloigne de plus en plus étant donné que nous dépendons d'un vaste ensemble Poitou-Charentes-Aquitaine. Les délégués territoriaux n'existent plus, d'où un réel handicap. Nous affrontons un manque total de proximité.
Pourtant nous avons un besoin urgent de réorienter la filière sur l'élevage. Ce sont les haras qui font venir les étalons pour la reproduction et la tournée en vallée d'Ossau est la plus importante dans toute la région Aquitaine. Afin de palier à  cela, nous avons le soutien des collectivités territoriales de même que celui des vétérinaires, notamment à  Arudy. Ces derniers s'investissent sans compter, en particulier en pleine nuit lors des poulinages.
Quels sont les freins à  un nouvel élan ?
A. P » En dehors de l'image de la viande de poulain, il existe de nombreuses contraintes administratives ou socio-économiques. Le Conseil régional a attribué aux éleveurs une enveloppe de 66 000 €. Pour l'heure, nous n'avons monté que 17 dossiers et force est de constater que toute cette aide n'est pas utilisée. Il y a vraiment lieu de s'interroger. Ceci d'autant plus que les aides directes et les critères d'attribution d'éleveur de chevaux lourds sont menacés. Les premières devraient être divisées par deux l'an prochain. Le conseil des équidés a mis de côté la partie élevage.
Pourtant nous espérons obtenir une IGP, surtout si nous sommes suivis par les abattoirs d'Oloron (NDLR : les éleveurs sont actuellement clients d'un ensemble lourdais), d'un centre et les étals de la nouvelle halle. Le poulain vif engraissé, même payé à  moindre frais, est consacré à  l'export. Nous entendons, avec la viande conditionnée, reconquérir un marché régional même si en France les boucheries chevalines sont devenues obsolètes.
Propos recueillis par Philippe Delvallée
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