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Le grand doute de l'agriculture française

Syndicalisme Les manifestations régionales révèlent un profond malaise. Des éleveurs bretons aux producteurs céréaliers d'Ile-de-France en passant par le Centre ou le Nord, tous s'interrogent sur l'avenir et les moyens qui leur seront donnés pour répondre aux enjeux économiques de demain.

file-À Blois, dans la région Centre, les agriculteurs de la FDSEA et des JA ont rejoint les représentants de la CGPME pour dénoncer le ras-le-bol fiscal. © Horizons
À Blois, dans la région Centre, les agriculteurs de la FDSEA et des JA ont rejoint les représentants de la CGPME pour dénoncer le ras-le-bol fiscal. © Horizons
La Bretagne et ses bonnets rouges à  dominante agroalimentaire et agricole. L'Ile-de-France. La région Centre, puis le Nord, Bassin Parisien de nouveau et l'Aquitaine Les motivations peuvent être différentes, voire opposées mais le phénomène est le même: les agriculteurs, ceux du terrain, clament leur inquiétude ou leur colère. La France agricole doute d'elle-même et de ceux qui conduisent la politique agricole française et européenne. Au-delà  de la Bretagne, de l'Ile-de-France ou d'autres régions qui devraient exprimer leurs inquiétudes dans les jours à  venir, c'est toute l'agriculture qui doute et porte son moral en berne. Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a proposé, le 22 novembre, l'idée d'un grand rendez-vous, façon États Généraux de l'agriculture et de l'agroalimentaire, début 2014. Pour lui, comme pour l'ensemble des manifestants, les handicaps s'accumulent. L'excès de réglementation d'abord: pourquoi la France applique-t-elle avec plus de rigueur les normes pondues par Bruxelles? Pourquoi, affirme le président de la FNSEA, «quand François Hollande promet un assouplissement pour les élevages porcins, au titre des établissements classés, l'administration conçoit-elle un système encore plus contraignant?». Deux satisfactions dans un océan de mauvaises nouvelles Une critique également portée sur le nouveau régime des retenues collinaires d'eau pluviales. Pourquoi, insiste-t-il, lorsque le ministre de l'agriculture veut développer à  juste titre la méthanisation, les délais français pour les agréments sont-ils trois fois plus longs qu'en Allemagne? Pourquoi, lorsque le gouvernement institue le CICE (crédit d'impôts compétitivité emploi) ne parvient-on pas à  l'appliquer aux coopératives? Pessimiste sur ce qui résultera de la loi Hamon concernant des indicateurs de coûts de production, le président de la FNSEA a cependant deux motifs de satisfaction: le syndicat a participé le 26 novembre aux premières consultations sur la fiscalité du pays, au lendemain d'une réunion avec les ministres des transports et de l'agriculture sur l'écotaxe. Deuxième satisfaction, celle-ci semble définitivement reléguée à  2015. Mais sur le long terme, le doute demeure sur les moyens donnés à  l'agriculture pour avoir une réelle ambition: tandis que la demande alimentaire mondiale progresse de l'ordre de 2 à  3% par an, la production alimentaire française stagne ou régresse en volume, de près de 1% en 2012. Conséquence: la production hexagonale perd des parts de marché. Divergences sur la réforme de la PAC Pour autant, la perception des problèmes n'est souvent pas la même entre les échelons nationaux et locaux. L'enjeu majeur: la réforme de la PAC. «Xavier Beulin se trompe en sous-estimant les conséquences de la réforme de la PAC sur les grandes cultures», affirmait Damien Greffin, président de la FDSEA d'Iles de France à  la veille de la manifestation du 21 novembre autour de Paris. «Cette nouvelle PAC est un dévissage de l'agriculture de production», explique-t-il. Une position soutenue par l'AGPB et l'AGPM. Toutes deux ont diffusé un communiqué dans lequel elles appelaient à  soutenir les manifestations départementales, «et singulièrement dans les départements céréaliers». Trois points sont particulièrement condamnés par les céréaliers: «La redistribution anormale au profit des 52 premiers hectares», «le prélèvement supplémentaire sur le premier pilier de la PAC» tandis que le verdissement doit être «pragmatique et non pénalisant». Compte tenu de «distorsions de concurrence majeures» à  venir, les deux organisations demandent «le lancement urgent d'un plan de compétitivité céréales, seul à  même de rétablir la capacité de la filière céréalière à  contribuer durablement à  l'approvisionnement des industries agroalimentaires nationales». Arbitrages politiques à  venir Le jugement négatif sur la PAC est loin d'être celui des JA au niveau national. «On porte un compromis qui fait attention à  toutes les sensibilités agricoles», explique François Thabuis, le président. Celui-ci se dit dubitatif sur les manifestations d'Ile-de-France, préférant conduire «un travail de fond», notamment autour de la loi d'avenir pour l'agriculture. Pour sa part, la FNSEA, à  l'occasion d'un conseil d'administration du 21 novembre, a précisé ses positions sur les sujets en discussion pour l'application de la PAC 2014-2020. Principal sujet, les aides couplées. Celles-ci devraient être plus conséquentes pour les petites productions (30 millions d'euros) et surtout pour les vaches laitières (pour une aide de 40 euros par vache) tandis que le budget pour la PMTVA (prime au maintien des vaches allaitantes) permettrait de conforter le système actuel. Les arbitrages politiques devraient être rendus par le gouvernement lors de la dernière semaine de novembre. Ils concerneront également les plans de modernisation des élevages de même que les aides couplées à  la production de protéines végétales. Priorité du syndicalisme majoritaire: éviter que l'affectation des aides PAC ou françaises ne conduise à  un saupoudrage régionalisé mais qu'elle corresponde à  des impératifs économiques pour soutenir des filières. Pour des raisons économiques. Mais aussi pour des raisons syndicales: l'unité de vue n'est pas si simple à  conserver par les temps qui courent entre associations spécialisées. Il ne faudrait pas rajouter là -dessus une zizanie régionale.
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