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L’artificialisation des terres agricoles reprend de plus belle

Chaque année depuis 2015, entre 50.000 et 60.000 hectares de terres agricoles sont artificialisées, a indiqué le 30 mai la Fédération nationale Safer. Le foncier n’étant pas une ressource renouvelable, un monde durable exige l’arrêt de l’imperméabilisation des territoires, plaident les Safer.

file-Depuis 2015, entre 50.000 et 60.000 hectares par an ont été artificialisés. Cette consommation de terres agricoles est irraisonnée, commente la FNSafer.
Depuis 2015, entre 50.000 et 60.000 hectares par an ont été artificialisés. Cette consommation de terres agricoles est irraisonnée, commente la FNSafer.

Le marché français de l’artificialisation des terres agricoles repart à la hausse depuis 2015, à raison de 50.000 à 60.000 hectares par an, selon la FNSafer, citant les données de Teruti-Lucas, enquête statistique organisée par Agreste, le service statistique du ministère de l’agriculture, sur l’occupation des sols. Le marché de l’artificialisation avait été divisé par deux entre 2007 et 2014. «À ce rythme, 2,2 à 2,6 millions d’hectares auront été artificialisés d’ici 2060, soit 8 à 9% de la SAU française. Un cinquième du potentiel agricole français aura été perdu entre 1960 et 2060», selon la FNSafer.

Le graphique de la FNSafer ne concerne qu’un peu plus de 50% du marché de l’artificialisation, mais son évolution reflète la réalité de la reprise, précise-t-on à la fédération. Le marché de l’urbanisation notifié aux Safer est toujours inférieur à la surface artificialisée fournie par l’enquête Teruti-Lucas dans la mesure où tous les biens artificialisés ne passent pas par le marché. De nombreux propriétaires «artificialisent» par exemple eux-mêmes leur terrain. De plus, de nombreux terrains vendus en vue d’une artificialisation n’ont pas à être notifiés aux Safer.

La consommation de terres doit être mieux réfléchie

Cette consommation de terres agricoles est irraisonnée, a commenté Emmanuel Hyest, président de la FNSafer. Elle n’est pas réfléchie comme elle peut l’être dans d’autres pays de l’UE, et elle n’est d’ailleurs pas tant le fait des grands centres urbanisés, qui sont sensibilisés à l’utilisation de l’espace, que de départements qui ont de la place, comme la Creuse. «On doit reconstruire la ville dans la ville», a-t-il déclaré. Cela ne signifie pas qu’il soit souhaitable de rassembler tous les citadins dans des tours. Paradoxalement, les tours ne font que doubler la densité de population par rapport à l’habitat individuel, parce qu’elles sont entourées de parkings et d’espaces verts.

La densification la plus efficace est celle de l’habitat en maisons de ville ou en architecture haussmannienne, deux modèles qui sont à la fois de densité acceptable et qui comportent des services et une qualité de vie humaine, a-t-il cité. Le modèle consommateur d’espace est surtout celui de la maison individuelle loin de toute vie sociale, entourée d’une pelouse.

Plutôt que concentrer les populations autour des bassins d’emplois, une solution serait de déplacer ceux-ci dans des villes moyennes, comme le font les Suisses, les Allemands, les Italiens du nord ou encore les Autrichiens, a évoqué Emmanuel Hyest en marge de la conférence de presse. Il n’y a pas de fatalité : des entreprises françaises de dimension internationale ont développé l’activité sur leur berceau historique.

La FNSafer demande l’arrêt de l’imperméabilisation des territoires. «Ne l’oublions pas : la vie de chacun d’entre nous dépend des espaces naturels (agricoles, forestiers et autres). Nous protégeons d’ores et déjà les forêts et les espaces de biodiversité remarquable. Nous devons, de même, protéger les sols agricoles, en priorité ceux qui présentent le meilleur potentiel». Alors que la consommation de produits alimentaires s’accroît dans le monde, notamment du fait de la transition nutritionnelle vers les produits carnés pour des milliards d’habitants, et que se développent les utilisations de produits biosourcés, «la surconsommation de terres agricoles est un paradoxe», a souligné Emmanuel Hyest.

La protection des terres agricoles «est indispensable pour s’adapter au réchauffement climatique et réduire le déficit européen de terres agricoles», sachant que l’Europe «importe déjà l’équivalent de 20% de sa surface agricole», a indiqué la FNSafer dans un communiqué de presse.

Compensation écologique vs compensation agricole
La compensation écologique et la compensation agricole sont deux notions différentes. La première est inscrite dans le code de l’environnement par la loi biodiversité de 2016 et permet de compenser les atteintes à la biodiversité (zones humides, forêt, espèces). La seconde est inscrite dans le code rural par la loi d’avenir agricole de 2014. La compensation agricole a été introduite pour compenser les pertes de terres agricoles liées aux aménagements du territoire (autoroute, aéroport, urbanisation…). Peu d’exemples existent sur sa mise en œuvre. Mais le monde agricole est aussi en train d’analyser ce qu’elle implique. «La compensation agricole renchérit une terre pour un acheteur qui voudrait l’artificialiser», indique Emmanuel Hyest, président de la FNSafer. Et d’ajouter : «Ce surcoût sert à financer des projets valorisant l’activité agricole».
 
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