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Le manque de canetons freine la reprise de la production de foie gras

Depuis le 29 mai, les élevages de palmipèdes du bassin de l’Adour ont de nouveau l’autorisation de remettre en place des animaux, sous réserve d’avoir achevé le protocole de nettoyage et désinfection. Mais la reprise de l’activité se heurte à une disponibilité en canetons très limitée. En effet, les accouveurs ont été profondément sinistrés sur le plan économique.

file-Pour couvrir les besoins des éleveurs durant cette phase de redémarrage brutal de la production, les professionnels de l’accouvage estiment qu’il manque entre 150.000 et 200.000 canetons par semaine.
Pour couvrir les besoins des éleveurs durant cette phase de redémarrage brutal de la production, les professionnels de l’accouvage estiment qu’il manque entre 150.000 et 200.000 canetons par semaine.

Après le vide sanitaire de six semaines, les éleveurs de palmipèdes à foie gras des quatre départements touchés par la dernière épizootie d’influenza aviaire H5N8 (Gers, Landes, Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées) sont autorisés à relancer leur activité depuis le lundi 29 mai. Cependant, le redémarrage reste timide. La faute à un manque de canetons.

Les couvoirs du Sud-Ouest, tous sinistrés dans de plus ou moins grandes proportions, ne pourront retrouver leur pleine capacité de production qu’au printemps 2018. Et ceux situés dans les zones indemnes, en Poitou-Charentes ou dans les Pays-de-la-Loire, ne peuvent pas totalement satisfaire la hausse brutale de la demande.

«On estime qu’il manque 150.000 à 200.000 mâles par semaine pour répondre à la demande», indique Christian Lalanne, membre du bureau du Cifog représentant le secteur de l’accouvage (et directeur commercial au sein de l’entreprise Grimaud frères, basée dans le Maine-et-Loire).

Représentant environ 30% de la production avant la crise, les couvoirs du Sud-Ouest ont tous été directement frappés par l’épizootie. Situés pour la plupart dans le département des Landes, ils ont été contraints d’abattre une très grande partie de leurs cheptels. Seuls quelques rares parquets de reproducteurs ont pu être maintenus. Malgré ces difficultés, ces entreprises tiennent à souligner leur volonté d’aller de l’avant et espèrent ne pas être oubliées par les organismes de production. Cependant, elles ne pourront retrouver leur pleine capacité de rendements que dans plusieurs mois.

Des cycles de production longs

En pratique, la production de canetons nécessite une longue phase d’élevage des reproducteurs. «Entre la commande des futurs reproducteurs, leur élevage pendant 23 à 24 semaines, leur acclimatation au bâtiment de ponte, la phase d’insémination puis les cinq semaines d’incubation, il se passe plus de six mois», précise Fernande Hourquebie, du Couvoir de Haute-Chalosse. Basé à Hinx, dans les Landes, cet accouveur devrait être en mesure de fournir ses premiers canetons au mois de juillet, avant de retrouver une production «normale» à l’automne.

Du côté des accouveurs situés dans les zones «indemnes», en Poitou-Charentes ou dans les Pays-de-la-Loire, on déplore aussi des dommages collatéraux. Pour eux, les mesures de lutte contre l’épizootie dans le Sud-Ouest (abattages des foyers, dépeuplement préventif autour, puis vide sanitaire) se sont traduites en cascade par une chute de la demande et, donc, de leur activité. Les volumes commercialisés ont été divisés par deux ce début d’année, impliquant de détruire des œufs et de conserver des cheptels en phase de mue.

«La phase de redémarrage brutale demande maintenant de monter très fort en régime, ce qui n’est pas simple étant donné l’inertie qui caractérise notre modèle de production», note Christian Lalanne. Actuellement, ces seules entreprises ne peuvent pas totalement satisfaire la hausse de la demande.

Quel que soit leur statut, toutes les entreprises doivent surtout gérer les dégâts économiques suscités par cette crise. Certaines doivent donc redémarrer la production de zéro. D’autres s’attachent à retrouver un régime de croisière. Toutes doivent encaisser la baisse voire l’arrêt total de leurs ventes pendant plusieurs mois.

Mises de fonds importantes

Leur premier défi à court terme consiste à passer ce cap extrêmement difficile sur le plan financier. Dans ce métier, ces difficultés sont accrues du fait du cycle de production particulièrement long et de capitaux engagés très élevés. «Certains ne commercialisent plus rien depuis janvier. Or, avant de produire le moindre caneton, on engage des charges pendant plusieurs mois», fait remarquer Christian Lalanne.

Accompagnées par le Cifog, les entreprises de l’accouvage martèlent donc leur besoin urgent d’aides financières (une réunion s’est tenue mercredi avec le ministère de l’agriculture). «Il faut désormais que les choses aillent très vite… On nous dit qu’un premier volet pourrait être débloqué mi-juillet», poursuit le représentant de la profession. Le système d’indemnisation devrait être basé sur les pertes enregistrées au niveau de l’EBE (excédent brut d’exploitation).

Sur le plan des volumes, la filière table sur un retour à la normale au printemps 2018. «Reste à savoir quel sera désormais le rythme normal. On s’apprête à vivre une année 2018 de transition», souffle Christian Lalanne. En effet, les futures règles de production durant la phase d’élevage de prêts à gaver (restriction d’accès aux parcours durant les périodes présentant un risque élevé vis-à-vis des virus influenza aviaire) pourraient redimensionner les besoins.

F. Brethes

 

 

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