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Méthanisation: l’ambition régionale de Nouvelle-Aquitaine

Pour assurer sa montée en puissance, la filière méthanisation doit relever plusieurs défis importants, comme la construction territorialisée des projets mais aussi la concertation et le dialogue avec les populations au sein de ces mêmes territoires.

file-La Journée régionale méthanisation Nouvelle-Aquitaine 2021 s’est tenue le 30 novembre dernier au palais des congrès de Bordeaux. Conférence et table ronde étaient au programme.
La Journée régionale méthanisation Nouvelle-Aquitaine 2021 s’est tenue le 30 novembre dernier au palais des congrès de Bordeaux. Conférence et table ronde étaient au programme.

L’objectif de neutralité carbone affiché par la région Nouvelle-Aquitaine pour 2050 se traduit par une ambition très forte en matière de biogaz. Dit autrement, cet objectif devrait conduire à n’utiliser, d’ici à 2050, que du gaz vert issu de ressources renouvelables. «Actuellement, la Nouvelle-Aquitaine compte plus de 70 méthaniseurs et pour atteindre l’objectif affiché, il nous faut déjà atteindre dès 2030 près de 280 méthaniseurs installés sur les douze départements», a précisé Guillaume Riou, vice président de la Région, lors de la journée consacrée à la méthanisation qui s’est tenue ce 30 novembre à Bordeaux.

Pour autant, le développement de la méthanisation n’est pas toujours simple, entre autres parce qu’elle suscite des craintes et nourrit des controverses alors même que cette filière est porteuse d’externalités positives. Ainsi, la participation aux transitions actées au niveau national fait partie des points qui «motivent les agriculteurs, des jeunes notamment, pour se jeter vers l’avant dans ce genre de projet, a souligné Jean François Delaître, président de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF). Être méthaniseur ne se réduit pas à l’énergie car on s’intéresse à de nombreux autres sujets, comme le changement climatique, le carbone dans les sols ou encore les gaz à effet de serre. Et quand on parle de services au territoire, il va falloir tout mettre sur la table pour connaître l’ensemble des services attendus par chaque territoire».

Partir des besoins et des ressources

Commentant le rapport sénatorial sur la méthanisation, Daniel Salmon, sénateur EELV, a pointé l’intérêt de ce futur développement pour asseoir la souveraineté énergétique des territoires face à la dépendance actuelle aux énergies fossiles. Il a aussi souligné l’importance d’avoir une vision claire vis-à-vis des autres filières pour développer ces projets. De même, il a mentionné l’impact économique de la méthanisation et évoqué la nécessité de construire les projets en partant des besoins et des ressources en biomasse de chaque territoire, sans omettre d’étudier la gestion des déchets issus de cette méthanisaiton. «Il ne faut pas non plus oublier, a-t-il ajouté, de construire ces projets sur des modèles de développement durables en regardant leur intérêt sur le long terme pour les agriculteurs eux-mêmes sans se contenter de voir seulement le court terme».

Dans ce contexte, bâtir des argumentaires sur les bilans carbone et les analyses de cycles de vie (ACV) des différents projets de méthanisation apparaît indispensable pour lever les craintes et les critiques d’autant que «les indicateurs sont très favorables», a souligné Lionel Poitevin, directeur régional de l’Ademe Nouvelle-
Aquitaine.

Dialogue et concertation avec le territoire

Avec 1.000 sites en France, la filière méthanisation commence à être de plus en plus visible et l’opposition aux projets se manifeste plus fortement. «Les porteurs de projets sont de super techniciens, cela ne fait aucun doute, et ils maîtrisent aussi les questions juridiques, a analysé Philippe Boudes, maître de conférences en sociologie à Agrocampus Ouest. Face aux réticences qui s’expriment, l’enjeu n’est pas de convaincre mais de recréer du lien social. Bien souvent, la surprise se situe des deux côtés. Découvrir un projet en est une. Constater une opposition en est aussi. Un projet génère des incertitudes chez les riverains, une perspective de rupture face au quotidien. Il faut aussi le comprendre et faire en sorte que le conflit devienne intégrateur. Pour cela, il faut essayer, même si ce n’est pas toujours facile, de lancer le dialogue le plus tôt possible pour s’ouvrir, écouter». Faire visiter le site et organiser des portes ouvertes sont de bonnes idées à oser mettre en œuvre.

Pour ce qui est des oppositions qui dépassent le niveau local, le sociologue suggère de revenir sur l’ensemble des valeurs portées par le projet de méthanisation qu’il s’agisse de technique, d’environnement, de transition énergétique, d’énergie, voire d’autonomie énergétique, de financement, de construction collective, de mutualisation, de territoire, ou encore, de la nécessité de gérer les effluents d’un système de production agricole. «Comme pour la concertation avec les riverains, à ce niveau de dialogue plus général, il existe aussi des incertitudes, a expliqué le sociologue, comme pour tout type de process, il faut donc essayer de les aborder ensemble dans le but de mieux les analyser. De tels échanges peuvent conduire à intégrer de nouvelles questions dans le projet et aussi contribuer à changer les regards des opposants».

M.-N. Charles

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