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Marchés à  terme : un outil de protection contre la volatilité

Plutôt qu'un outil de régulation économique efficace des marchés, les marchés à  terme de produits agricoles, de plus en plus à  la mode, sont, pour l'agriculteur, une manière de se protéger contre le yoyo accru des cours qui menace son revenu.

file-Le Chicago Mercantile Exchange Group est le premier marché à  terme du monde en volumes d'opérations traitées. © Réussir/H. G.
Le Chicago Mercantile Exchange Group est le premier marché à  terme du monde en volumes d'opérations traitées. © Réussir/H. G.
Des marchés à  terme encadrés sont l'une des solutions avancées par le gouvernement français pour lutter contre la volatilité des prix agricoles. Présidant le G20 pendant un an, la France va la proposer aux grandes puissances. Le blé, le mais, le colza, le cacao ou le café ont déjà  leur marché à  terme et le leader des marchés dérivés en Europe, NYSE Liffe (groupe Euronext), a lancé en octobre dernier un marché à  terme de la poudre de lait écrémé. Cependant ces marchés à  terme n'ont pas pour vocation la régulation économique des marchés agricoles, seule à  même de limiter sensiblement la volatilité générale des cours qui menace le revenu des paysans. Cet outil financier permet plutôt aux agriculteurs ou à  des organismes stockeurs du type coopératifs de se protéger contre des fluctuations trop importantes de prix sur les marchés. « Le marché à  terme ne va en aucun cas empêcher la volatilité des prix mais il va en limiter les impacts ; il est une manière pour l'agriculteur de se couvrir », a affirmé d'emblée Renaud de Kerpoisson, président et fondateur de ODA (Offre et demande agricole, société de conseil en gestion du risque des prix), au cours d'un débat organisé le 23 novembre sur le sujet par l'Association française des journalistes agricoles (AFJA). « Cet outil ne règle pas les problèmes qui relèvent des politiques agricoles » comme l'utilisation de stocks publics, a renchéri Lionel Porte, chef de produits chez NYSE Euronext.  Un outil de sécurisation Sur un marché à  terme s'échangent des papiers appelés « contrats à  terme », par opposition au marché physique où s'échangent des marchandises. Il permet à  l'agriculteur de sécuriser voire d'améliorer son prix de vente dans un contexte de marchés très volatils. Un acteur économique (agriculteur, organisme stockeur, etc.) va vendre virtuellement un lot à  échéance de 18 mois par exemple, sur la valeur du début du contrat pour un règlement en fin de contrat. Si au terme du contrat le prix sur le marché physique a augmenté, le vendeur aura au moins le prix décidé au départ. Il sécurise donc son prix de vente et du coup son revenu. À l'inverse, si la valeur du marché physique a baissé, il dégagera une plus-value. Cet outil financier porte également une information puisqu'il va permettre à  l'agriculteur de disposer à  l'avance d'une idée du prix de vente qu'il pourrait obtenir s'il sème du colza ou du mais. « Un agriculteur investit pour des revenus hypothétiques à  horizon de 6 ou 12 mois ; il va donc par le marché à  terme chercher à  sécuriser ses marges sur les marchés physiques et pour des échéances éloignées, en y transférant sa prise de risque », explique François Hallard, directeur commercial de Champagnes Céréales, groupe coopératif agro-industriel. Couverture et information Mais les produits financiers proposés aux agriculteurs sont complexes et réclament une formation. « Ces outils sont même dangereux par nature, il faut apprendre à  les utiliser », souligne Renaud de Kerpoisson d'ODA. Champagne Céréales dispose d'une offre de formation à  3 niveaux, la formation complète sur deux jours, agréée par les organismes de formation, coûtant 650 euros. ODA, dont la clientèle est composée à  75 % d'agriculteurs et à  25 % d'industriels, propose de son côté une première formation basique agréée sur trois jours à  660 euros environ. Néanmoins, de nombreuses voix dans la profession agricole s'élèvent contre la spéculation qui existe sur les marchés à  terme (voir également l'articleLes marchés à  terme, enfants de la dérégulation économique) et qui amplifierait les fluctuations de prix déjà  existantes sur les marchés physiques. Au premier rang des accusés : des investisseurs financiers ayant peu ou pas de lien avec l'agriculture, dits « non commerciaux », comme les hedge funds. Ils disposent de capacités de prise de position considérables sur ces marchés par rapport aux opérateurs commerciaux traditionnels que sont le producteur vendeur et l'acheteur utilisateur. 
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