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Production laitière : organisons-nous vite et bien !

Dans la perspective de la contractualisation, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) plaide pour la création d'organisations collectives de producteurs puissantes et structurées. Le point avec Hubert Majesté, président de la FDPL des Pyrénées-Atlantiques

file-Pour Hubert Majesté, il faut imaginer une nouvelle organisation laitière qui permette aux producteurs de retrouver des outils pour amortir les fluctuations du marché et qui rééquilibre les relations © Le Sillon
Pour Hubert Majesté, il faut imaginer une nouvelle organisation laitière qui permette aux producteurs de retrouver des outils pour amortir les fluctuations du marché et qui rééquilibre les relations © Le Sillon
En cette fin 2010, quel regard portez-vous sur la situation actuelle et les perspectives à  moyen terme ?
Hubert Majesté Le modèle laitier européen et français, tel que nous en avons hérité à  la suite de la mise en place des quotas laitiers en 1984, est en train de disparaître. Bien qu'imparfait, les producteurs de lait avaient appris à  vivre avec et même à  l'utiliser pour en faire un outil de politique professionnelle. 
À la FNPL, nous regrettons l'abandon de cette ambitieux politique européenne et française pour ne plus retenir à  l'avenir que la voie du libéralisme. Mais, malgré ses oppositions, force est de constater que ces évolutions se mettent aujourd'hui en place, ceci cautionné, voire anticipé par une majorité de pays européens.
Comment comptez-vous réagir ? 
H. M. Notre responsabilité est d'imaginer une nouvelle organisation laitière qui permette aux producteurs de retrouver des outils pour amortir les fluctuations du marché et qui les mette vis-à -vis des autres acteurs de la filière dans un rapport plus équilibré qu'ils ne le seraient individuellement. Nous avons demandé aux pouvoirs publics de donner aux producteurs les moyens de s'organiser dans un cadre privé au sein de la filière. 
L'environnement législatif français et européen évolue rapidement et offre cette possibilité de proposer aujourd'hui, ces nouveaux lieux et outils de réassurance pour les producteurs. Le projet de la FNPL consiste à  établir une nouvelle relation dans la filière, et de rééquilibrer le rapport de force. Il passe donc avant tout par une stratégie de massification de l'offre, via des organisations collectives et économiques des producteurs (OCEP). Pourquoi adhérer à  une telle organisation ? Et est-ce obligatoire ?
H. M. L'adhésion ne peut être qu'un acte volontaire. Par contre pour la FNPL et au regard de ce qui s'est passé dans l'aviculture et le veau de boucherie, si un producteur reste seul face à  une entreprise, le rapport de force est totalement déséquilibré, et surtout sans garantie de pérennité de collecte, ni de capacité de négociation équilibrée des conditions générales de vente du produit. C'est pourquoi, Il faut encourager la mise en oeuvre de contrats dont le contenu est négocié collectivement et limiter au maximum la signature de contrats individuels producteurs/transformateur sans garantie réelle pour les producteurs (car négocié de manière individuelle).
Quelles missions aura à  assumer cette OCEP ?
H. M. L'organisation collective sera mandatée par ses adhérents pour négocier collectivement avec le ou les industriels, les conditions générales de vente du lait de ses adhérents. Cette négociation collective se fait déjà  dans de nombreux groupements.
Mais dans le nouveau contexte de la LMAP, cette négociation devra être mieux formalisée. Les OCEP auraont ainsi à  négocier les conditions générales de vente et de leur renégociation, les conditions de transparence, du suivi qualité qui vont s'appliquer aux producteurs.
Enfin, concernant les compléments de prix et les primes spécifiques, elles négocieront en direct avec leurs entreprises.
Quelles seront les marges de manoeuvre des OCEP - et donc des producteurs - dans ces négociations ?
H. M. La capacité de peser dans la négociation collective dépendra avant tout du degré d'organisation des producteurs. Plus les producteurs seront organisés, plus ils pourront peser dans la négociation tarifaire. Une union de groupements permettrait d'amener un meilleur éclairage technique, juridique, économique aux négociateurs. Cette union sera une instance de concertation des différents groupements.
Mais pour bien négocier, il faut bien connaître ce que l'on propose à  la vente ! C'est pourquoi Il est primordial d'organiser, via l'entité collective des producteurs, la transparence, gràce aux données de connaissance des marchés : en effet, la connaissance des fabrications, des stocks, des volumes produits, ainsi que de la qualité est primordiale pour bien négocier les prix.
Pourquoi vouloir assumer la facturation ?
H. M. La facturation ne doit pas être résumée à  un problème pratique de qui édite la facture du lait livré. Il s'agit de remettre les choses dans l'ordre : dans une relation commerciale, c'est au fournisseur d'établir la facture et non pas au client ! De plus, la reprise de la facturation implique la remontée d'informations constitutives du paiement des livraisons : volumes produits, qualité, etc.
Précisions aussi qu'après la négociation commerciale, la facturation du lait vendu par les producteurs peut être déléguée par les adhérents de l'OCEP à  une structure en prestation de service, y compris à  la laiterie). L'union de groupement pourra, elle aussi, proposer un service de facturation à  destination des OCEP.
Que faire de ces données volume, qualité ?
H. M. La connaissance de ces informations cruciales pour les groupements et leurs adhérents permettra de faire des simulations ou de nouvelles propositions lors des négociations.
L'union des groupements pourra centraliser ces données et aider les représentants des organisations collectives dans leur prise de décisions.
Quoi qu'il en soit, nous considérons que l'équité de traitements constitue un enjeu majeur. Par une mutualisation des risques, l'organisation des producteurs doit assurer un même traitement à  la hausse ou à  la baisse de la gestion des volumes à  l'ensemble des producteurs adhérents.
Que sont les prochaines échéances dans la mise en oeuvre de cette contractualisation ?
H. M. D'après le ministère, les premiers contrats devront être signés pour la prochaine campagne laitière 2011-2012, à  savoir à  compter du 1er avril 2011.
C'est pourquoi la FNPL propose de s'organiser le plus rapidement possible pour être en capacité de négocier efficacement, le plus tôt possible, des contrats de manière collective. En effet, ce qui permet d'établir un rapport de force équilibré dans la négociation, c'est d'abord l'organisation collective des producteurs. Le contrat, lui, n'est que le résultat de cette négociation collective
Propos recueillis par Nathalie Depuy

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