Aller au contenu principal

Les mycotoxines empoisonnent les élevages laitiers

Lors d'une journée sur l'optimisation des ressources fourragères, In Vivo a abordé le problème des mycotoxines en élevages de ruminants.

Les mycotoxines représentent aujourd'hui un réel problème en élevage » souligne Séverine Brunet en charge de la recherche, du développement et du soutien technique des conseillers spécialisés ruminants chez Alicoop. «Ce problème se pose notamment en vaches et chèvres laitières. Le rumen a la capacité de détoxifier certaines mycotoxines mais, chez les animaux à  haut niveau de production ou en début de lactation, la vitesse de transit limite cette possible détoxification» poursuit Séverine Brunet. De plus, il n'est pas toujours évident, pour l'éleveur, de poser l'hypothèse du risque mycotoxines lors de problème sur les animaux. En effet, s'il n'y a pas de mycotoxines sans moisissures, les moisissures meurent alors que les mycotoxines seront toujours présentes dans ou sur le substrat contaminé. Or, en France, les principales mycotoxines retrouvées en élevage ruminant sont des mycotoxines de champs. «L'absence de moisissures sur un fourrage, si le silo a bien été confectionné, ne signifie donc pas absence de mycotoxines. Et, à  l'inverse, la présence de moisissures n'implique pas automatiquement production de mycotoxines. D'où la difficulté d'aborder le sujet» précise Séverine Brunet. Difficile de poser le diagnostic La maîtrise de ce risque est directement liée à  la connaissance des facteurs favorisant le développement de moisissures et la production de mycotoxines. Ils peuvent être classés par domaine. Le premier regroupant les pratiques à  risques liés à  la conduite des cultures et à  l'agronomie (climat, choix de variétés, le non-labour, rotations mais après mais ou après céréales), ainsi qu'à  la récolte (délai avant fermeture du silo, absence de nettoyage des silos). Le second domaine concerne les problèmes rencontrés lors du stockage des aliments ou fourrages (reprise d'humidité, manque de tassement, avancement du front d'attaque). Dernier point, la distribution de la ration (distribution des parties moisies ou des refus aux génisses). En France, la plupart des intoxications des ruminants est due à  l'ingestion de faibles doses de plusieurs mycotoxines pendant de longues périodes. Les cas de mycotoxicoses aiguës sont rares. «La toxicité des mycotoxines et leurs effets sur les ruminants dépendent de la nature et de la dose de toxines ingérées. Il n'y a pas de symptômes spécifiques aux mycotoxines. Il est donc difficile de diagnostiquer une intoxication sur les signes observés ou les manques de performances zootechniques mais, une baisse d'ingestion, de production laitière ou encore de fertilité, sans raison apparente, peut tout de même alerter l'éleveur», note Séverine Brunet. Respect du protocole Aujourd'hui, il existe des analyses complètes de la ration suspecte. Cependant, il faut veiller à  bien respecter le protocole de prélèvement d'un échantillon car «la contamination d'un substrat est hétérogène dans l'espace et le temps, ce qui rend difficile la détection et la quantification de la ou des mycotoxines». Il faut toujours accompagner l'interprétation des résultats, d'un diagnostic complet qui tient compte des pratiques culturales jusqu'aux symptômes des animaux. Il ne suffit pas de comparer les teneurs mesurées aux recommandations européennes. «C'est pourquoi, il est nécessaire de réaliser un diagnostic qui permettra de confirmer la contamination, déterminer les pratiques à  risque et de mettre en place des actions correctives avec les éleveurs. Lors des audits effectués sur le terrain, j'interviens parfois quand l'aliment ou le fourrage contaminé a déjà  été entièrement ingéré, alors que le délai entre la suspicion d'une intoxication et la prise d'échantillons conditionne la détection par analyses». Dans le cas de contamination avérée, il existe des molécules qui sont capables de neutraliser les mycotoxines ingérées mais sans effets sur les signes cliniques ou lésions d'une contamination chronique antérieure au diagnostic. Cyrielle Delisle 1 - Alicoop est une entreprise spécialiste de l'alimentation animale présente sur les régions: Poitou-Charentes, Vendée, Limousin et zones limitrophes. DéfinitionLes mycotoxines sont des métabolites secondaires - invisibles à  l'oeil - produits par certains champignons - moisissures - en réaction à  un stress. Plus de 300 mycotoxines ont été identifiées (rapport Anses). Une trentaine d'entre elles possède des effets toxiques préoccupants. Ce sont des molécules très stables et résistantes à  la température, au pH, aux procédés de fabrication ou de stockage des aliments ou fourrages et aux agents chimiques.
Elles sont généralement classées selon deux catégories: les mycotoxines de champ et les mycotoxines de stockage.
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Le Sillon

Les plus lus

Une exposition qui célèbre les agricultrices

En cette journée internationale des droits des femmes, l'Anefa des Pyrénées-Atlantiques, avec le soutien de la FDSEA 64, a…

Michel Casabonne : « Veut-on toujours de la production laitière dans le Sud-Ouest ? »

Entre MHE, contractualisation et perspectives, le président de la section lait de la FDSEA revient sur l’actualité chargée de…

Nouveau bureau et même ambitions pour les JA 64

Renouvelant leur bureau, les JA entendent poursuivre leur mission : défendre, promouvoir et animer leur territoire tout en…

Dans les allées du Salon, Alain Rousset dévoile la politique agricole de la Région

Le président de Nouvelle-Aquitaine était mercredi au Salon pour la journée régionale. En marge de cette rencontre, l’élu a…

Entre passion et innovation, le salon de Paris reste le reflet d’une agriculture d’excellence

Prises de conscience, actualité, promotion… Le Salon de l’agriculture — qui ferme ses portes ce dimanche — s’est encore révélé…

Les irrigants pointent du doigt la gestion des retenues d’eau

Le Groupement des irrigants, la FDSEA et les JA dénoncent la hausse des tarifs et la répartition des coûts de gestion.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 98€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site du Sillon
Consultez le journal Le Sillon au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal du Sillon