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Le droit de propriété intellectuelle des semences «amené à évoluer»

Face au défi alimentaire et «sous l’influence conjointe de l’évolution des technologies et […] de leur temps de mise en œuvre», «je pense que le certificat d’obtention végétale (COV) sera sans doute amené à évoluer», a déclaré Pierre Pagesse, le président Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS), le 15octobre dernier, lors d’un colloque organisé dans le cadre de l’Exposition universelle de Milan.

file-Pour Pierre Pagesse, président du GNIS, «Tout l’enjeu est de rémunérer l’effort de recherche sans bloquer l’accès aux ressources génétiques. Autrement dit, comment protéger sans confisquer».
Pour Pierre Pagesse, président du GNIS, «Tout l’enjeu est de rémunérer l’effort de recherche sans bloquer l’accès aux ressources génétiques. Autrement dit, comment protéger sans confisquer».

Le président du GNIS a rappelé que le COV est figé depuis 1991, date à laquelle a été reconnue l’«exception de l’agriculteur» au sein de l’Union internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV). Celle-ci autorise les semences de ferme, même protégées, à condition que l’agriculteur verse une rémunération à l’obtenteur.

Protéger sans confisquer

«Le défi de nourrir 9,5 milliards d’habitants en 2050 n’est pas impossible», a-t-il soutenu. Un ensemble de conditions lui parait toutefois nécessaire. Pierre Pagesse a notamment plaidé en faveur «d’une cohabitation intelligente et complémentaire» entre brevet et COV. La règle étant, d’après lui, que le brevet porte uniquement sur une invention, pas une découverte. «Mettre en place une gestion adaptée de la propriété intellectuelle est un sujet essentiel, a-t-il jugé. Tout l’enjeu est de rémunérer l’effort de recherche sans bloquer l’accès aux ressources génétiques. Autrement dit comment protéger sans confisquer».

Persuadé qu’en termes de progression des rendements il reste «une marge de manœuvre considérable» dans le monde, Pierre Pagesse a fixé une autre condition de réussite. Celle d’assurer la diffusion du progrès par la mise en place, dans les pays en développement, des infrastructures et circuits de distribution nécessaires. «Les semences constituent le principal véhicule de l’innovation», a lancé le président du GNIS.

Poursuivre l’amélioration des rendements

Un travail de longue haleine a été mené par la FAO. Pendant près de 4 ans, cette mission a permis de créer «un guide pour la formulation d’une politique semencière nationale» avec l’objectif d’aider les pays en développement à établir des politiques semencières efficaces, en facilitant l’accès aux ressources génétiques des variétés. Reste aussi à permettre l’expression du progrès génétique. «Il faut allier la semence améliorée à un ensemble de pratiques agronomiques appropriées», a poursuivi Pierre Pagesse, en appelant à entretenir, voire améliorer, la fertilité des sols.

Et de rappeler le chemin déjà parcouru: en quarante ans, la production céréalière mondiale a doublé sans variation des surfaces. Plus de la moitié des gains de rendements sont, pour lui, uniquement liés au progrès génétique. Quant à la réduction des volumes d’intrants pour préserver l’environnement, «la seule véritable solution tient au renforcement de la recherche, publique ou privée, sur l’avancée des connaissances pour une meilleure tolérance aux stress biotiques et abiotiques, y compris sur l’optimisation des facteurs de production».

De nouvelles révolutions technologiques

La réponse au défi alimentaire consiste aussi à «faciliter l’accès, pour tous les sélectionneurs, à l’ensemble des technologies de la vie». Le travail de recherche sur les graines pourrait également être une des réponses apportées au changement climatique et ainsi garantir une sécurité alimentaire mondiale. Aujourd’hui, les technologies sont en pleine évolution. Le président du GNIS a cité en vrac le séquençage génomique, la post-génomique, la mise au point de marqueurs, la mutagénèse, la transgénèse. «Toutes les technologies de la vie feront partie demain des outils de l’ensemble des sélectionneurs».

Connu pour son engagement en faveur d’une régulation des marchés agricoles, Pierre Pagesse a par ailleurs enfilé son costume de président du laboratoire d’idées Momagri (Mouvement pour une organisation mondiale de l’agriculture) en réclamant pour les agriculteurs une visibilité en termes de prix et de revenu.

En chiffres

La France est le premier exportateur de semences au monde et le second importateur. Elle occupe la troisième place du marché de la semence dans le monde avec un chiffre d’affaires de 2,8 milliards de dollars en 2012 (12 milliards et 9,95 milliards respectivement pour les États-Unis et la Chine), et prévu à 3,4 milliards pour la période 2014-2015. Dans l’Hexagone, environ 339.000 ha, soit 15% des terres qui y sont consacrées dans l’UE, sont dédiés à la production des graines. Le budget alloué à la recherche et au développement est à hauteur de 13% des investissements, ce qui représente près de 300 millions d’euros. En France, en moyenne 600 variétés sont créées.

 

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