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La filière des canards à foie gras à l’épreuve de l’autre confinement

Pour les éleveurs du Sud-Ouest de palmipèdes, la période est éreintante. Depuis le passage en risque élevé vis-à-vis de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) le 5 novembre, le maintien des animaux à l’intérieur des bâtiments a nécessité de revoir la conduite d’élevage. Entre crainte et optimisme, Nathalie Gourdon et Christian Baros partagent leur ressenti sur la situation. #vidéo

file-Depuis le 5 novembre dernier, les éleveurs des Landes et des Pyrénées-Atlantiques doivent, notamment, claustrer leurs volailles ou leur protéger par des filets, et réduire la dimension des parcours.
Depuis le 5 novembre dernier, les éleveurs des Landes et des Pyrénées-Atlantiques doivent, notamment, claustrer leurs volailles ou leur protéger par des filets, et réduire la dimension des parcours.

Chez Nathalie Gourdon à Malaussanne (Pyrénées-Atlantiques), l’annonce de cette mesure n’a pas été un grand chamboulement. «C’est vrai que depuis bientôt 4 ans et la première influenza aviaire, on sait que le 15 novembre est une date administrative pivot pour le risque du retour du virus. On avait donc tout réorganisé pour que si le risque était de retour, on puisse appliquer le confinement de nos bêtes», confie-t-elle.

Chaque année, elle produit, aux côtés de son mari, trois bandes de 14.000 canards. Pour cela, le couple possède huit bâtiments (six de démarrage et deux de finition) automatisés en chaîne d’alimentation et équipés notamment de filets anti-oiseau et des filets brise-vent.

Retard de croissance

Au premier jour de claustration, le premier changement a été l’alimentation. En effet, Nathalie Gourdon a d’abord rationné ses bêtes avec une formule spéciale confinement. Au niveau de la conduite, refaire la litière quotidiennement avec les bêtes à l’intérieur du bâtiment s’est avéré assez délicat. «Elles étaient effrayées par le bruit de la pailleuse. Aujourd’hui, ça va mieux», confie l’éleveuse.

Malgré ces soins apportés, les résultats ne sont, pour l’heure, pas des plus satisfaisants : sur l’un de ses bâtiments, la croissance de ses canards n’est pas optimale. «On a la chance de pas avoir de mortalité. On pèse toutes les semaines, et là encore, mardi, sur un bâtiment, tous ne sont pas au poids. On ne connaît pas trop la raison de ce retard», constate, dubitative, Nathalie Gourdon. Et d’ajouter. «Nous allons poursuivre nos efforts mais : les canards, normalement c’est dehors.»

Les canards, c’est naturellement dehors !

À Saint-Agnet (Landes), le moral de Christophe Barros n’est pas au beau fixe. «C’est vrai qu’avec ce temps, on voit nos canards à l’intérieur, ça fait mal au cœur. Ce n’est vraiment pas naturel quand on a l’habitude de conduire une production labellisée en plein air», confie l’éleveur, qui produit environ 3 bandes et demie de 4.000 canards par an. Pour lui, la claustration a déstabilisé ses canards. «Dès qu’ils me voient, pourtant j’y passe souvent, ils sont effrayés», confie-t-il.

Malgré un peu de mortalité observée, la croissance de ses bêtes le rassure. «Les canards font leurs poids. Je suis même obligé de rationner.» Même si sur l’aspect visuel, ils ne reflètent pas la pleine forme. «Autant l’emplumement sur le bas est correct mais sur le dessus, il n’est pas joli. Je pense que ce n’est la conséquence de la claustration.»

Des surcoûts pénalisant

L’éleveur ne ménage pourtant pas ses efforts : tous les jours, il paille ses trois bâtiments manuellement. Pour garder les litières les plus sèches possible, l’éleveur rajoute un acidifiant à la ration dans le but d’améliorer le transit. «Une litière humide chauffe et peut brûler le dessous des canards», souligne-il.
Malgré cela, une question taraude son esprit : est-ce que la qualité sera au rendez-vous ? «On travaille pour ça, avec nos labels, et on ne sait pas au final qu’est-ce que ça donnera…», s’inquiète-t-il. Et d’autres craintes subsistent. «À la sortie, il va me manquer du canard car j’ai un peu de mortalité et ils vont me coûter plus cher car j’ai utilisé plus de paille… Il y aura des coûts supplémentaires», conclut Christophe Barros.

B. Ducasse

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