Le lait de jument se cherche un avenir
Jacques Balesta est un ardent défenseur du lait de jument dans les Pyrénées-Atlantiques. D'une niche, cette exploration de la race chevaline pourrait devenir une source de développement économique.
Le lait de jument est une histoire de famille chez les Balesta. Jacques, ici au côté de son fils Raphaël, croit fermement au potentiel économique de la race équine dans les montagnes béarnaises. © Ph. D / Le Sillon
Alors que la majorité des éleveurs des trois vallées béarnaises (Aspe, Ossau, Barétous) cherche à valoriser la viande de leurs poulains, à Aste-Béon, Jacques Balesta, avec son élevage de 32 juments, s'est lancé dans la production de lait sous plusieurs formes : le colostrum (premier lait), le lait de jument proprement dit, le lait de jument fermenté baptisé koumis. Ce dernier, ajouté à du petit lait de brebis ou de chèvre, riche en lactosérum, pourrait recevoir un excellent écho dans les milieux sportifs.
« Une boisson thérapeutique »
« Le koumis est une boisson thérapeutique très prisée chez les peuples nomades d'Asie, plus particulièrement au Kazakhstan, explique Jacques Balesta. En collaboration avec Myriam Gueguen, élève ingénieur agronome de l'école supérieure de Montpellier, nous avons réalisé une étude à son sujet, laquelle a été soumise à des autorités médicales. Les retours sont favorables ».
La principale problématique est inhérente au rendement des juments. « Au sein de mon élevage nous avons comme devise, amour, respect et tolérance. Si on traite trop, on ne respecte pas le poulain ». Car pour traire, il faut le séparer de sa mère. « Après sa naissance, il tète toutes les 20 minutes. Ensuite, cela s'espace. En règle générale, on récupère 2 litres par traite à raison de deux fois par jour. Mais, dans l'absolu, une jument peut produire 24 litres de lait par jour ». On comprendra dès lors que le koumis, certes excellent pour la flore intestinale, a néanmoins un coût : 56 euros les huit fioles de 33 cl. D'où l'idée de le mélanger à du petit lait et de le rendre plus attractif à la consommation. Un concept qui a déjà fait des émules en Suisse via la société Rivella.
« Le lait peut être un levier afin de redonner ses lettres de noblesse à la filière équine de nos vallées », poursuit Jacques Balesta. En effet, malgré ses qualités — elle possède des acides gras polyinsaturés contenant moins de cholestérol — la viande de cheval (son prix est toujours au plus bas) a du mal à attirer le consommateur français ce qui n'est pas le cas en Italie, en Espagne ou en Asie centrale.
Pourtant, selon M. Balesta, qu'il s'agisse de lait ou de viande, la valorisation des produits équins est indispensable à la survie du cheval dans les vallées béarnaises. « Avec sa double dentition, il est particulièrement utile pour la valorisation des terrains escarpés et mange les refus des bovins ou ovins. S'il n'y a plus de chevaux, les montagnes se perdent ». La commune de Gère-Belesten a parfaitement mis en pratique cet intérêt des équins. En effet, elle fait venir, périodiquement, une centaine de chevaux du Pays basque afin d'entretenir ses versants.
La survie du cheval des montagnes
Les conclusions de Myriam Gueguen mettent en exergue quelques points faibles (absence de législation pour le lait de jument, confidentialité du milieu des producteurs, un manque de formation) mais insistent sur les qualités des juments. C'est donc tout un travail qui reste à faire. L'objectif de Jacques Balesta serait de mettre en place une charte de qualité lait de jument des vallées pyrénéennes. Une identité forte qui permettrait de dégager des revenus.
Reste que l'éleveur souhaiterait passer la main. Son fils Régis a pour projet l'achat d'une exploitation de 23 hectares à Lasseube. De quoi créer une ferme pilote où l'on mélangerait le lait de jument avec le petit lait de chèvres des Pyrénées ce qui permettrait de relance cette race en voie d'extinction. Quelques projets similaires ont déjà prix corps notamment dans l'Est de la France.
Philippe Delvallée
« Une boisson thérapeutique »
« Le koumis est une boisson thérapeutique très prisée chez les peuples nomades d'Asie, plus particulièrement au Kazakhstan, explique Jacques Balesta. En collaboration avec Myriam Gueguen, élève ingénieur agronome de l'école supérieure de Montpellier, nous avons réalisé une étude à son sujet, laquelle a été soumise à des autorités médicales. Les retours sont favorables ».
La principale problématique est inhérente au rendement des juments. « Au sein de mon élevage nous avons comme devise, amour, respect et tolérance. Si on traite trop, on ne respecte pas le poulain ». Car pour traire, il faut le séparer de sa mère. « Après sa naissance, il tète toutes les 20 minutes. Ensuite, cela s'espace. En règle générale, on récupère 2 litres par traite à raison de deux fois par jour. Mais, dans l'absolu, une jument peut produire 24 litres de lait par jour ». On comprendra dès lors que le koumis, certes excellent pour la flore intestinale, a néanmoins un coût : 56 euros les huit fioles de 33 cl. D'où l'idée de le mélanger à du petit lait et de le rendre plus attractif à la consommation. Un concept qui a déjà fait des émules en Suisse via la société Rivella.
« Le lait peut être un levier afin de redonner ses lettres de noblesse à la filière équine de nos vallées », poursuit Jacques Balesta. En effet, malgré ses qualités — elle possède des acides gras polyinsaturés contenant moins de cholestérol — la viande de cheval (son prix est toujours au plus bas) a du mal à attirer le consommateur français ce qui n'est pas le cas en Italie, en Espagne ou en Asie centrale.
Pourtant, selon M. Balesta, qu'il s'agisse de lait ou de viande, la valorisation des produits équins est indispensable à la survie du cheval dans les vallées béarnaises. « Avec sa double dentition, il est particulièrement utile pour la valorisation des terrains escarpés et mange les refus des bovins ou ovins. S'il n'y a plus de chevaux, les montagnes se perdent ». La commune de Gère-Belesten a parfaitement mis en pratique cet intérêt des équins. En effet, elle fait venir, périodiquement, une centaine de chevaux du Pays basque afin d'entretenir ses versants.
La survie du cheval des montagnes
Les conclusions de Myriam Gueguen mettent en exergue quelques points faibles (absence de législation pour le lait de jument, confidentialité du milieu des producteurs, un manque de formation) mais insistent sur les qualités des juments. C'est donc tout un travail qui reste à faire. L'objectif de Jacques Balesta serait de mettre en place une charte de qualité lait de jument des vallées pyrénéennes. Une identité forte qui permettrait de dégager des revenus.
Reste que l'éleveur souhaiterait passer la main. Son fils Régis a pour projet l'achat d'une exploitation de 23 hectares à Lasseube. De quoi créer une ferme pilote où l'on mélangerait le lait de jument avec le petit lait de chèvres des Pyrénées ce qui permettrait de relance cette race en voie d'extinction. Quelques projets similaires ont déjà prix corps notamment dans l'Est de la France.
Philippe Delvallée