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La FCO bouleverse les marchés de la viande bovine…

Au Sommet de l’Elevage, Stéphane Le Foll n’a pas répondu aux demandes des éleveurs qui l’attendaient ferme sur la signature de nouveaux protocoles sanitaires avec l’Italie, la Turquie et l’Algérie pour reprendre les courants d’exportation et l’assouplissement des règles de circulation des animaux dans les zones interdites.

file-«Ce premier cas de fièvre catarrhale ovine, je ne l’avais pas anticipé», a reconnu Stéphane Le Foll lors de son déplacement au Sommet de l’élevage.
«Ce premier cas de fièvre catarrhale ovine, je ne l’avais pas anticipé», a reconnu Stéphane Le Foll lors de son déplacement au Sommet de l’élevage.

«Ce premier cas de fièvre catarrhale ovine, je ne l’avais pas anticipé», a reconnu Stéphane Le Foll le 7 octobre lors de son déplacement au Sommet de l’élevage. Visiblement, il n’est pas le seul. Chez les éleveurs, bon nombre n’avaient pas prévu un tel scénario. Ainsi, dans le Massif Central, des bovins sont encore bloqués dans les estives alors que l’automne est arrivé depuis plusieurs semaines. «Techniquement, il y a des gens qui ne sont capables ni de les stocker, ni de les rentrer!», s’exclame un éleveur dans la salle du Sommet. Que faire de ces animaux? Ils devraient déjà être vendus.

L’arrivée de la FCO a bousculé le ministre, les marchés mais aussi et surtout la gestion technique des exploitations. De fait, les éleveurs sont à cran, ce que Stéphane Le Foll a d’ailleurs pu constater lui-même sur le terrain. Il n’a pas eu le temps de finir son discours, dans une petite salle bondée, excentrée et entourée de CRS, avant d’être interpellé par un éleveur: «Mais Monsieur le ministre, nous, ce que l’on veut savoir c’est si le périmètre interdit va sauter!». Dans ce périmètre, tout mouvement d’animaux est impossible, sauf pour aller à l’abattoir. Et les interjections s’enchaînent: «Si on ne peut pas sortir nos animaux, il n’y a pas de questions de prix!», «ça fait déjà quatre semaines que nos animaux sont bloqués!», «on pensait que vous alliez nous dire que l’on enlève la zone interdite», «les gens pleurent ici, Monsieur Le Foll…».

Certificats sanitaires: les négociations n’évoluent pas

Le ministre n’a pas grand-chose dans sa besace pour réconforter les éleveurs. Les protocoles sanitaires avec l’Italie, la Turquie ou l’Algérie n’évoluent pas. «Les discussions avancent, mais ce n’est pas si simple», explique-t-il. L’Italie, grand importateur de bovins français, «joue» politiquement avec la France, selon un membre de la filière. Plus le protocole sanitaire attendra et plus les prix baisseront pour les acheteurs, selon lui. De son côté, la Turquie, bientôt en période électorale, joue avec l’interprétation des certificats sanitaires, «mais on avance» assure Stéphane Le Foll qui annonce aussi un déplacement en Algérie dans les jours à venir. Il se sent dans l’obligation de rappeler que «celui qui achète met des conditions à l’achat…».

Les éleveurs critiquent également la lenteur de l’administration et l’administration renvoie la balle aux éleveurs qui ne veulent pas participer au protocole de surveillance programmée de crainte que leur élevage soit détecté positif. Ce protocole de surveillance a pour but de déterminer l’étendue de la maladie sur tout le territoire. Est-elle simplement cantonnée aux zones réglementées ou bien s’agit-il vraiment d’une épizootie galopante? De cette surveillance programmée, comme le rappelle encore Stéphane Le Foll, va dépendre «la stratégie à mettre en place par la suite». Une stratégie qui va bien entendu influencer les négociations avec les pays importateurs!

Face aux attaques concernant la lenteur des procédures, Stéphane Le Foll précise que des vaccins ont été trouvés rapidement. Il parle maintenant de trois millions de doses alors que quelques semaines plus tôt, il n’y en avait que 1,3 million. «500.000 premières vaccinations ont déjà eu lieu», rappelle-t-il. Les vaccins sont arrivés en premier dans le Cantal, le 25 septembre, avant même la note de la DGAL autorisant la vaccination. «On a fait en un mois ce que d’autres ont fait en un an!», lance Stéphane Le Foll dans la salle, chauffée à bloc. Certes, mais à l’époque en 2008, la FCO était une maladie totalement nouvelle sur le territoire.

Des marchés «en apesanteur»

Selon la FNSEA, près de 150.000 animaux sont bloqués dans les zones réglementées. Philippe Chotteau, directeur du service économie de l’Institut de l’élevage, se veut plus prudent car le zonage évolue chaque semaine. D’après lui, «plus de 80% des exportations de broutards sont originaires des zones réglementées». Et près d’un million est exporté par an, principalement à l’automne.

Sur les marchés, là encore, c’est la pagaille. Les marchés au cadran sont fermés ou ont une activité réduite. «Il n’y a plus trop de cours», confirme Philippe Chotteau. Il utilise les termes de «virtuel» et d’un «marché en apesanteur» pour qualifier la situation. Patrick Benezit, président de la FRSEA Massif Central, prévient qu’il est «essentiel de rouvrir tous les marchés en même temps pour tenir les prix».

La FCO avive les tensions et cristallise les incompréhensions entre deux mondes: celui du «terrain» qui comprend mal le fonctionnement d’une maladie invisible et l’obligation de respecter des décisions qui lui paraissent arbitraires et celui des «bureaux» qui connaît le danger d’une épizootie sur le plan sanitaire et politique. Au Sommet de l’élevage, Stéphane Le Foll a rencontré les délégations étrangères au Club International. Il ne déambulera pas dans les allées d’un Sommet vidé de ses bovins par principe de précaution. Un Sommet un peu mou, trop propre et sans bruit pour sa première journée d’ouverture. Un Sommet sans allées et venues des éleveurs, sans bouses de vache constellant les rings et sans meuglement des veaux. Un Sommet, au fond, sans beaucoup d’âme!

Bientôt une levée des périmètres interdits

Les périmètres interdits mis en place à la suite de la découverte de cas de fièvre catarrhale ovine (FCO) seront levés prochainement annonce une personne proche du ministère de l’agriculture. «C’était la mort programmée des élevages de conserver ces zones», selon lui. À la suite des résultats de la surveillance programmée rendus le 12 octobre (90% des résultats rendus) et de la réunion au ministère de l’agriculture avec l’ensemble des acteurs de la filière bovine, le 13 octobre, il a été choisi de conserver deux zones: une zone indemne et une zone réglementée.

Reste à savoir précisément comment permettre les flux entre les deux zones, sachant que le nombre de vaccins actuellement disponibles est insuffisant pour fluidifier les échanges. Il a été également choisi de réfléchir à la zone réglementée, non pas à l’échelle de la commune mais du département. Ainsi, si une «petite zone» d’un département est en zone réglementée, elle pourrait passer en zone indemne. La signature d’un accord de certificat sanitaire avec l’Italie ne devrait également pas tarder.

La surveillance programmée a pris du retard

D’après Marc-Henri Cassagne, directeur des Groupements de défense sanitaire (GDS France), les résultats de la surveillance programmée ont pris du retard, les éleveurs étant parfois difficilement réceptifs aux demandes de contrôles sur leurs animaux. «Sur le terrain, la pression est forte», confirme Marc-Henri Cassagne. Pour lui, «il s’agit de trouver des solutions pour remettre de l’activité en zone réglementée. Nous ne sommes pas dans le secret des dieux (N.D.L.R.: ministère). Nous sommes tous dans l’urgence. Nous faisons confiance au ministère pour dégager un peu de temps pour réfléchir à l’avenir» de la situation.

Quatre nouveaux départements concernés

L’épizootie de fièvre catarrhale ovine s’est propagée à quatre nouveaux départements en une semaine, portant à neuf le nombre de départements touchés, tous dans le centre de la France, selon un arrêté du ministère de l’Agriculture, publié vendredi au Journal officiel. Des cas de FCO ont été détectés pour la première fois dans le Cantal, l’Indre, la Loire et la Saône-et-Loire, tandis que de nouveaux foyers ont été repérés dans la Nièvre. Dans l’Indre, «un cas a été mis en évidence sur un cheptel tiré au sort pour la campagne de surveillance nationale», dans un élevage de la commune de La Berthenoux, a précisé la préfecture dans un communiqué.

 

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