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La filière porcine française toujours en panne de projet

La Fédération nationale porcine vient de tenir son assemblée générale. Des revendications importantes avancent, sur l’environnement ou l’étiquetage de l’origine, tandis que d’autres patinent, comme la contractualisation, la levée de l’embargo russe ou le fonds d’urgence.

file-La situation porcine connaît une légère embellie mais pour le président Paul Auffray, «on est loin du compte, il faudra un prix plus élevé et sur une période plus longue…».
La situation porcine connaît une légère embellie mais pour le président Paul Auffray, «on est loin du compte, il faudra un prix plus élevé et sur une période plus longue…».

Bien que le cadran de Plérin affiche sensiblement le même prix du porc qu’en juin 2015 — autour de 1,30 euro le kilo — l’ambiance a radicalement changé. Il y a un an, l’assemblée générale de la Fédération nationale porcine (FNP) se tenait à Ploërmel, au cœur du bassin de production porcine, dans une tension extrême — on y entendit un éleveur menacer de mettre le feu à certaines usines et la venue du ministre de l’Agriculture avait été hautement sécurisée.

Le 9 juin dernier, l’assemblée générale de la FNP s’est tenue dans une ambiance plus apaisée et en l’absence du ministre, loin des tensions bretonnes, dans le Doubs, à Morteau, petit bassin de production porcine structuré autour de l’IGP charcutière du même nom.

Symboliquement, cet événement marque la fin d’une année syndicale intense pour l’association spécialisée de la FNSEA et qui a visiblement donné satisfaction aux adhérents, notamment en Bretagne. Dans l’assistance, le président de la FDSEA des Côtes d’Armor, Didier Lucas, a félicité l’action de la FNP en 2015 dont il estime qu’elle «a retrouvé ses lettres de noblesse et a sauvé beaucoup de producteurs l’année dernière».

Satisfaction sur le dossier environnement

Même si les discours restent offensifs et rapportent les difficultés économiques des éleveurs, le ton a changé parmi les représentants de la FNP. Le calme affiché reflète peut-être le renoncement d’une partie des producteurs, les plus fragiles, menacés de fermeture à court ou moyen terme, après une période de combat syndical intense.

Il reflète sûrement la légère amélioration des perspectives économiques, grâce à la récente embellie des importations chinoises et aux premiers signes de baisse de la production porcine européenne. Même si le président de la FNP, Paul Auffray le rappelle: «On est loin du compte, il faudra un prix plus élevé et sur une période plus longue».

Il faut aussi noter que certains dossiers syndicaux importants ont avancé, le dossier environnement en premier lieu. «On est sortis un peu du marasme», constate Gérard Bourcier, en charge du dossier à la FNP. Le syndicat tire notamment «un bilan très positif» de la mise en place, depuis début 2015, du régime d’enregistrement porcin pour les installations classées (ICPE), sur la tranche 450-2.000 animaux équivalents: des délais, pour ces dossiers, réduits de plus de six mois, un coût qui a baissé de 5.000 euros et un nombre de demandes relancé (doublement depuis 2014, sur la tranche concernée). Gérard Bourcier se félicite également des apports de la loi Macron sur les délais des recours des tiers dans les dossiers ICPE, qui ont été réduits d’un an à quatre mois.

Le dossier étiquetage de l’origine des viandes pourrait avancer

Ainsi, sur le projet de Stéphane Le Foll d’une expérimentation de deux ans de l’étiquetage obligatoire de l’origine, imposé aux entreprises françaises, une réponse de Bruxelles était attendue cette semaine. Mais, selon des sources concordantes, le ministère de l’agriculture aurait reçu une lettre de la Commission européenne lui indiquant qu’elle reporte sa décision au 5 juillet.

Par contre, un autre dossier patine. Il permettrait pourtant de donner une seconde bouffée d’air aux producteurs: le fonds d’urgence promis par la grande distribution, à hauteur de 100 millions d’euros (entre 20.000 et 30.000 euros par producteur) bute sur le refus des industriels de servir d’intermédiaire dans le transfert des fonds.

«Nous sommes près du but, mais rien n’y fait et tout est encore bloqué», se désole le président de la FNP. «On discute les points et les virgules, ce n’est pas possible», regrette également le président de la FRSEA Bretagne, Thierry Coué. Le syndicalisme majoritaire ne perd pourtant pas espoir sur ce dossier bloqué depuis plusieurs semaines et refuse de l’enterrer. «Ce fonds doit être mis en place le plus vite possible».

Coté filière, le dossier de la contractualisation tarde également à se concrétiser. Les initiatives, celles d’Intermarché ou d’Auchan, sont restées esseulées. Un projet de contrat élaboré par la Fédération des industriels de la charcuterie (FICT), avec notamment la collaboration de la FNP, a été stoppé depuis que les industriels ont quitté l’interprofession il y a quelques mois. D’autres dossiers n’avancent pas du tout. C’est le cas de la levée des embargos russes.

Être imaginatif pour se démarquer

Un chantier reste toujours ouvert, celui de la valeur ajoutée, qui fut l’objet de la table ronde de l’assemblée générale. La FNP souhaiterait pouvoir mettre du contenu qualitatif derrière le logo Viande de France, mais les producteurs sont toujours à la recherche d’un projet qui puisse leur permettre de se démarquer de leurs concurrents européens, sans pour autant perdre de parts de marchés et diminuer la production nationale. «On nous dit que le porc français doit raconter une histoire, mais on exporte 30% de notre production, et on importe 30%», résume le Breton François Valy.

Le projet est d’autant plus délicat que le porc ne constitue pas un marché, mais une multitude de marchés de pièces: «Quand on fait de la qualité, ce sont uniquement la longe et le jambon qui sont bien payés», remarque François Valy. Le projet de fonds structurel porté par Coop de France et l’UGPVB, qui n’a pas encore été dévoilé, doit aller dans ce sens. «Dans le porc, on a un manque de communication, on ne montre pas assez l’éleveur», propose par ailleurs Michel Biero, gérant des achats Lidl France. À défaut d’être compétitive, la filière porcine française va devoir être imaginative.

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