Les Landes veulent maintenir à flot la production de chêne-liège
Afin de relancer la production locale, un recensement des parcelles favorables au maintien du chêne-liège a été lancé dans les secteurs forestiers landais de Maremne et du Marensin où foisonnent encore aujourd’hui ces arbres à l’écorce si particulière.
Les regards non aguerris ne le remarquent peut-être pas, mais en traversant les territoires du littoral sud des Landes, par endroits, au milieu des pins, on trouve plus de cent chênes-lièges par hectare. «Cette essence est présente ici depuis longtemps. Elle se perpétue par régénération naturelle. Un chêne-liège peut vivre 150 à 200 ans, explique Pierre Teyssier, conseiller forestier de la chambre d’agriculture. On se situe dans le Nord de l’aire naturelle de cette essence, qui comprend surtout la péninsule ibérique. Mais, avec les changements du climat, on pourrait à l’avenir être dans un optimum climatique».
Sensibiliser les propriétaires
Depuis quelques mois, un programme de diversification biologique et économique des pinèdes par le chêne-liège a été lancé. Il est financé par le ministère de l’Agriculture, la chambre d’agriculture et le conseil départemental notamment. Un de ses volets vise à dresser un inventaire de la ressource. «On est dans une phase de recensement des parcelles qui contiennent des arbres pouvant potentiellement être exploités, précise Camille Bonnefont, animatrice chargée de cette mission au sein de la chambre d’agriculture. L’objectif est également de sensibiliser les propriétaires privés des intérêts de cette démarche».
Un repérage des parcelles a été réalisé à partir de photos aériennes. Des prospections sont également menées sur le terrain. Enfin, un courrier a été envoyé à près de six cents propriétaires identifiés. À la suite de quoi, «on essaie de les rencontrer et de visiter les parcelles afin de les classer selon les possibilités d’exploitation», poursuit l’animatrice.
Par le passé, le chêne-liège fut un pilier de l’économie forestière locale. Sa production alimentait en particulier l’industrie de la bouchonnerie qui s’était largement développée, en profitant de la proximité du vignoble bordelais. Au XXe siècle, la filière a subi de plein fouet la concurrence des importations en provenance de la péninsule ibérique. Le gisement de matière première a donc été peu à peu délaissé. Mais il est toujours là, au moins en partie.
Biodiversité et barrière sanitaire
Les enjeux de relance d’une filière gasconne sont nombreux. En 2005, l’association le Liège gascon a été fondée. Elle a été portée par les industriels encore présents avec la volonté de retrouver un approvisionnement local, tandis que la ressource montre des signes de faiblesse au Portugal notamment.
Quant aux propriétaires forestiers, ils peuvent y trouver de multiples intérêts. L’un d’entre eux est d’ordre économique bien sûr. «Dans certains cas, cela peut être un bon moyen de diversifier les revenus. Et même si la valorisation peut paraitre faible aujourd’hui, en particulier pour les lièges de moindre qualité, il faut raisonner sur du long terme, prévient Camille Bonnefont. Et puis la donne pourrait changer si une véritable activité se développe localement».
La logique est également technique, car le chêne-liège peut assurer une meilleure résilience des peuplements de résineux. En constituant une barrière physique pour ralentir la progression des maladies racinaires et en réduisant les attaques d’insectes, il a un effet bénéfique sur les parasites du pin maritime. Facteur de biodiversité, il constitue un gage de gestion durable. Revaloriser le chêne-liège et son exploitation, c’est également préserver une espèce indissociable du patrimoine naturel et culturel des Landes.
F. Brethes
Renseignements auprès de Camille Bonnefont : camille.bonnefont@landes.chambagri.fr ou 07.84.97.78.58 |