Pour Emmanuel Macron, le revenu est «la mère des batailles»
Clauses miroir, assurance récolte, Varenne de l’eau… Le Président de la République a fixé la feuille de route du ministre de l’Agriculture pour les douze prochains mois.
Lors de la dernière séquence du colloque organisé par le Conseil de l’agriculture française sur la souveraineté alimentaire nationale (en savoir plus >>>), Emmanuel Macron a clairement indiqué, dans un enregistrement vidéo, que le «revenu agricole est la mère des batailles» et que sur ce point, la loi Egalim avait permis certaines avancées. Cependant, afin de gommer ses imperfections, le Président de la République a annoncé qu’un nouveau texte législatif, actuellement en préparation, serait voté avant les prochaines négociations commerciales d’octobre 2021.
Concernant l’assurance récolte, Emmanuel Macron a pris le parti du ministre de l’Agriculture qui portait publiquement, notamment depuis le dernier épisode de gel, l’idée d’une «cotisation» basée sur la «solidarité nationale». Le Président de la République a déclaré que «nos agriculteurs ne peuvent pas payer seuls cette assurance» et appelé les ministres de l’Agriculture et de l’Économie à créer «un système totalement neuf» d’assurance récolte, abondé par un financement public.
Une situation bloquée
Sur le dossier des retenues d’eau, «bloqué» à la suite du «drame de Sivens», «j’ai demandé au ministre de mettre à plat tous les projets pour qu’on simplifie les règles et qu’on avance». Précisant la feuille de route pour la conduite du Varenne de l’eau qui doit débuter dans les prochaines semaines, M. Macron a semblé vouloir cibler plus particulièrement les petits projets.
«Le projet de ce Varenne de l’eau va être de regarder tous les blocages que l’on a sur le territoire et de réussir à définir une méthodologie beaucoup plus rapide et faire sortir, en particulier, tous ces petits projets en quelques mois, et pas en 18, 24 et quelques fois plus» a résumé le Chef de l’État. Il a toutefois rappelé qu’ils devraient s’intégrer «dans des projets de territoires» pour la gestion de l’eau (PTGE). Interpellé sur les produits phytosanitaires, Emmanuel Macron a assuré qu’il fallait être «pragmatique» et qu’il ne «laisserait pas les agriculteurs sans solutions».
Enfin, le Président s’est montré favorable à l’imposition de «clauses miroirs» dans la politique commerciale européenne. Parce que préserver le revenu passe aussi par la «lutte contre la concurrence déloyale, au sein et en dehors de l’Europe», a indiqué Emmanuel Macron. «Il faut pouvoir refléter nos contraintes avec les gens avec qui on commerce (…) Notre intérêt, c’est l’ouverture parce que nous produisons pour nous nourrir, nourrir nos voisins, notre proximité, mais aussi pour exporter. Simplement, non à la concurrence déloyale. Et là, il faut être très ferme», a-t-il ajouté.
En effet, dans le cadre de la révision de la politique commerciale entamée depuis quelques mois par l’Union européenne, la France souhaite la fixation pour les denrées importées de normes de production (environnementales ou sociales) équivalentes à celles pratiquées dans l’UE, y compris dans les cas où ces normes n’auraient de bénéfice que dans le pays où les denrées sont produites (par exemple, l’interdiction de pesticides non détectables dans les denrées mais néfaste pour la biodiversité).
«Nous devons avoir des échanges commerciaux avec des gens qui font les mêmes efforts», a expliqué Emmanuel Macron. Et d’insister : «Pas de négociation commerciale avec les pays qui ne respectent pas l’Accord de Paris, mais nous défendons aussi la clause miroir, c’est-à-dire le fait de pouvoir refléter nos contraintes avec les gens avec qui nous échangeons».