Aller au contenu principal

Phytos : les zones d’ombre des nouveaux textes sur les ZNT

Le ministère de l’Agriculture a mis en consultation le 21 décembre deux textes réglementaires sur les zones de non-traitement (ZNT) en matière de phytos, en répondant a minima à la décision du Conseil d’État. Les distances seront bien étendues aux travailleurs, mais les modes d’information des riverains sont renvoyés aux chartes. Quant aux restrictions sur les produits classés CMR2, elles attendront l’automne 2022, tout comme les éventuelles indemnisations d’agriculteurs.

file-Les distances seront étendues aux lieux «accueillant des travailleurs présents de façon régulière à proximité de ces traitements.»
Les distances seront étendues aux lieux «accueillant des travailleurs présents de façon régulière à proximité de ces traitements.»

La réponse du ministère de l’Agriculture à la décision du Conseil d’État de juillet 2021 sur les zones de non-traitement (ZNT) était très attendue. Mais les textes réglementaires soumis à consultation publique depuis ce 21 décembre soulèvent finalement plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. Comme les Sages le demandaient, le nouvel arrêté prévoit que les distances de traitement seront étendues aux lieux «accueillant des travailleurs présents de façon régulière à proximité de ces traitements.»

Cette disposition, assure l’entourage de Julien Denormandie, s’appliquera de manière pragmatique. Elle se basera sur les définitions européennes et devrait exclure certaines zones peu fréquentées, comme les camps militaires. Pour le reste, anticipe Christian Durlin, vice-président de la FNSEA en charge du dossier, «l’interprétation de proximité sera discutée dans chaque département.»

Discussion sur les chartes

La discussion aura lieu dans le cadre des chartes, dont le nouveau décret en consultation maintient le principe. Mais en réponse aux demandes du Conseil d’État, la profession disposera de 6 mois après la parution des textes au Journal officiel pour réviser ces documents et les faire approuver par les préfets. Principale nouveauté : les chartes devront obligatoirement prévoir «des modalités d’information des résidents et des personnes présentes», une mesure jusque-là optionnelle.

Alors que les ONG auraient souhaité des dispositifs d’information individuels ou en open source, la nature des modalités d’information reste ouverte. Elle devrait être précisée par une circulaire dans les prochains mois. Les préfets, déplore Générations Futures dans un communiqué, risquent de se trouver «sous pression des organismes agricoles», et pourraient accepter «une information a minima.» Comme le confie Christian Durlin, la FNSEA suggère de son côté de valoriser les Bulletins de santé du végétal pour communiquer sur des probabilités de traitement, ou de développer des systèmes d’affichage dans les parcelles.

Après les présidentielles

Aucune mention en revanche dans les nouveaux textes des produits suspectés d’être cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR2). S’appuyant sur l’Anses, le Conseil d’État avait pourtant explicitement demandé au gouvernement de réviser des distances «manifestement insuffisantes.»

Selon nos informations, le ministère devrait simplement demander à l’Anses d’accélérer la révision des autorisations de mise sur le marché (AMM) de ces produits. Après le 1er octobre 2022, tous les produits CMR2 qui n’auront pas été réexaminés par l’agence pour des distances spécifiques pourraient alors voir leurs zones de non-traitement fixées à 10 m.

Pour Génération Futures, cette réponse montre que le gouvernement cherche tout simplement «à instrumentaliser l’agence sanitaire.» Et le syndicalisme majoritaire lui-même doute que quelques mois supplémentaires suffisent à achever le travail, alors que seule une dizaine de produits CMR2 sur les 300 existants ont pour l’heure été réévalués par l’Anses. La Rue de Varenne, consciente des embouteillages sur les bureaux de l’agence, envisagerait cependant déjà de renforcer ses moyens.

C’est également à l’automne prochain que pourrait être envisagée, notamment pour les situations d’impasses techniques sur les CMR2, la compensation demandée de longue date par le syndicalisme majoritaire. «Beaucoup de choses vont se passer d’ici là, et nous demandions la compensation dès le premier mètre», s’agace Christian Durlin.

Ivan Logvenoff

Accèder à la consultation publique >>>
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Le Sillon

Les plus lus

La vallée d’Ossau fait sa foire à Gère-Bélesten

Ce week-end pascal, c’est le retour de la foire agricole de la vallée d’Ossau. L’occasion de passer une belle journée en…

Une rencontre autour de l’élevage bovin landais, à Orist

La FDSEA propose ce rendez-vous afin de mettre en relief les plus-values qu’apporte cette filière malmenée sur le territoire,…

L’ALMA craint une recrudescence de la MHE

Après une pause hivernale, l’arrivée de températures plus clémentes fait craindre une reprise virale aux responsables de l’…

Camille, la pareuse d’onglons qui kiffe son métier

Équipée de son sécateur et de sa cage de retournement, la jeune fille est prête à aller entretenir les onglons des brebis et…

Jean-François Fruttero est le nouveau président de la caisse centrale de la MSA

Le viticulteur de Dordogne succède à Pascal Cormery à la tête de l’organisme, avec la volonté de conserver un régime de…

Pierre Lauga, volailler, traiteur, éleveur et passionné

L’étal est ouvert du mardi au dimanche aux halles de Pau (64). Entre préparation,
cuisine et commercialisation, le traiteur…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 98€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site du Sillon
Consultez le journal Le Sillon au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal du Sillon