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Volatilité des matières premières : accord distribution/production

Une clause de rendez-vous entre tous les maillons des filières animales. C'est ce qui ressort de l'accord volontaire pour une meilleure répercussion de la volatilité des cours des matières premières dans les filières animales françaises (bovin viande, porc et volailles), signé le 3 mai par l'ensemble de leurs maillons (production, coopération, industriels et distributeurs), sous l'égide du ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire.

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Le droit de la concurrence de l'Union européenne n'autorise pas davantage à  l'heure actuelle. Seule la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) a refusé de parapher cet accord qui engage les différentes parties à  prendre en compte les variations excessives des prix de l'alimentation animale dans les négociations commerciales. Après d'àpres discussions, elles se sont engagées à  se revoir pour négocier ou renégocier les prix si deux conditions sont simultanément réunies : une forte variation des prix de l'alimentation animale et une évolution excessive de la part du coût de l'alimentation dans le prix du produit au stade de la production. Un impact décisif sur les coûts L'alimentation animale pèse 40 à  60 % (voire 80 % dans le secteur avicole) du coût de production final des éleveurs. Ils souffrent aujourd'hui de graves difficultés économiques en raison, entre autres, de la flambée des cours céréaliers depuis fin 2010. L'impact est donc décisif sur leur revenu ; « si rien n'est fait, ce sont des centaines voire des milliers de producteurs que l'on condamne à  la faillite », a déclaré Bruno Le Maire. Le ministre explique aussi que l'accord vise à  « préserver l'intérêt des consommateurs », qui « risquent une hausse du coût de leur alimentation » si la volatilité n'est pas contrée. Pas de variation automatique Mais cette clause de rendez-vous ne préjuge pas d'une répercussion automatique à  la hausse ou à  la baisse de l'évolution du coût de l'alimentation animale dans les prix des produits mis en rayons par Auchan, Leclerc ou Système U Les parties devront encore se mettre d'accord. « La révision des prix est tout de même l'objectif recherché », insiste Bruno Le Maire, et « il faut en finir avec la logique de confrontation qui n'apportera aucune solution aux filières agroalimentaires françaises », selon lui. Mais de souligner également : « Il ne faut pas exagérer la portée de cet accord qui permet surtout plus de réactivité par rapport à  la formation des prix » et « un dialogue ». Un cadre réglementaire et non volontaire aurait été qualifié d'« entente » par la Commission européenne. Quant au refus de signer des industriels charcutiers traiteurs, on espère rue de Varenne que cela ne sera « qu'une question de temps ». Un bilan en fin d'année Les deux conditions à  la renégociation des prix sont constatées par des indicateurs élaborés par l'Observatoire de la formation des prix et des marges et publiés par le ministère de l'Agriculture. L'ensemble des signataires se retrouveront fin 2011 pour dresser le bilan de sa mise en oeuvre « et en tireront les conséquences pour sa reconduction », indique l'accord. Bruno Le Maire envisage d'étendre ce type d'accord à  d'autres produits alimentaires si l'expérience fonctionne. Enfin, l'accord ne sera effectif qu'en cas d'avis favorable de l'Autorité de la concurrence sur son contenu et de mise en oeuvre au 1er juillet 2011 des contrats inter-filières prévus entre producteurs de grandes cultures, organismes stockeurs, fabricants d'aliments et éleveurs. Les regrets de la FNSEA Xavier Beulin, le président de la FNSEA, souligne que l'accord instaure « une nouvelle ère dans les négociations commerciales qui, j'espère, reposera sur une plus grande transparence dans les filières et une confiance renouvelée entre producteurs, industriels et distributeurs ». Dans un courrier adressé le 3 mai aux présidents des FDSEA, des FRSEA et des associations spécialisées, Xavier Beulin explique au réseau FNSEA que cet accord n'instaure « pas – comme nous l'aurions souhaité – () un dispositif d'indexation automatique des prix ». Mais il constitue « une première étape » et présente, « sans naiveté aucune », des « avancées significatives » : son « application immédiate », la publication d'indicateurs par les pouvoirs publics en vue de renégociations et le constat que la LME et sa mise en oeuvre « ne permettent pas de régler les questions essentielles » en vue d'« une nouvelle relation contractuelle ». La FNSEA se félicite aussi de l'engagement pris par la grande distribution sur la réouverture des négociations « lorsqu'on sort du tunnel de prix ». Philippe Mangin évoque de son côté « une avancée dans les négociations commerciales ». Le président de Coop de France retient surtout qu'on pourra désormais négocier « avec un indice incontesté et incontestable ». Les subtilités de langage d'E. Leclerc La FNICGV (Fédération nationale de l'Industrie et du Commerce en Gros des Viandes) se félicite d'« un accord novateur » et d'« une réelle avancée dans la prise en compte de la volatilité des prix des matières premières et de ses conséquences sur () le revenu des éleveurs ». Enfin, du côté de la grande distribution, Michel-Edouard Leclerc, patron de l'enseigne du même nom, juge que l'accord assouplit « une négociation tarifaire très rigide », en permettant de « renégocier les tarifs » durant l'année. Il insiste aussi sur un accord « signé et profitable d'abord pour les producteurs » et « sans grand impact pour les consommateurs ». Une répercussion du coût de l'aliment sans impact sur les prix en rayons ? « J'en fais mon affaire », répond-il. M. Leclerc aurait-il plus d'un tour dans ses marges ?
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