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Explosion de colère des éleveurs

Dans la nuit de mercredi à jeudi, une centaine d’éleveurs a mené des actions coup-de-poing dans les grandes surfaces de Pau, Orthez et Bayonne. Deux laiteries étaient également visées. Ils réclament des revalorisations immédiates du prix de la viande et du lait. La semaine dernière, les responsables FDSEA et JA des Landes bloquaient les grilles de la préfecture. La campagne gronde…

Malgré les promesses, les tables rondes et les annonces ministérielles, la situation de l’élevage français n’a guère évolué ces derniers jours. La crise — qui touche la quasi-totalité des productions animales — étrangle les producteurs. Ces derniers ont donc décidé de montrer les dents. Dans la nuit de mercredi à jeudi, une centaine d’éleveurs des Pyrénées-Atlantiques a conduit des actions coup-de-poing dans les grandes surfaces de l’agglomération paloise, dans le secteur d’Orthez et à Bayonne, ainsi que devant deux laiteries. Avec un seul objectif: obtenir une revalorisation immédiate des prix de la viande et du lait.

À Pau, deux groupes d’une quarantaine d’éleveurs chacun ont déversé plusieurs tonnes de fumiers, pneus usagés et divers déchets devant les entrées de Carrefour et d’Auchan. Cette dernière grande surface a subi une action particulièrement gratinée. Après avoir été entièrement recouverts d’une première couche de fumier, les deux entrées et tous les garages à Caddies® ont été, ensuite, arrosés d’une deuxième couche de lisier de canard, obligeant la grande surface à un fastidieux nettoyage avant de pouvoir rouvrir ses portes. Quant au groupe opérant à Lescar, après avoir réalisé une opération similaire sur Carrefour, il a poursuivi son action devant les laiteries de 3A de Lons et des Chaumes à Jurançon. L’accès aux deux sites industriels a été bloqué par des Caddies® et du lisier.

Le ton monte à Orthez

Dans le secteur d’Orthez, une cinquantaine d’éleveurs s’était donné rendez-vous sur le parking de la coopérative Maïsadour pour coordonner son action. Trois groupes sont constitués et prennent la route avec quatre cibles dans le viseur: Intermarché, Aldi, Leader Price et Leclerc. Sur ce dernier site, les agriculteurs étaient attendus de pied ferme par la direction du magasin, épaulée d’une société de gardiennage. Le ton monte rapidement entre les éleveurs et le directeur, qui tente de bloquer le passage. En vain.

Les manifestants sont extrêmement déterminés. Ils forcent l’entrée et déversent fumier et paille à l’entrée de la grande surface. Les échanges avec le directeur du Leclerc sont très virulents. «Demain, je vais me lever et travailler pour rien, lâche un des producteurs. Ce soir vous avez de la chance, on n’a rien cassé. Mais dites-vous bien que ce n’est qu’un premier avertissement!»

À Bayonne, enfin, une trentaine d’éleveurs a ciblé deux grandes surfaces, avec le même mode opératoire qu’à Pau et Orthez: Intermarché et Leclerc.

Une hécatombe désespérante

Le lendemain de cette action, le président de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques, Bernard Layre, a tenu à apporter son soutien aux éleveurs. «Nos producteurs tombent les uns après les autres, lâche-t-il. J’observe une mauvaise foi du côté des distributeurs qui acceptent d’augmenter de 5 centimes le prix de la viande, mais dans le même temps déclassent les carcasses pour ne pas rogner leur marge…». Rappelant qu’un éleveur génère sept emplois, il observe qu’en 15 ans, la production laitière des Pyrénées-Atlantiques a perdu 80 millions de litres. Et qu’en porc, les éleveurs en place ne peuvent plus tenir les volumes. «La vitrine de notre département s’effrite».

Même discours chez le président des JA, Jean-Marc Couturejuzon. «Je comprends et je soutiens ces éleveurs. C’est un geste désespéré». Et de pointer du doigt les effets de cette crise, combinés aux contraintes administratives et aux baisses des aides à l’installation, estimées entre 3.000 et 6.000 euros: «Sur notre département, nous aurons du mal à franchir le cap des cent installations».

Dans les Landes, les responsables de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs, ont conduit une action syndicale: ils ont cadenassé les entrées de la DDTM, jeudi 2 juillet, en milieu d’après-midi. Une manière symbolique de dénoncer l’attitude de l’administration vis-à-vis de plusieurs dossiers. Auprès de Thierry Vigneron, DDTM des Landes, le président Christophe Barrailh a pointé du doigt les entraves rencontrées au niveau des projets de défrichement ou de création de ressources en eau. Son ton vif a laissé transpirer l’exaspération mais aussi la colère d’une profession à bout de nerfs…

Y. Allonge, B. Lalanne et F. Brèthes

Portfolio - Nuit de colère en images

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