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Luc Vermeulen, nouveau président des CUMA «ne craint pas les services de location sur Internet»

Originaire du Cambrésis dans le Nord, Luc Vermeulen, 50 ans, a baigné jeune dans le monde de la coopération et de l’entraide. Il a été élu président de la FNCUMA le 24 mai dernier et prend ainsi pour trois ans la suite de Stéphane Gérard. Parmi les objectifs du nouveau président, la présence des CUMA dans l’économie collaborative.

file-Luc Vermeulen est le nouveau président de la FNCUMA.
Luc Vermeulen est le nouveau président de la FNCUMA.

Quels sont les objectifs de votre mandat?
Luc Vermeulen - Le premier objectif sera de renforcer l’action des CUMA. Dans ce contexte de crise, elles ont un rôle de levier à jouer dans la diminution des charges des exploitations. Le second sera de renforcer l’organisation du travail autour des outils agricoles et enfin de développer le réseau en tant que tel. Suite à la loi NOtre (N.D.L.R.: sur la réforme territoriale), nous devions nous mettre en ligne avec la nouvelle organisation à treize régions.

C’est chose faite, nous avons aujourd’hui dix fédérations régionales et interrégionales. Cela va nous permettre de dialoguer avec les conseils régionaux, mais aussi de monter en compétence. Nous voulons également être présents sur l’économie collaborative, avec la nécessité de la conjuguer avec nos valeurs. Il n’y a pas d’investissement à venir mais une volonté forte affichée.

Les CUMA sont-elles menacées par le développement des services de location de machines agricoles en ligne comme Wefarmup en France ou Machinery Link aux États-Unis?
L. V. - Je ne les vois pas vraiment comme des concurrents. La mutualisation est une chose, mais l’efficience de la mutualisation en est une autre, qui passe par de l’organisation du travail. Nous avons des atouts à faire valoir et nous ne devons pas avoir peur des services locatifs en ligne. Mais nous devons être en veille, car le numérique n’est qu’à ses balbutiements en agriculture. Et je pense sincèrement que nous aurions beaucoup à perdre si nous n’y prêtions pas attention.

Les entreprises de travaux agricoles (ETA) proposent aujourd’hui de la gestion de A à Z d’exploitations, notamment en grandes cultures. Les CUMA en sont-elles capables? Est-ce une piste de développement pour votre réseau?
L. V. - La délégation complète de certains travaux aux CUMA est un gros enjeu pour notre réseau. De plus en plus de CUMA se dirigent vers ce type de prestations complètes, car plus le matériel se complexifie, plus les besoins de connaissances sont forts. Et vu la rapidité de certains travaux, et le temps qu’il faut pour un agriculteur pour appréhender le fonctionnement du matériel, la délégation de travaux se développe.

Cela renvoie, chez nous, au développement de l’emploi partagé, à l’étude des complémentarités entre exploitations, dont certaines sont moins spécialisées que d’autres. La gestion complète, de A à Z, inclut la gestion des intrants, pour laquelle notre statut n’est pas adapté. Mais notre travail, c’est aussi de faire émerger des dynamiques collectives qui vont au-delà du statut de CUMA, de nouveaux types de coopératives.

Les CUMA se développent-elles aussi vite que les entreprises de travaux agricoles?
L. V. - L’idée n’est pas d’opposer l’un à l’autre, il y a de la place pour tout le monde. Tous les agriculteurs ne sont pas enclins à utiliser les leviers collectifs. Cela se passe en général très bien sûr les territoires entre les CUMA et les ETA. Sur l’année 2015, il y a eu une augmentation de 20% des investissements dans les CUMA, il y a une vraie dynamique. Le nombre de CUMA diminue, mais moins vite que les exploitations. Le chiffre d’affaires par CUMA progresse, il est de 50.000 euros en moyenne.

Êtes-vous satisfait de la nouvelle façon dont vous êtes soutenus par l’État, non plus via des prêts bonifiés, mais des financements de formations, de créations d’emplois et de constructions de hangars?
L. V. - Le nouveau dispositif, Dina-CUMA, se veut plus efficient, pour accompagner le développement des CUMA et leurs mutations. Elle nous renvoie à l’idée qu’il faut que les CUMA montent en compétence. Ce dispositif sera décliné dans les CUMA à partir du second semestre. Là où il y a de l’accompagnement dans la formation, l’emploi, il y a du développement et de la pérennité. Il faut saisir cette chance.

Propos recueillis par Mathieu Robert

Portrait de Jean-Luc Vermeulen

Après quelques années comme salarié agricole, Luc Vermeulen s’installe en 1988 sur l’exploitation familiale avec un BTAG en poche. Convaincu de la force du collectif, il crée en 1988 la CUMA d’Élincourt. 25 ans plus tard, la force du groupe est toujours intacte: douze adhérents avec une cinquantaine de matériels et 320000euros de chiffre d’affaires.
En 2001, son engagement s’étend à la vie locale et citoyenne: il est élu à la commune d’Élincourt comme 1er adjoint au maire.
En 2003, il met en place une filière de valorisation de déchets verts. Son objectif est de créer des synergies entre agriculture et territoire. C’est ainsi qu’est créée la CUMA de compostage Térésol qui compte près de 70 adhérents.
En 2010, il est élu au conseil d’administration et au bureau de la FNCUMA comme secrétaire général adjoint. Pendant ses six années de mandat, il a notamment contribué à la mise en place du projet politique de la Fédération nationale, à la refonte du journal Entraid’ et à la mise en place de la réforme territoriale.

 

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