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Crise laitière : pas de sortie du tunnel en vue

Les réunions s’enchaînent à Bruxelles sur la question de la crise laitière, mais les débats tournent en rond. Pendant ce temps, le prix du lait payé aux producteurs continue de reculer et la collecte augmente en Europe (+7,2% au premier trimestre) confortée par de bonnes exportations.

file-La collecte continue d’augmenter dans l’UE (+7,2% au cours du premier trimestre, soit une hausse de 2,6 millions de tonnes) avec des hausses particulièrement importantes en Irlande, à Chypre, au Luxembourg, en Belgique et aux Pays-Bas
La collecte continue d’augmenter dans l’UE (+7,2% au cours du premier trimestre, soit une hausse de 2,6 millions de tonnes) avec des hausses particulièrement importantes en Irlande, à Chypre, au Luxembourg, en Belgique et aux Pays-Bas

Auditionné par le Parlement européen le 25 mai en séance plénière, le commissaire à l’agriculture a apporté une seule réelle nouvelle. Le nouveau plafond d’intervention pour les achats publics de poudre de lait écrémé a été atteint le 25 mai.

Bruxelles avait doublé ce plafond le 20 avril de 109.000 à 218.000 tonnes. Au 23 mai, 216.791 tonnes avaient déjà été stockées, principalement par l’Allemagne, la France et la Belgique (près de 40.000 t chacune). Devant les députés des Vingt-sept, Phil Hogan a confirmé que la Commission allait proposer de le faire passer à 350.000 tonnes.

En attendant, Bruxelles devra de nouveau entrer dans un dispositif d’appel d’offres comme elle l’a fait début avril en achetant 27.000 tonnes de poudre. «L’an dernier, l’aide au stockage privé et l’intervention publique ont au total concerné 2,8 millions de tonnes de produits, quand sur la même période, la production de l’UE a augmenté de 3,5 millions de tonnes», a indiqué le commissaire à l’agriculture.

«Une certaine amélioration en vue»

L’intervention doit permettre de soulager le marché en attendant qu’il se rééquilibre. Selon le rapport de l’Observatoire européen du marché laitier, réuni lui aussi le 24 mai à Bruxelles, «une certaine amélioration du marché est perceptible dans un contexte de ralentissement de la production laitière de l’UE à venir dans les prochains mois et avec une demande mondiale qui reste bonne». Toutefois, conclut le rapport, «les fondamentaux du marché n’ont pas vraiment changé, ce qui implique que l’amélioration du rapport offre/demande reste nécessaire».

En effet, les exportations de produits laitiers européens ont augmenté de 13% sur les deux premiers mois de 2016, avec des chiffres particulièrement bons pour le beurre (+17%) et le fromage (+13,4%). Mais dans le même temps, la collecte continue d’augmenter (+7,2% au cours du premier trimestre soit une hausse de 2,6 millions de tonnes) avec des hausses particulièrement importantes en Irlande, à Chypre, au Luxembourg, en Belgique et aux Pays-Bas. Un net ralentissement étant attendu dans les prochains mois, pour 2016, les services de la Commission prévoient que l’augmentation dans l’UE atteindra 1,4%.

L’abolition des quotas hors de cause

Au niveau mondial, la production de lait a, elle aussi, augmenté d’environ 3,9% au cours du premier trimestre, tirée principalement par l’UE: aux États-Unis une hausse de 1,8% est attendue pour 2016, en Nouvelle-Zélande elle devrait reculer de 2% sur la campagne et en Australie de 1 à 2%. Conséquence: les cours baissent toujours. En moyenne, en Europe, les prix payés aux producteurs étaient de 28,4 cts/kg au mois de mars et une nouvelle baisse est attendue pour avril à 27,7 cts/kg, ce qui représente une baisse de 11,5% sur un an.

La marge des producteurs s’est néanmoins stabilisée au cours des six derniers mois grâce au recul des coûts d’alimentation et de l’énergie. «Les producteurs doivent prendre leurs responsabilités face à l’augmentation continue de la production qui, compte tenu des conditions actuelles du marché, n’est tout simplement pas durable», a une nouvelle fois répété Phil Hogan devant les eurodéputés qui, pour beaucoup, ont estimé que la Commission ne faisait pas assez pour améliorer la situation des éleveurs, certains appelant même à un retour au système des quotas.

La crise actuelle dans le secteur du lait «n’est pas liée à l’abolition des quotas laitiers» (N.D.L.R.: le 1er avril 2015), selon le commissaire européen à l’agriculture, mais à la hausse de la production de lait dans plusieurs régions du monde, à une réduction de la demande chinoise et aux effets de l’embargo russe sur les produits agricoles de l’Union européenne.

Pas d’argent frais

La mesure de l’article 222, en vigueur depuis le 13 avril dernier, doit permettre aux organisations de producteurs et aux coopératives de réduire, sur base volontaire, l’offre de lait. Et Bruxelles a autorisé les États membres à accorder 15.000 euros d’aide d’État par producteur si ce dernier s’engage à geler sa production. Depuis, le commissaire européen multiplie, avec peu de résultats pour le moment, les réunions avec les acteurs du marché (COPA-Cogeca, EDA, EMB…).

Ces mêmes opérateurs étaient réunis le 25 mai, à l’invitation de la commission de l’agriculture du Parlement européen, sur une initiative des ministres français et belge. Mais là encore, il est ressorti que, sans dispositif européen harmonisé, personne ne bougerait ou alors sans réel effet. C’est pourquoi de nombreux eurodéputés demandent à Bruxelles de débloquer une nouvelle enveloppe d’aide pour financer ce dispositif. Impossible, répond Phil Hogan, alors que sur le plan de 420 millions d’euros, lancé en septembre, seuls 56% des fonds ont été dépensés par les États membres qui ont jusqu’au 30 juin pour les utiliser.

«Nous sommes déçus de constater ce manque d’engagement», a commenté Phil Hogan, renvoyant la responsabilité aux États membres. «Soyons réalistes lorsque nous parlons d’argent frais!», a-t-il également prévenu, évoquant les besoins importants de l’Union européenne pour gérer la crise des réfugiés. Si argent il faut trouver, il devra donc être puisé dans la réserve de crise – constituée par un prélèvement sur les soutiens directs agricoles. Ce que confirme Phil Hogan: «Avant, j’étais réticent à l’utiliser, mais je suis désormais prêt à examiner cette piste».

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