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Une sixième placette d’équarrissage pour vautours ouverte à Lecumberry

Le programme d’expérimentation des placettes d’équarrissage censées réduire les attaques des vautours se poursuit au grand dam de la profession agricole qui doute de l’efficacité de ce dispositif et craint, qu’à l’inverse, il ne renforce la population du prédateur. Faute de résultats tangibles, la chambre d'agriculture demandera l’instauration d’une régulation.

file-Jean-Pierre Goïty, vice-président de la chambre d’agriculture (à droite), a expliqué à la sous-préfète de Bayonne, Catherine Séguin, la position de la profession agricole: «Si les placettes ne marchent pas, alors nous demanderons une régulation».
Jean-Pierre Goïty, vice-président de la chambre d’agriculture (à droite), a expliqué à la sous-préfète de Bayonne, Catherine Séguin, la position de la profession agricole: «Si les placettes ne marchent pas, alors nous demanderons une régulation».

Le programme de création de placettes d’équarrissage, lancé en 2014 par le comité interdépartemental du suivi des vautours, poursuit son cours. En effet, un nouveau site a été inauguré ce lundi 5 septembre sur les hauteurs de la commune de Lecumberry, au Pays basque.

À ce jour, six placettes sont opérationnelles dans les Pyrénées-Atlantiques: une en vallée d’Ossau, à Aste-Béon, et cinq sur le territoire de la commission syndicale du pays de Cize (une à Lecumberry, une à Mendive, une à Béhorléguy et deux à Estérençuby). Quatre autres projets sont en cours sur ce même territoire (trois à Arnéguy et une à Bussunarits) et une autre devrait voir le jour en Baïgorry.

Une espèce protégée

L’objectif avoué de ce programme est de réduire les attaques des vautours sur les animaux vivants. Ce qui laisse perplexe la profession agricole. «Les placettes, c’est donner à manger aux vautours, peste le président de la section montagne de la FDSEA, Sébastien Uthurriague. Ces projets n’arrangeront rien, bien au contraire, ils vont aider à leur prolifération. Nous sommes farouchement contre».

Une position partagée par le vice-président de la chambre d’agriculture, Jean-Pierre Goïty, même si les propos sont plus nuancés. «Les éleveurs sont agacés par ces attaques, a-t-il indiqué à la sous-préfète de Bayonne, Catherine Séguin, lors de cette inauguration à Lecumberry. La chambre d’agriculture se devait de s’inscrire dans cette phase expérimentale. En fonction des résultats, nous montrerons notre position. Et si cela ne marche pas, alors nous demanderons une régulation de la population de vautours».

La réponse de la sous-préfète au sujet de la régulation ne laisse aucune place à l’ambiguïté. «Le vautour fauve est une espèce protégée depuis 1962 au niveau national et depuis 1979 au niveau international (N.D.L.R.: signature de la convention de Berne). Donc, il bénéficie d’une protection stricte». En d’autres termes, le prélèvement de spécimen est légalement impossible.

Promesses non tenues

Reste que la FDSEA ne lâchera pas le morceau sur cette revendication. «Le loup aussi est une espèce protégée, note Sébastien Uthurriague. Pourtant, des tirs de prélèvement sont autorisés. Nous ne voulons pas l’extermination des vautours, mais une régulation car aujourd’hui il y en a beaucoup trop». Quant aux tirs d’effarouchement, promis en 2014 par l’ancien sous-préfet d’Oloron, Samuel Bouju, l’arrêté est toujours en cours d’instruction dans les couloirs de la préfecture…

Au fil des échanges qu’elle a pu avoir avec les éleveurs durant cette inauguration, Catherine Séguin a réaffirmé, implicitement et explicitement, la position de l’État français dans ce dossier. «Non, le vautour n’est pas devenu un prédateur», a-t-elle tout d’abord répondu à Jean Hegoburu, éleveur qui a été désigné responsable de la placette de Lecumberry. Reconnaissant quelques incidents, la sous-préfète a tout de même bien pris garde de ne jamais prononcer le mot «attaque».

Pas d’indemnisation en vue

Car c’est un des arguments avancés par l’administration, et notamment le ministère de l’écologie, pour ne pas répondre favorablement à une autre revendication de la profession: l’indemnisation des dégâts. «Pour les représentants de l’État, le vautour n’est pas un prédateur qui attaque les troupeaux, se navre Sébastien Uthurriague. Sur ce point, l’administration ne veut rien entendre. Le combat sera long, il ne faudra rien lâcher». Et le président de la section montagne d’inviter les agriculteurs à systématiquement déclarer les dégâts imputables aux vautours. «Il y en a bien plus que les chiffres officiels», assure-t-il.

Pour l’heure, Catherine Séguin souhaite que la profession agricole laisse sa chance à l’expérimentation des placettes. «On va mesurer l’impact de ce dispositif, indique-t-elle. Un bilan annuel sera effectué». Reste que personne n’est en mesure de dire combien de temps durera cette expérimentation…

Y. Allongue

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