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Les bergers remontent au créneau contre la réintroduction d’ours en Béarn

L’annonce d’une réintroduction de deux ourses en Béarn n’en finit pas de déchaîner les passions. Le collectif des éleveurs transhumants du Béarn et de Soule présidé par Olivier Maurin a réaffirmé sa vive opposition.

file-Le débat d’une réintroduction de deux ourses dans les Pyrénées déchaîne à nouveau les passions.
Le débat d’une réintroduction de deux ourses dans les Pyrénées déchaîne à nouveau les passions.

«Vous avez déclaré à Cauterets, il y a deux ans, que vous n’étiez pas favorable à des introductions d’ours dans les secteurs où existe le pastoralisme. Par votre décision pragmatique et courageuse, vous avez réussi à ramener la paix dans les Pyrénées. Au moment où vous devez vous prononcer sur le lâcher de deux ourses slovènes en Béarn, la détermination des éleveurs transhumants des Pyrénées-Atlantiques est entière: nous disons non aux introductions d’ours, nous disons oui au développement rural dans ces montagnes…». Ainsi démarre la lettre ouverte signée par 400 éleveurs transhumants des vallées béarnaises et souletines et adressée à Ségolène Royal.

Le débat d’une réintroduction déchaîne à nouveau les passions. Il faut dire que le résultat du vote du 1er juillet dernier à Toulouse par le comité de massif pyrénéen est on ne peut plus serré. 33 votants: 16 pour, 16 contre, une abstention… Aucune majorité ne s’est donc dégagée. Suffisant pourtant pour les élus du conseil régional de la Nouvelle Aquitaine pour faire pression auprès de l’État pour demander une réintroduction. Mais les gens de terrain, comprenez les bergers transhumants, ne l’entendent pas de cette oreille. Tous ont en effet encore en mémoire la chute dans le vide et la mort de 132 brebis au mois de juillet dernier à Luz-Saint-Sauveur. Ce troupeau se trouvait en estive dans un secteur où se trouvait un ours.

La peur d’un chantage à la subvention

Du reste, les propriétaires ont été indemnisés «au bénéfice du doute», ce qui, pour le collectif des éleveurs transhumants est une preuve majeure de leur bon droit. À l’image du dossier sur la ligne ferroviaire Oloron-Bedous, les discussions vont bon train en Béarn concernant la réintroduction ou non d’un ou plusieurs plantigrades dans le massif.

Ce qui a fait monter d’un cran la motivation des bergers, c’est la progression des pros ours depuis quelque temps. Pour les opposants, le summum a été atteint lorsque quatre maires de la vallée d’Aspe (Accous, Bedous, Borce et Etsaut, se sont prononcés favorablement à la réintroduction).

Le sujet parvient même à semer le doute chez les agriculteurs. Pour Olivier Maurin, président des JA du canton d’Accous, c’est le résultat d’une crainte de perte de subvention. Il l’a rappelé dernièrement lors d’une réunion à Lourdios: «certains cèdent à la panique de perdre des subventions s’ils persistent à refuser la réintroduction de l’ours, mais cette peur est infondée. Ces aides, qui concernent le gardiennage des troupeaux et le pastoralisme, sont accordées par la Région, l’État et l’Europe et sont totalement légitimes. Ce sont deux dossiers totalement différents».

Le collectif reprend également les arguments de la partie adverse pour les contrer un à un. Ainsi, lorsque les pouvoirs publics parlent de mesure de précaution, telles des clôtures, des parcs ou bien encore des rassemblements de troupeaux le soir, les acteurs de terrain répondent qu’elles sont une entrave permanente au déplacement des bêtes sur les estives.

Le soutien de l’Ariège

Autre argument avancé par les pros ours, l’aspect culturel du plantigrade. Là encore, le collectif s’insurge: «Mais ce qui se joue ici, c’est tout simplement l’avenir des villages de montagne. Pour conserver un tissu social, il faut une activité majeure forte. Dans nos villages, cette activité c’est le pastoralisme. Regardez l’Ariège, dans ce département, une trentaine d’ours ont été introduits. Résultat: beaucoup d’estives ont été abandonnées. Les troupeaux transhumants ont vu leur nombre chuter tout comme celui d’installations de jeunes agriculteurs. À cela, il convient d’ajouter la diminution induite du nombre de salariés agricoles, c’est une catastrophe économique».

L’Ariège justement soutient le collectif d’opposition béarnais. Hélène Huez, présidente de la fédération pastorale ariégeoise, réplique à l’argument écologique des partisans de l’ours: «On nous parle de regroupement, mais chez nous certains essaient de le faire sans forcément y parvenir. De plus, en regroupant les bêtes, vous abandonnez certains secteurs de montagne qui se retrouvent envahis par les arbustes».

Les bergers en sont certains, le principal outil écologique naturel, c’est leur troupeau, à condition de le laisser libre de déplacement. Pour les soutenir dans la défense de leurs droits, les membres du collectif peuvent compter sur le soutien actif de la communauté de communes du Barétous, qui a voté, en juin, une motion sur l’incompatibilité de l’ours avec le pastoralisme et sur l’IPHB. L’Institution patrimoniale du Haut-Béarn, présidée par Jean Lassalle, avait en effet, cet été, voté elle aussi une motion contre la réintroduction.

Fabrice Borowczyk

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