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La Région Nouvelle-Aquitaine met plein gaz sur le bioGNV

La première station de gaz naturel véhicule bio (bioGNV) produit à partir d’une unité de méthanisation agricole a été inaugurée par la société Endesa vendredi 10 mai à Saint-Vincent-de-Tyrosse, dans les Landes. Le conseil régional, qui a soutenu financièrement ce projet, souhaite installer à terme vingt stations publiques de remplissage rapide.

file-La première station landaise proposant du bioGNV conçu à partir d’une unité de méthanisation agricole a été installée à Saint-Vincent-de-Tyrosse.
La première station landaise proposant du bioGNV conçu à partir d’une unité de méthanisation agricole a été installée à Saint-Vincent-de-Tyrosse.

Tarif :  1,18€ le kg(1) ! Alors que les prix des carburants s’envolent, ceux affichés par la station Endesa, inaugurée vendredi 10mai à Saint-Vincent-de-Tyrosse (Landes), ont de quoi faire rêver. Mais ici, point de pétrole. C’est du bioGNV (gaz naturel véhicule) qui sort de la pompe. C’est la première station du genre pour Endesa en Nouvelle-Aquitaine, et seulement la deuxième dans la région (l’autre a récemment ouvert ses portes à Cestas, en Gironde).

Le bioGNV a les mêmes propriétés que le gaz naturel mais il est produit par méthanisation de déchets organiques, ce qui en fait une énergie renouvelable. «C’est du gaz vert, entièrement décarboné», a indiqué Thierry Grangetas, directeur régional clients et territoires pour GRDF, le gestionnaire du réseau de distribution, lors de la table ronde organisée en marge de l’inauguration.

Le bioGNV possède des avantages environnementaux indéniables. Par rapport au diesel, il permet une diminution de plus de 80% des émissions de CO2, de 30 à 70% des émissions de NOx (oxydes d’azote), et de 95% des émissions de particules. «Cela en fait un carburant tout particulièrement adapté au transport régional de marchandises et de voyageurs», estime Renaud Lagrave, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine en charge de la mobilité.

Un fort soutien régional

Alors qu’en matière d’alternative au diesel, la réponse est majoritairement électrique, la solution paraît originale. «Le biogaz fait partie du mix énergétique et nous ne nous interdisons rien» plaide Renaud Lagrave. «Beaucoup de transporteurs ont essayé l’électrique mais on se heurte rapidement au problème de l’autonomie, note Thierry Susigan, responsable régional du constructeur Iveco. Avec le GNV en revanche, la capacité des réservoirs de nos véhicules permet de réaliser 500km avec un plein».

«C’est idéal pour du transport régional», confirme Frédéric Peixoto, directeur commercial de la société Peixoto et fils qui a investi dans une quinzaine de camions alimentés au gaz. C’est d’ailleurs grâce à la demande de son entreprise qu’a émergé le projet Endesa de Saint-Vincent-de-Tyrosse. «Plus que le GNV, c’est le BioGNV qui nous plaisait. Rouler plus propre, plus silencieux, le tout grâce à des déchets, c’est génial ! Mais le prix de l’écologie est élevé…»

Les véhicules coûtent en moyenne 30% de plus à l’achat et leur entretien est lui aussi plus cher. Même avec un carburant bon marché, «il faut beaucoup rouler pour rentabiliser le surinvestissement. Il faut faire au moins 120.000km par an pour que ça vaille le coût. Actuellement, la moitié de mon parc ne fait pas assez de kilomètres, mais il faut y croire !»

Un pari sur l’avenir

Le bioGNV vendu dans la station de Saint-Vincent-de-Tyrosse, est produit dans l’unité de méthanisation Certenergie d’Audenge (Gironde). L’infrastructure appartient à Grégoire Leroux, agriculteur dans la commune girondine. Avec deux associés, il est à la tête d’une SAU de 1.000 hectares sur laquelle il produit maïs, haricots, carottes et pommes de terre.

Après un an de travaux et 4,5millions d’euros d’investissements (subventionnés à hauteur de 800.000 euros par la région Nouvelle-Aquitaine), l’unité a été mise en route en juillet dernier et produit l’équivalent de la consommation de 2.000 foyers par an, grâce à la fermentation de déchets organiques.

«Pour ne pas laisser les sols nus durant l’hiver, nous implantons du seigle en interculture, indique l’agriculteur. Nous le semons à la mi-septembre, après la récolte du maïs, et le récoltons à la mi-avril. Nous l’ensilons, comme s’il s’agissait de le donner à des vaches, mais ce sont les cuves de la station qu’il nourrit pour fabriquer du biométhane !»

«Nous produisons 1.100 mégawatts heure par mois.» Grégoire Leroux a obtenu une garantie de rachat de son gaz pendant 15 ans et espère rentabiliser son investissement en 13. En fin de cycle, le digestat (résidu de la méthanisation) est épandu sur ses parcelles pour amender le sol. «Cela revient à la terre pour permettre une meilleure croissance des futures cultures. La boucle est bouclée.»
Cécile Agusti

1. La vente du bioGNV se fait au kilogramme et non au litre comme pour le carburant.

 

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