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Malgré un léger rebond des cours, l’assolement de colza continue sa chute en France

Si les cours du colza retrouvent un peu de couleur en Europe, ils restent à la limite de la rentabilité pour les agriculteurs français. Résultat, les surfaces ensemencées chutent de façon très inquiétante. Pourtant, la demande de tourteaux garantis sans OGM et les débouchés pour le biodiesel auraient dû porter la filière hexagonale.

file-Pour la deuxième année consécutive, les surfaces de colza accusent une chute de 25% en France.
Pour la deuxième année consécutive, les surfaces de colza accusent une chute de 25% en France.

Fait assez inhabituel, les cours du colza en Europe ne suivent pas l’effondrement de ceux du soja aux États-Unis, au plus bas. Actuellement, sur le FOB Moselle, marché physique de colza le plus suivi en Europe, la graine affiche 372 €/t, contre 355 €/t le 20mars, lors de la montée en flèche de la pandémie en France. Les cours se raffermissent aussi sur les marchés à terme, autour de 370 €/t sur les échéances de 2020 et 2021.

Pourtant, les cours du pétrole sont au plus bas, ce qui entraîne, en temps normal, une chute des matières premières agricoles. En revanche, la faiblesse de l’euro face au dollar constitue, évidemment, un soutien pour les exportations. Mais la hausse, toute relative, des cours pourrait bien venir d’ailleurs.

Chute de 25% de la production

En effet, les chiffres des surfaces semées en colza en France ne sont pas bons. Ils affichent une chute de 25% par rapport à la moyenne quinquennale, à un million d’hectares, comme en 2019. De plus, la sécheresse sévit à nouveau en Bourgogne, dans l’Est et dans d’autres régions européennes. Les prévisions de récolte sont donc faibles, au mieux à 3,5millions de tonnes en France si les conditions climatiques sont de la partie.

La filière craint que la chute de production de ces deux dernières années — ce qui soutient un peu les cours actuels — devienne structurelle. Ainsi, rapporte Agreste, la Bourgogne-Franche-Comté a perdu près de la moitié de sa superficie en colza, à 100.000ha contre 200.000ha lors des années normales. En cause, les conditions climatiques qui rendent l’implantation de colza de plus en plus hasardeuse et l’absence de techniques de lutte efficaces contre les ravageurs, non sans lien avec la réduction de l’utilisation de produits phyto.

Pis, lorsqu’une récolte était faible, comme en 2013, les cours montaient en flèche, dépassant les 450 €/t. Or, depuis deux ans, malgré la baisse de la production, les cours flirtent avec les 350 €/t, seuil à la limite de la rentabilité des exploitations. Les producteurs réorientent donc, pour partie, leurs cultures, en soja, pois protéagineux et tournesol, mais surtout en céréales.

La question se pose donc de l’avenir de la filière française des oléoprotéagineux, pourtant potentiellement l’une des plus prometteuses avec les débouchés du biodiesel, de l’huile de colza et de tourteau sans OGM pour l’alimentation animale.

Importations massives

Pour compenser les pertes de production que l’on observe dans toute l’Union européenne, les importations deviennent massives. Ainsi, sur 12 mois à mi-avril, l’Europe a importé 11,2 Mt de graines de soja dont 5,5 Mt provenant des États-Unis, 3,3 Mt du Brésil et 1,6 Mt provenant du Canada, auquel il faut ajouter 2,8 Mt de colza ukrainien et 1,4 Mt de canola canadien. Il faut dire que les cours du soja à Chicago viennent de plonger sous la barre des 310$/t et n’ont pas dépassé les 330$/t au cours des derniers mois.

Cet afflux de soja américain en Europe s’explique, aussi, par la guerre commerciale que continue de se livrer discrètement la Chine et les États-Unis. Le soja ne fait pas partie de l’accord signé en janvier et la Chine achète la totalité de ses besoins en soja — la bagatelle de 89 Mt ! — au Brésil, dont la monnaie ne cesse de se dévaluer. C’est le volume que la Chine achetait auparavant aux États-Unis.

Or, ce ne sont pas avec les accusations de Donald Trump sur la responsabilité de la Chine, dans la pandémie mondiale du coronavirus, qui vont améliorer les relations commerciales. Le contexte est donc particulièrement propice, sur tous les plans — économiques, logistiques, géopolitiques — pour accroître une forte volatilité des cours des oléagineux lors des mois à venir…

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