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Les agriculteurs américains sous perfusion

Aux Etats-Unis, la politique agricole et une partie des 3 000 milliards de dollars débloqués pour relancer l’économie viennent en appui pour maintenir à flot les agriculteurs américains (farmers), en cette période de crise.

file-Cette année, sur les 306 millions de tonnes (Mt) consommées aux États-Unis (pour une production de 374 Mt), 155 Mt sont transformées en bioéthanol.
Cette année, sur les 306 millions de tonnes (Mt) consommées aux États-Unis (pour une production de 374 Mt), 155 Mt sont transformées en bioéthanol.

« Le contre-choc pétrolier provoqué de manière irresponsable par l’Arabie saoudite s’est transformé en un véritable désastre pour les producteurs de pétrole », a indiqué Philippe Chalmin, coordinateur de l’édition 2020 du rapport “Cyclope, les marchés mondiaux”. Il analysait en ces termes l’impact de la crise sanitaire sur les marchés agricoles, le 9 juin dernier. En effet, ce contre-choc durera tant que la production de pétrole ne sera pas encadrée. Or seuil de rentabilité de la production de cet hydrocarbure avoisine 40 $ ! Et à ce niveau, « la production de bioéthanol n’est pas rentable », a-t-il dit.

Cette année, sur les 306 millions de tonnes (Mt) consommées aux États-Unis (pour une production de 374 Mt), 155 Mt sont transformées en bioéthanol. Or les Etats-Unis pourraient finir la prochaine campagne 2020-2021 avec 100 Mt de maïs en stock car la hausse de 50 Mt de la production mondiale est d’abord américaine (45 Mt). Qu’à cela ne tienne, les agriculteurs américains (les “farmers”) sont décidés à planter la plus importante superficie de maïs depuis 2012 ! En effet, comme le département de l'Agriculture des États-Unis (USDA) table sur un prix moyen du maïs à Chicago en spot à 3,6 $/boisseau, le ratio de prix soja/maïs — livraison automne 2020 — de 2,35 reste favorable à la céréale aux dépens du soja, selon Cyclope. Surtout, quels que soient les cours de la céréale, les aides contra-cycliques (ou prix compensateurs) leur garantiront un minimum de chiffre d’affaires et donc de revenus. Et une partie des 3 000 Mds de dollars débloqués par le gouvernement fédéral des Etats-Unis, pour relancer l’économie américaine, viendra en appui pour maintenir à flot les farmers.

Volet agricole du Green Deal

Les producteurs de soja et de maïs font partie des bénéficiaires de cette manne et c’est donc, en toute quiétude, qu’ils décident quel sera alors leur assolement de l’année. En Chine, en Inde, en Russie, les agriculteurs de ces pays comptent sur les politiques agricoles de leur gouvernement pour les protéger des affres conjoncturelles. Mais « dans l’Union européenne, les agriculteurs seront livrés à eux-mêmes », a rapporté Philippe Chalmin, reprenant les insinuations du commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski. En cette période de crise, la Commission européenne n’a pas les moyens financiers pour soutenir, comme aux États-Unis, les agriculteurs européens, aurait expliqué le commissaire. « Et le volet agricole du Green deal est en l’état quasi inexistant », déplore encore Philippe Chalmin.

Cours du maïs toujours bas ?

La crise du coronavirus a rappelé la dimension stratégique de la production de maïs. Le marché de la céréale la plus produite dans le monde est à la fois lié à celui des produits pétroliers et des filières animales. Dès que le confinement est entré en vigueur, le marché du maïs dédié au bioéthanol et la production de cet hydrocarbure ont été divisés par deux entre les mois de février et avril. Pour 2020-2021, la production potentielle de la céréale est estimée à 1 168 Mt, soit 50 Mt de plus que l’an passé. L’Union européenne va produire en maïs ce qu’elle n’a pas pu emblaver en céréales d’hiver. Tout porte à croire que les prix du maïs resteront durablement bas. Les débouchés du maïs américain ne sont pas assurés. Aussi, les États-Unis pourraient finir la prochaine campagne avec 100 Mt de stocks de report de maïs si la production de bioéthanol décline.

Cependant, les agriculteurs ne sont pas à l’abri d’une nouvelle flambée des cours lorsque les stocks de pétrole seront épuisés et surtout, lorsque la baisse des investissements dans le secteur pétrolier et dans le forage de nouveaux puits conduira à une baisse structurelle de l’offre. Un dossier à suivre.

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