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La castration des porcs au cœur des débats du congrès de la FNP

Les débats de l’assemblée générale de la Fédération nationale porcine (FNP) qui s’est tenue le 11 juin à Pau mais également en visioconférence ont tous convergé vers l’arrêt de la castration à vif qui sera appliquée à partir du 1er janvier 2022.

file-L’arrêt de cette castration à vif sera effectif le 1er janvier 2022.
L’arrêt de cette castration à vif sera effectif le 1er janvier 2022.

Le président d’Inaporc, Guillaume Roué, a toujours la décision de l’ancien ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, en travers de la gorge. Ce dernier, avait, fin janvier 2020, demandé l’interdiction de castrer à vif les porcelets mâles. Cette pratique, certes controversée, répond à des contraintes spécifiques notamment pour des raisons économiques et gustatives. Elle permet, notamment, d’obtenir des porcs plus gras, tout en évitant l’odeur nauséabonde de verrat que peut dégager à la cuisson le gras de certains mâles entiers. L’arrêt de cette castration à vif sera donc effectif le 1er janvier 2022.

Les producteurs sont confrontés à trois choix. Première option : castrer les porcelets sous anesthésie locale ou générale, «avec l’obligation de traiter la douleur pendant 24 heures avec un analgésique», a indiqué Patrick Chevillon de l’Institut du porc (IFIP). «Cette tâche reviendra forcément aux éleveurs car il est inenvisageable que les vétérinaires aillent dans tous les élevages réaliser ce type d’opération», a précisé Carole Joliff, secrétaire générale de la FNP.

Deuxième option : passer en mâle entier «avec l’obligation de respecter un cahier des charges, les contrôles à l’abattoir et aussi rassurer les clients», a poursuivi Patrick Chevillon. Enfin, troisième option : l’immunocastration avec l’injection du vaccin Improvac.

Distorsions de concurrence

Quel que soit le choix retenu, se pose la question de savoir qui prendra en charge le surcoût pour l’éleveur. Dans le premier cas, au mieux le coût de l’anesthésiant, des seringues, de l’analgésique etc. et au pire l’investissement dans un appareil spécifique (10.000 euros environ) délivrant du gaz anesthésiant.
«Il faudra aussi que l’on harmonise les autorisations pour accéder aux produits anesthésiants, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui et qui pourrait créer des distorsions de concurrence avec nos voisins européens», a avancé François-Régis Huet, référent bien-être animal à l’Inaporc.

Dans le cas de l’immunocastration, qui se réalise sur des porcs d’environ 90 kg, «il faut penser à créer des aires de contention spécifiques, ce qui génère des coûts supplémentaires», a indiqué Carole Joliff.

En cas d’élevage de porcs entiers, les poids abattus sont plus faibles car ils contiennent moins de gras. «Or la qualité du gras est très importante dans les salaisons sèches», a certifié Patrice Le Foll, directeur général de la filière porcine du Sud-Ouest (FIPSO). «Il y a très souvent des problèmes à affiner les jambons des mâles entiers car les gras ne se tiennent pas. Ils coulent et tendent à rancir» a-t-il ajouté. En plus, dans le cas d’un porc entier, y compris immunocastré, le salaisonnier devra adapter ses recettes et ses étiquettes.

Intégrer le coût de la castration

Si tous s’accordent à vouloir que le surcoût de la castration soit une opération blanche pour l’éleveur, ils reconnaissent aussi qu’il faut maintenir la diversité. «On n’impose rien au marché», a martelé Pierre Moureu, président de l’interprofession porcine Nouvelle-Aquitaine. «On doit répondre à tous les marchés», a renchéri Carole Joliff qui demande à revoir la grille de paiement pour mieux prendre en compte le gras. «La grille mâle entier (ME) et femelle doit rester la référence et il faut différencier le mâle castré (MC) et intégrer le coût de la castration», a tranché François Valy, président de la FNP.

De l’autre côté de la frontière, en Espagne, le spécialiste Miguel Berges assure qu’il n’existe que très peu d’écart «1 ou 2 centimes par kilo» entre le prix du mâle entier (ME) et le mâle castré (MC). Mais il est vrai que l’essentiel de cette production part à l’exportation tandis que les locaux privilégient l’Iberico. Mais à quelques encablures de la patrie du Jambon de Bayonne, «on ne fait pas ce produit sans castrer les porcs», avait insisté quelque temps auparavant, Franck Laborde, président de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques.

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