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La culture du kiwi de l’Adour n’a pas toujours été un long fleuve tranquille

Le kiwi n’a plus de secret pour Olivier Dupuy. Son lien avec le petit fruit ovale est très fort, car c’est avec lui qu’il a démarré son activité d’arboriculteur et les balbutiements de cette liane d’origine chinoise dans le Sud-Ouest ont marqué le début de sa carrière. Mais la culture de l’actinidia dans le bassin de l’Adour a connu quelques chaos… Après des débuts en fanfare, la crise de 1990 a ébranlé la production française.

file-Face à une crise économique d’envergure survenue autour des années 1990, Olivier Dupuy a fait le choix à l’époque d’arracher 5 ha de son verger de kiwis.
Face à une crise économique d’envergure survenue autour des années 1990, Olivier Dupuy a fait le choix à l’époque d’arracher 5 ha de son verger de kiwis.

En 1979, Olivier Dupuy décide de rejoindre son père Bernard sur le verger familial que ce dernier a fondé en 1949 et qui comprend, alors, près de 12 ha de poiriers et de pommiers. Après mûre une réflexion, le jeune Saultois se lance dans la plantation de 7 ha d’Hayward. «À cette période, un vrai engouement est né autour de ce fruit développé localement notamment par le Landais Henri Pedelucq. On avait dans notre région, un climat et un terroir des plus propices à son développement. Sa consommation s’installait et progressait de manière régulière.»

Les enjeux techniques autour de la maîtrise de la conduite de ces vergers kiwicoles n’effrayaient en rien les néoproducteurs. «À l’époque, le kiwi avait vraiment cette image de culture facile qui ne nécessitait rien. Certains disaient qu’ils n’y avaient qu’à le jeter, couper l’arbre et récolter», se souvient-il, le sourire aux lèvres.

En quelques années, une filière française de kiwi va se structurer. Le Bureau national interprofessionnel du kiwi (BIK) verra le jour et, très rapidement, le Saultois prendra part au projet. «On souhaitait professionnaliser cette production, explique-t-il. On se retrouvait, par exemple, chaque année en réunion avec tous les responsables des pays européens producteurs. Dans la foulée, sera créé le SNKF (Syndicat national des kiwiculteurs français) pour défendre cette activité sur les marchés.»

Une crise sans précédent

Alors que les projets de plantations battent leur plein, principalement dans la vallée de l’Adour, mais également dans la région d’Agen, autour des années 1990, une crise sans précédent va mettre un véritable coup d’arrêt à cette dynamique. «De 1990 à 1993, ce fut très compliqué, souffle Olivier Dupuy. On touchait entre 20 et 30 centimes d’euros du kilo.»

Cette crise est causée par le décalage entre la montée en puissance de l’offre et l’évolution modérée de la consommation de l’époque. Trois autres facteurs sont venus se greffer à ce déséquilibre du marché. Tout d’abord, alors que la production européenne était en pleine croissance, les Néo-Zélandais, producteur historique, se sont obstinés à rester présents sur les marchés de l’hémisphère Nord, en même temps que la production locale.

En réponse, les Italiens, premiers producteurs européens devant la Grèce, se sont lancés dans une guerre des prix pour imposer aux Néo-Zélandais un partage du calendrier. La dévaluation de la lire italienne a été un véritable coup de massue pour les producteurs français en les plaçant dans une situation de compétitivité très défavorable. En 1992, les prix ont littéralement dégringolé, passant de 10 francs le kilo à moins d’un franc.

Dans ce contexte, comme d’autres kiwiculteurs du bassin aquitain, Olivier Dupuy fera le choix cornélien d’arracher près de 5 hectares de son verger. «C’était difficile, mais la situation n’était plus viable.» Mais cette décision donnera une vraie impulsion au jeune arboriculteur, déterminé à développer la vente directe. «Pour cela, il fallait avoir une offre qui dure dans le temps et qui répondent à tous les goûts», se souvient-il. Il revoit alors son verger et décide d’implanter des fruits d’été tels que la pêche ou encore l’abricot. «Il fallait que je puisse proposer à ma clientèle des produits toute l’année.»

Malgré ces péripéties, Olivier Dupuy nourrira toujours un faible pour le fruit exotique. «Aujourd’hui, avec le recul, c’est un peu à cause de cette crise que j’ai développé ce volet de la vente directe. Mon seul regret, c’est d’avoir laissé un peu de côté le kiwi…», conclut-il.

B. Ducasse

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