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La laine des Pyrénées se cherche un nouveau souffle

Après avoir fait le bonheur des matelassiers et des bonnetiers, la laine des Pyrénées n’est même plus collectée. Pourtant, ses qualités isolantes et sa haute teneur en azote pourraient lui ouvrir de nouveaux usages, notamment comme fertilisant.

file-Dans les Pyrénées, la laine des troupeaux de brebis n’est plus ramassée et ce sont près de 1.000 tonnes de toisons qui sont perdues.
Dans les Pyrénées, la laine des troupeaux de brebis n’est plus ramassée et ce sont près de 1.000 tonnes de toisons qui sont perdues.

La laine des races ovines pyrénéennes a longtemps eu des usages textiles (couvertures, bérets) et isolant (rembourrage, matelas), mais aujourd’hui, elle ne correspond plus aux standards contemporains. Malgré tout, ces dernières années, elle a continué à se vendre en Afrique du Nord ou en Chine, essentiellement pour la production de tapis, mais aujourd’hui, elle n’est même plus ramassée. Pourtant abondante, avec 1,8 kg/brebis/an, grossière et jarreuse, si la laine des troupeaux pyrénéens est un bel exemple d’adaptation des animaux aux conditions climatiques locales, elle est devenue totalement inadaptée aux usages textiles modernes.

Aujourd’hui, la laine des brebis pyrénéennes n’est plus ramassée et ce sont près de 1.000 tonnes de toisons qui ne trouvent plus preneurs. La recherche de nouvelles valorisations est donc devenue une réelle préoccupation pour les éleveurs des Pyrénées-Atlantiques. Si la piste de l’utilisation comme matériau isolant n’est pas abandonnée, la laine pourrait bien devenir très rapidement un engrais, directement valorisé en ferme ou dans des filières courtes à valeur ajoutée. En effet, son niveau élevé d’azote (mais aussi de soufre) laisse penser qu’elle reste un excellent fertilisant, biologique et recyclable en ferme sans transport. C’est ce que tendrait à démontrer les résultats probants des expérimentations menées ces dernières années par la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques dans le cadre d’un programme transfrontalier Poctefa, baptisé Lanaland, et mené en partenariat avec les chercheurs de la communauté autonome du Pays basque.

Verrou réglementaire

Il y a d’abord l’utilisation en mélange avec du fumier pour produire un compost de qualité. L’essai a été piloté par l’APESA, en associant la commune de Hasparren qui a mis à disposition une dalle bétonnée, des éleveurs de la commune et la CUMA Agri-compost. Avec ou sans laine, entière ou coupée, avec adjonction ou pas de déchets verts, le processus de compostage se déroule bien, avec une montée en température à plus de 70°C. Ce dernier critère est important pour assurer l’hygiénisation du produit et garantir l’absence de germes pathogènes, E. coli en particulier. Néanmoins, il faudra lever le verrou réglementaire, car la laine est classée produit animal et n’est donc pas autorisée pour cet usage.

La granulation d’un engrais sous forme de bouchons constitue la deuxième piste explorée par les chercheurs d’Agro Montpellier. Une voie pas si incongrue que ça, puisqu’on trouve déjà des granulés de laine en jardinerie à des prix qui avoisinent les 10 euros/kg, pour ce produit biologique, riche en azote et en soufre. On a vu aussi la mise en marché d’installations dédiées en Europe centrale pour des unités de broyage-pressage (Ekocraft, Kovonovak) à 150.000 euros. La compression permet une montée en température à près de 100°C, et donc d’hygiénisation du produit, mais avec un contrôle limité des thermorésistants de type clostridies (spores butyriques par exemple). L’homologation par les autorités françaises devra être instruite, en sachant que les autorités allemandes permettent déjà la commercialisation de ces bouchons. Le prix des unités de broyage-séchage (fixes à cette date) le rend plus adapté à des usages collectifs, en coopérative ou en CUMA.

«Le compostage de laine à la ferme ne pose pas de difficulté technique particulière, y compris avec de la laine entière, même si elle n’est pas totalement dégradée au bout de 4 mois» rappelait Jean Beudou, la cheville ouvrière du projet au sein de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques. Avec deux retournements d’andain, on peut donc incorporer, au sein d’un tas de 24 mètres cubes de fumier, 600 kg de laine c’est-à-dire l’équivalent de la tonte de 300 brebis. En l’absence de débouchés, et au prix actuel de l’unité d’azote, cela reste un moindre mal.

Jean-Marc Arranz

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