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Pas de répit contre l'agalactie

L'efficacité des vaccins espagnols contre l'agalactie et les mesures sanitaires qui restent en vigueur étaient au centre des débats de la septième édition des assises de la filière ovine, à  Aicirits.

À l'occasion des septièmes assises de la filière ovine, les différents intervenants dont Véronique Bellemain directrice départementale de la protection des populations, ont insisté sur le nécessaire maintien des mesures sanitaires de lutte contre l'agalactie (isolement notamment). Pour la deuxième fois en trois ans, l'opération, organisée le 11 octobre à  Aicirits par la chambre d'agriculture, a été consacrée à  cette pathologie. Un sujet qui a une résonance toute particulière, après la recrudescence de cas observée au cours des dernières campagnes.
Le département compte actuellement 215 troupeaux touchés par la maladie, principalement dans les cantons du Pays basque intérieur. Toutefois, l'analyse des statistiques fait état d'un ralentissement de la propagation, avec quarante nouveaux cas détectés au cours de la dernière campagne (lire encadré ci-dessous).
La vaccination n'est pas le remède miracle attendu
Même s'il ne semble pas en mesure d'assurer une éradication à  court terme de la maladie, un programme de gestion et de dépistage tente d'en maîtriser l'évolution. Depuis un an, ce programme, élaboré par la cellule départementale*, prévoit notamment le recours à  l'isolement des troupeaux infectés. La chambre d'agriculture, l'interprofession lait de brebis et le centre départemental de l'élevage ovin se sont engagés auprès du groupement de défense sanitaire, dans l'accompagnement des éleveurs pour cette procédure. Des binômes de techniciens ont été établis à  cet effet et à  ce jour, près de 180 éleveurs ont participé à  cette mesure.
Sur ce point précis, l'ensemble des membres de la cellule départementale exhorte les éleveurs à  la plus grande rigueur. « Il existe la règle, mais aussi le bon sens cela doit notamment se faire en bonne relation avec les voisins », juge à  cet égard, Gérard Gracianette, directeur du GDS. Depuis le mois d'août, la cellule départementale a travaillé sur les suites à  donner à  l'avis de l'Anses autorisant la vaccination contre l'agalaxie contagieuse. Invité à  intervenir sur le sujet, Jaquemine Vialard, animatrice du groupe de travail de l'Anses, est d'abord revenue sur les objectifs d'une telle décision. « À la vue de situation épidémiologique, il est plus prudent de dire que nous tàchons, en premier lieu, d'aller vers un assainissement ».
En effet, devant la complexité de cette pathologie, le groupe de travail prône, dans un premier temps, une amélioration des mesures de dépistage et un perfectionnement des connaissances quant à  la propagation de la maladie. Pour l'heure, les moyens de lutte contre l'agalactie s'avèrent limités. Ils n'autorisent qu'une maîtrise de la propagation et une atténuation des conséquences économiques pour les producteurs (chute de la production laitière). La vaccination à  partir de vaccins espagnols va dans ce sens. Cette démarche pourrait permettre de limiter l'expression clinique de la maladie, mais son impact sur la contamination et l'excrétion est limité voire nul. Une analyse confirmée par Xavier Berthelot, de l'école vétérinaire de Toulouse, « les vaccins espagnols ont des autorisations de mise sur le marché qui datent des années soixante-dix. Une époque à  laquelle il ne fallait pas encore prouver l'efficacité on peut être plus que sceptique sur l'efficacité réelle de ces produits ».
Ainsi, la vaccination ne se substituera en aucune façon aux mesures sanitaires actuelles (voir notre édition du 10 septembre). D'autant que les animaux vaccinés vont être considérés de la même manière que des individus infectés et vont être sujets aux mêmes restrictions de mouvement.
En faisant le choix de la prophylaxie collective, les professionnels de la filière et les institutions concernées ont pris le parti d'éradiquer, à  plus ou moins brève échéance, la maladie. « Nous ne voulons pas vivre dans la durée avec l'agalactie », souligne Jean Michel Anxolabéhère, président de la chambre d'agriculture. À la vue de l'état d'avancement des travaux pour la mise au point d'un vaccin de nouvelle génération (lire ci après), il semble que les producteurs vont devoir s'armer de patience. Un constat qui justifie la rigueur à  mettre dans l'application des mesures de lutte actuelles. De plus, dans ce contexte, la question des aides pour les éleveurs subissant des pertes économiques reste posée. *CDEO, chambre d'agriculture, DDPP, ELB, FDSEA, GDS, GTV, Interprofession Fabien Brèthes Dans l'attente d'un vaccin vraiment « efficace »Face au désarroi des producteurs, la création d'un vaccin efficace contre l'agalactie est impatiemment attendue. Les nombreux éleveurs présents à  ces assises de la filière n'ont pas manqué de le rappeler. D'autant que les moyens de lutte actuels ne constituent pas des réponses totales à  leurs problématiques. L'abattage des troupeaux touchés, bien qu'efficace sur le plan technique, se heurte évidemment à  la volonté des producteurs. Qui plus est, cette démarche nécessite de disposer d'un réservoir suffisant d'animaux de races locales pour reconstituer les troupeaux. L'utilisation de traitements antibiotiques se révèle, quant à  elle, peu efficace. « Il existe tout de même un point sur lequel il y a consensus, rappelle Gérard Gracianette, un nouveau cas détecté en zone indemne doit faire l'objet d'un abattage ».
Le point sur les travaux de rechercheDans ce contexte, Dominique Bergonier, expert en agalactie à  l'école nationale vétérinaire de Toulouse (photo ci-contre), dressait un état des lieux de ses travaux. Afin d'améliorer le diagnostic de la maladie, celui-ci a mené une étude au sein de dix troupeaux du département. Ses conclusions démontrent notamment que la majorité des animaux excréteurs ne présentent pas de symptômes et que la durée de leur excrétion est particulièrement variable. « On peut dire que ces animaux sont les archétypes des porteurs sains contagieux ». Par conséquent, l'analyse PCR reste l'outil de choix pour l'examen des troupeaux sains.
Concernant l'efficacité curative des antibiothérapies, Dominique Bergonier confirme l'absence de traitement adéquat, « de nombreuses études, très variées, ont été menées sur le sujet On n'a pas pu mettre en évidence d'effets favorables de ce type de traitement vis-à -vis du mycoplasme ». Reste donc l'élaboration d'un vaccin. Sur ce sujet, le vétérinaire rappelle que l'usage de vaccins vivants est strictement interdit en France. Par conséquent, il se penche actuellement sur le recours à  des vaccins de type « sous unitaire », plus difficiles à  élaborer. « C'est un travail de moyen terme On peut considérer que le travail purement scientifique prendra de trois à  quatre années approximativement ».
Les statuts des troupeaux vaccinésL'autorisation de vacciner est accordée au cas par cas, sur demande de l'éleveur. Sauf cas particulier, les troupeaux éligibles à  cette autorisation sont :
- les élevages infectés en agalactie contagieuse, eu égard aux risques de rechutes ;
- les élevages en lien épidémiologique avéré ou potentiel avec un élevage infecté, de nature à  constituer une situation à  risque (voisinage, mélange, fort risque de mélange, etc.)
- les élevages qui auraient un résultat PCR + sur le lait pour la première fois, ainsi que les cheptels en lien épidémiologique avec ceux-ci.
Un élevage infecté ne change pas de statut après vaccination. Il demeure « infecté ». Un élevage indemne ayant obtenu une autorisation de vacciner a un statut « à  risques, vaccinés ». La seule contrainte supplémentaire pour ces troupeaux « à  risques, vaccinés » est l'interdiction de vendre des reproducteurs.
Pour les mouvements d'animaux (transhumance, pension), les élevages « à  risques, vaccinés » n'ont pas plus de contraintes que des troupeaux « en lien épidémiologique direct avec un infecté ».
Les autorisations et les conditions de leur transhumance seront définies, comme chaque année, lors de la tenue des commissions de vallée.
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