Les fosses à lisier de palmipèdes devront être vidées avant le 16 mai

Les mesures d’assainissement déployées dans le cadre de la lutte contre l’influenza aviaire prévoyaient initialement une vidange des fosses à lisier obligatoire avant le 2 mai. Compte tenu des difficultés pour la mise en œuvre pratique des opérations d’épandage, étant donné le contexte climatique et les disponibilités des équipements d’épandage, le Cifog a alerté les pouvoirs publics sur un nécessaire report de cette échéance. Les responsables professionnels ont été entendus.

Vidange: la solution la plus cohérente

Vendredi dernier, le ministère de l’agriculture a publié une instruction précisant les modalités de gestion des fosses à lisier au sein de la zone de restriction. D’ici le 16 mai et le début du repeuplement, les ouvrages de stockage contenant du lisier de palmipèdes doivent soit avoir été vidés, soit avoir été assainis.

En pratique, la vidange des fosses apparaît comme la solution la plus pertinente. D’autant que les conditions de la mise en œuvre des épandages ont été assouplies. L’utilisation d’un pendillard est désormais possible, dans la mesure où l’épandage est accompagné d’un enfouissement rigoureusement immédiat au moyen d’un cover-crop. Les autres solutions sanitaires évoquées dans la circulaire (assainissement ou déplacement des lisiers) restent difficilement applicables, des points de vue technique et économique.

1 Vidange des fosses à lisier - L’épandage de lisier non assaini vis-à-vis des virus IAHP est possible sur le territoire national, sous réserve du strict respect des conditions suivantes:
- L’enfouissement du lisier est immédiat (la règle).
- À défaut, en l’absence de vent fort, l’épandage au pendillard reste possible à condition qu’un second engin soit présent derrière le premier dans le champ, afin de réaliser l’enfouissement immédiat par cover-crop à 10-15 cm de profondeur. Les actions des deux engins sur place (pendillard et cover-crop) sont donc simultanées.

Le lisier peut aussi être expédié vers une unité de production de biogaz agréée. Chaque transport de lisier ou de digestat à destination d’un établissement agréé doit être accompagné d’un document commercial incrémenté et signé, précisant: date d’enlèvement, description des matières, quantité, lieu d’origine, nom et adresse du transporteur, et nom/adresse/numéro d’agrément du destinataire. Ce document commercial est édité en trois exemplaires et consigné pendant 2 ans par chacun des opérateurs concernés.

2 Assainissement des fosses - Il peut être réalisé par chaulage avec ajout de chaux liquide (30 à 50 litres de chaux liquide/m), avec brassage et contrôle quotidien du pH qui doit être maintenu à 12 minimum pendant 7 jours, ou bien un double brassage et contrôle du pH et de la température (pH maintenu à 12 minimum avec une température supérieure à 70°C pendant 30 minutes, ou supérieure à 60°C pendant 1 heure).

Ces méthodes étant contraignantes, voire dangereuses pour les opérateurs, les pouvoirs publics rappellent qu’il importe qu’elles soient réalisées par un spécialiste. L’utilisation de chaux liquide est préconisée car la chaux sous forme de poudre ne se solubilise pas facilement dans le lisier. La chaux sous forme de poudre doit donc être préalablement diluée. Cette opération d’hydratation est également à risque pour l’opérateur.

Par ailleurs, l’épandage du lisier ainsi chaulé peut poser certaines difficultés, notamment par le manque de fluidité du mélange et par son pH élevé (dégradation des membranes des fosses, du matériel d’épandage utilisé).

3 Autre méthode -  L’assainissement de la fosse à lisier par stockage en place pendant 60 jours n’est a priori pas possible avant la fin de la période de vide sanitaire en raison du trop court délai entre la fin des opérations d’élevage et le début du repeuplement.
En revanche, le stockage, sur site, du lisier peut être envisagé après vidange de la fosse, dans des contenants mobiles, type citernes souples fermées, sous réserve du respect des deux conditions suivantes: stockage pendant minimum 60 jours et stockage des citernes éloigné des bâtiments, à l’écart des animaux, des aliments, des litières et des parcours des opérateurs et des animaux.

F. Brèthes