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Un plan de lutte renforcée pour stopper l’influenza aviaire

Afin de faire un point sur la situation de l’influenza aviaire qui s’étend dans le Sud-Ouest, le Cifog a tenu une réunion d’information le 20 décembre dernier à Nogaro (Gers), une commune classée d’ailleurs en zone de protection… Plus de 300 éleveurs, venus du Lot-et-Garonne, des Hautes-Pyrénées, des Landes, du Gers et des Pyrénées-Atlantiques, ont écouté avec attention les différentes interventions.

file-L'application rigoureuse des mesures de biosécurité devrait permettre d'endiguer la propagation du virus.
L'application rigoureuse des mesures de biosécurité devrait permettre d'endiguer la propagation du virus.

La situation actuelle est très différente de l’épizootie d’influenza aviaire qui avait touché la région l’hiver dernier: la signature clinique du virus était alors très faible. «Cette année, la présence et la virulence du virus H5N8 ne laissent pas de doutes», explique Jean-Luc Guerin, spécialiste en pathologie aviaire. Des propos aussi étayés par François Landais, vétérinaire. «Ce virus est très marqué sur les canards: ils meurent».

L’heure n’est pas à la polémique mais à la lutte

Une faille dans le cadre de la biosécurité serait à l’origine de ce retour malheureux du virus dans les élevages. Cependant, Christophe Barrailh, président du Cifog, et Bernard Malabirade, vice-président de la chambre d’agriculture du Gers, ne cherchent pas à connaître le ou les responsables, une enquête des pouvoirs publics est engagée. En cette fin d’année, l’urgence est plutôt à l’organisation collective pour éradiquer le virus. «Aujourd’hui, on prend un risque de se réunir. Mais le véritable risque serait de ne pas communiquer», lance Christophe Barrailh.

«Il faut éteindre le feu», martèle Dominique Chabanet, de la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSP) du Gers. Cette situation totalement inédite par la rapidité de propagation du virus a imposé l’application de mesures. Après être revenu succinctement sur les trois grands modes de transmission (proche, moyenne portée et longue portée), le directeur de la DDCSP a évoqué la stratégie de lutte mise en place sur les zones touchées.

Endiguer la propagation du virus

La feuille de route se décline en quatre axes: figer la situation pour éliminer le plus tôt possible les foyers, éviter la diffusion du virus et enfin diminuer la densité des animaux sur les zones. Plusieurs mesures sont déjà déployées afin de protéger et limiter la propagation du virus. Ainsi, des zones réglementées par arrêté préfectoral ont été mises en place. Parfois à cheval entre deux départements, des zones de contrôle temporaire (lors d’une suspicion de foyer), des zones de protection, de trois kiloètres de rayon minimum autour de l’élevage infecté, et des zones de surveillance de dix kilomètres de rayon autour, ont été tracées.

Dans ces périmètres, le régime réglementaire demeure l’interdiction des mises en place et des sorties d’exploitation de toutes les volailles. «Néanmoins, la semaine dernière, nous avons réussi un vrai tour de force en libérant les volailles festives, victimes collatérales du virus», souligne le président du Cifog.

Abaisser la densité des animaux

Après abattage des animaux, nettoyage et désinfection du foyer, toutes les modalités appliquées aux zones de protection ne pourront être levées qu’après 21 jours. Cette levée sera aussi effective dès lors que les mesures corollaires de recensement et de surveillance auront été menées sur l’ensemble de l’aire géographique. «Dans les zones sous surveillance, les mesures appliquées ne pourront quant à elles être levées, au plus tôt que 7 jours après cette période», précise Dominique Chabanet.

Jusque-là, aucun déplacement de volailles n’était possible sur les zones concernées. Une dérogation à cette interdiction pourrait être accordée. Il est possible d’en faire la demande auprès des services de l’État. «Après analyse, cela permet aux volailles, arrivées à terme, d’être abattues. Et surtout de baisser la densité d’animaux dans ces zones, favorable à la diminution du risque épizootique», ajoute Christophe Barrailh.

L’abattage est organisé de sorte à ne pas transporter les volailles hors zones. Dans les zones atteintes, sans abattoir, les exploitations qui n’ont pas les installations adéquates ne peuvent pas, pour le moment, abattre. Dans les zones où se trouve un abattoir, les volailles peuvent être abattues après une visite sanitaire et un dépistage des palmipèdes. «Un planning est réalisé actuellement en collaboration avec tous les acteurs pour mutualiser les moyens», note le président de l’interprofession.

La biosécurité encore et toujours

Depuis ce nouvel épisode, transport de volailles et intervenants extérieurs ont été pointés du doigt, et plus largement, le manque de rigueur par certains acteurs dans l’application des mesures de biosécurité. Pour vérifier l’efficacité de ces dernières, l’état sanitaire des animaux est très suivi: ainsi, un contrôle est réalisé par un vétérinaire à chaque mouvement d’animaux. Ce test est suivi d’une analyse virologique faite 48 heures avant le départ.

Depuis ce mercredi matin, les conditions de transport ont également été revues. «Ceux qui transportent des canards prêts à gaver ne transportent plus que des canards prêts à gaver, assène le président du Cifog. Pour les autres niveaux de production, c’est pareil. Cela va être compliqué, mais ça passe par là». Nettoyage et désinfection des roues, protection contre la diffusion des plumes et des fientes, toutes les mesures de biosécurité doivent être rigoureusement appliquées. «Les risques de diffusion par les excreta ou les fientes sont présents», rappelle François Landais.

Des professionnels attentifs et réactifs

Peu associés aux conversations lors du dernier épisode de l’influenza aviaire, les intervenants extérieurs (équipes d’attrapage, de vaccination, de nettoyage…) ont rencontré les professionnels de l’interprofession. Des règles strictes leur ont aussi été imposées. «Cependant, ils nous ont aussi fait part de nombreuses exploitations qui ne respectaient pas les mesures de biosécurité, déplore Christophe Barrailh. Tout le monde doit jouer le jeu et être solidaire pour que l’on s’en sorte».

Le retour du virus dans les exploitations du Sud-Ouest ne doit pas remettre en cause le processus de biosécurité mis en place depuis un an. «Aucun lien existe entre cette nouvelle vague virale et la précédente», répète Jean-Luc Guerin. Dans une période déterminante pour les acteurs de la filière et les consommateurs, l’éradication de la maladie est prise à bras-le-corps par la filière. «Et dans cette période, il faut être attentif et réactif», conclut Christophe Barrailh.

Baptiste Ducasse

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