D’ici 2050, la culture de blé aura migré plus au Nord
Michel Portier, le président d’Agritel a présenté, il y a quelques semaines, la nouvelle géographie de la production mondiale de blé à l’horizon de 2050 résultant du réchauffement climatique. Selon, le spécialiste, le nouvel axe planétaire de la production de la céréale reliera le nord des États-Unis au bassin de la Mer Noire en passant par la Scandinavie et les pays du nord d’Europe centrale. Plus à l’Est, la culture du blé en Chine du nord bénéficiera aussi de la hausse des températures.
Dans l’hémisphère nord, le bassin américain de la production de blé s’étendra de part et d’autre de la frontière entre les États-Unis du Canada. De même, au cours des trente prochaines années, les conditions climatiques seront très favorables à l’extension de la production de blé en Sibérie et au nord de la Chine. En Russie, l’aire de production de blé d’hiver (3,7 t/ha avec des records à plus de 7 t/ha) se développerait aux dépens des céréales de printemps beaucoup moins productives (1,7 t/ha).
Mais selon le président d’Agritel, ce sont les pays situés au nord, à l’est et au sud-est de la Mer Noire qui seraient les grands bénéficiaires du réchauffement climatique au cours des trente prochaines années. La Biélorussie, la Pologne, les pays baltes et la Scandinavie tireraient, également, profit de la hausse des températures. Les rendements pourraient progresser de plus de 25% par rapport à leurs niveaux constatés au début des années 2000.
Situations contrastées
Dans les grands pays, à cheval sur plusieurs climats, les situations seront plus contrastées. Le sud de la Chine sera très affecté par le réchauffement climatique mais aussi le sud des États-Unis. Les rendements de blé pourraient y baisser de plus de 25% par rapport à ceux observés au début des années 2000. En Inde, la production de blé sera aussi plus difficile qu’actuellement sur les deux tiers du territoire mais aussi au Pakistan.
Dans l’hémisphère sud, les façades est de l’Amérique du sud (Argentine, Brésil) et d’Afrique seront aussi affectées par de telles baisses. Il en serait de même en Australie du sud.
Progrès agronomiques indispensables
Toutefois, de nouveaux progrès agronomiques pourraient, en partie, démentir, d’ici 2050, ces prédictions climatiques. Dans le bassin de la Mer Noire, les pratiques culturales ont généré des gains de productivité incommensurables. Aussi, le principal défi à relever d’ici 2050 sera l’adoption de pratiques culturales plus productives, adaptées au climat qui régnera alors, notamment dans de nombreux pays africains où la production agricole est structurellement insuffisante et peu productive.
Quoi qu’il en soit, la planète aura les moyens de nourrir 9-10 milliards d’habitants, car elle produit déjà suffisamment de grains pour y parvenir compte tenu des pertes de récoltes importantes actuellement enregistrées. Par ailleurs, la demande agricole sera différente de celle d’aujourd’hui. D’ici 2050, les hommes modifieront leurs habitudes alimentaires.
Mais il faudra aussi produire probablement plus de céréales et d’aliments pour animaux pour faire face à des périodes caniculaires. Les éleveurs devront aussi constituer davantage de stocks de fourrages prêts à être distribués en cas de pénurie.