Alimentation : le retour des négociations commerciales
Le gouvernement l’avait annoncé le 16 mars lors de la présentation du plan de résilience. Il a réuni, le 18 mars, les représentants des syndicats agricoles, ceux de la transformation (ANIA, ILEC, la Coopération agricole, FEEF…) et ceux de la grande distribution. L’enjeu est de pouvoir répercuter tout le long de la chaîne alimentaire la hausse des cours consécutifs au conflit russo-ukrainien.
Depuis le 23 février, le blé a augmenté de 36%, le maïs de 30%, le tournesol de 40%, le gaz de 90% etc. «Si le plan de résilience constitue une partie de la réponse» confie-t-on dans l’entourage du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, le gouvernement a demandé aux industriels et aux distributeurs de «se remettre autour de la table et revoir le contenu des contrats» conclus lors des négociations commerciales.
«Cette crise aura un impact équivalent, voire supérieur, au premier confinement», prévient le ministère de l’Agriculture. «Il est nécessaire de faire passer ces hausses», ajoute-t-on. Interrogée par BFM Business, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert n’a pas dit autre chose : «Pour garder l’appareil de production agricole en France, il faut pleinement appliquer la loi Egalim 2 avec la constitution du prix en marche avant (…) Ce sont des petites hausses qui permettront aux agriculteurs de tenir», a-t-elle affirmé, souhaitant une hausse de 6% à 8%.
«Les ministres appellent à ne pas se cacher derrière le juridique, avec du bon sens et un changement de paradigme. Il n’est pas question de pinailler, il faut rediscuter sur la base de la transparence des entreprises par rapport l’impact de la crise ukrainienne», a commenté un proche de Julien Denormandie.
«Bon sens et pragmatisme»
Le gouvernement, par l’intermédiaire des trois ministères (Agriculture, Industrie et PME) a demandé «un effort de solidarité» aux acteurs, en particulier aux transformateurs et distributeurs. «Il y a d’ailleurs eu des progrès depuis 6 à 8 mois de la part des transformateurs qui ont maintenant un discours de responsabilité et souhaitent apporter plus de transparence» sur leurs indicateurs de prix, souligne-t-on au gouvernement.
En revanche, l’attitude semble plus contrastée chez les distributeurs. Au micro de BFM Business, Christiane Lambert a confirmé que certaines enseignes étaient «compréhensives et veulent faire des efforts. D’autres ont dit qu’elles allaient chercher ailleurs des produits de substitution. C’est inadmissible». Au sein du gouvernement on souligne que «l’entrain à faire passer ces hausses est variable selon les enseignes». Mais «elles devront concerner toutes les marques, y compris les marques de distributeurs (MDD)», précise-t-on auprès du ministre des PME, car c’est sur ces MDD que les distributeurs essayaient de jouer avec la loi, notamment sur les MDD de volailles.
Les trois ministres qui ont milité pour du «bon sens et du pragmatisme» ont appelé les grandes enseignes à mettre en place un moratoire sur les pénalités logistiques. Une réunion de suivi des négociations se tiendra toutes les semaines, chaque jeudi. Sans qu’on n’en connaisse aujourd’hui le terme.