Le revenu agricole landais 2022 subit une forte baisse
Frappée par les aléas climatiques, par l’envolée des coûts ou encore par la crise aviaire, l’agriculture landaise s’apprête à refermer l’un des pires exercices des dernières décennies. Le revenu global 2022 régresse de 25% par rapport à la moyenne des dix années précédentes.
Frappée par les aléas climatiques, par l’envolée des coûts ou encore par la crise aviaire, l’agriculture landaise s’apprête à refermer l’un des pires exercices des dernières décennies. Le revenu global 2022 régresse de 25% par rapport à la moyenne des dix années précédentes.
Comme à l’accoutumée, la dernière session annuelle de la chambre d’agriculture, qui s’est tenue ce lundi à Mont-de-Marsan, a permis de revenir sur l’analyse des résultats technico-économiques des exploitations landaises pour l’année qui s’achève. Les bilans par production permettent de se faire une idée assez précise de l’état de santé global de la Ferme Landes.
2022 restera marquée par l’accumulation des aléas climatiques et des crises suscitant des résultats en berne dans la plupart des filières. L’année a démarré avec une nouvelle épizootie d’influenza aviaire. Elle s’est poursuivie avec les épisodes de gel et de grêle au printemps, puis la sécheresse estivale et les canicules records qui resteront dans les mémoires. Une absence quasi totale de pluie a été observée en juillet sur les Landes (0,4 millimètre à Mont-de-Marsan), et les vagues de chaleurs successives se sont traduites par 70 jours avec une température supérieure à 30 degrés, contre 32 jours en moyenne.
Ces phénomènes ont entraîné une évapotranspiration estimée à 523 millimètres au niveau des cultures de maïs, soit l’équivalent de deux tours d’eau supplémentaires par rapport à l’année 2003, elle aussi caniculaire. Véritable pivot des systèmes agricoles du département, avec environ 90.000 hectares cultivés, la culture du maïs grain affiche un rendement moyen de 74 quintaux par hectare, le plus faible depuis vingt ans et inférieur à 2003 notamment, même si les surfaces irriguées ont vu leurs résultats préservés malgré des restrictions.
Trois mille déclarations de sinistres multirisques climatiques ont été réalisées au total (tous sinistres confondus). À ce tableau, il convient d’ajouter l’inflation générale pesant dans des proportions considérables sur les coûts de production et sur les charges de structures. Pour illustration, le coût alimentaire s’est envolé de 55% en élevage porcin.
Tous ces éléments conjugués conduisent à l’estimation d’un revenu global qui régresse très fortement par rapport à 2021. Il est inférieur de 25% par rapport à la moyenne des dix années précédentes (2011-2021). Le bilan 2022 se situe ainsi parmi les trois plus mauvaises années agricoles enregistrées depuis 2007, sachant que les données retenues intègrent les masses financières attendues au travers des assurances et des soldes d’indemnisation de la crise aviaire.
Évidemment, une moyenne masque des situations très contrastées d’une exploitation à l’autre. Elle mérite d’être nuancée compte tenu de la variabilité des situations individuelles, au regard des productions en place bien sûr, mais aussi de l’accès ou non à l’irrigation ou encore de la couverture des risques par les systèmes assurantiels.
Seules, de rares productions ont été épargnées, à l’image des cultures d’hiver ou du tournesol qui ont bénéficié de prix de vente exceptionnels. La filière asperges a également connu une campagne correcte, bien que marquée par un retournement de tendance en fin de saison. Les viticulteurs ont enregistré des pertes de vendanges de l’ordre de 50% et des situations individuelles peuvent être critiques…
Comment on remonte ?
Au cours des débats, les élus de la chambre d’agriculture ont exprimé leurs inquiétudes. Ils ont aussi mis en avant la nécessité d’apporter des réponses aux différentes problématiques. «Avec l’année que l’on a vécue, on est au fond de l’eau, a résumé la présidente, Marie-Hélène Cazaubon. Comment on remonte ? La question est de savoir comment on rebâtit, filière par filière. À nous d’être proactifs. Demain, il faut qu’on
produise et qu’on donne envie à nos jeunes. Il nous faudra sans doute lever beaucoup de freins, mais il faut qu’on avance».
Le dossier de la création de ressource en eau a de nouveau été pointé comme un sujet stratégique par les élus. «Ce bilan montre la fragilité de notre agriculture face au changement climatique. On a quand même constaté que le pilier de l’agriculture landaise, le maïs, a tenu son rôle quand il a pu avoir de l’eau, a souligné le président de la FDSEA, François Lesparre. L’assurance et l’innovation sont des outils qui avancent et sont nécessaires mais ils ne régleront pas tout. La question de l’eau est cruciale».
Fabien Brethes