Bernard Layre : «Créer une dynamique et accompagner les agriculteurs»
Le vice-président de la chambre régionale d’agriculture, analyse l’enjeu à venir autour de la production d’énergie verte.
Le vice-président de la chambre régionale d’agriculture, analyse l’enjeu à venir autour de la production d’énergie verte.
Quelles sont les actions conduites par la chambre d’agriculture pour le développement de la méthanisation ?
Bernard Layre - Nous avons mis en place un programme régional baptisé MéthaN-Action. Ce programme est un partenariat avec la FRCUMA, soutenu par le conseil régional et l’Ademe. Son objectif est très simple : pouvoir accompagner les projets de la conception jusqu’à la réalisation. Sur le terrain, nous avons des techniciens et des chargés de mission dans chaque département pour être au plus près des porteurs de projet. Ils sont les référents des agriculteurs qui souhaitent se lancer dans la méthanisation.
Il faut également travailler en amont du projet. Nous avons notamment un partenariat avec l’Apesa qui a pour objectif de bien prendre en considération tout l’environnement du projet pour une meilleure acceptabilité sociétale.
C’est important cet aspect sociétal dans la construction d’un projet? Cela permet-il de rassurer les riverains ?
B. L. - C’est un aspect majeur. Car de cette acceptation découlera le temps de réalisation du projet. Un projet peut prendre 2 à 3 ans comme 6 ans… Il faut donc expliquer et éduquer. Les gens doivent comprendre que la méthanisation aujourd’hui fonctionne parfaitement. La technologie et la maîtrise technique ont fortement évolué. En matière d’externalité négative, il n’y a aucun souci avec les méthaniseurs. Il n’y a pas de nuisances olfactives, les effluents sont bien maîtrisés.
En quoi consiste cet accompagnement des porteurs de projet prévu par MéthaN-Action ?
B. L. - L’accompagnement va du début à la fin du projet : le financier, l’administratif, la technique… Tout entre en ligne de compte. L’agriculteur a un bureau d’études pour se faire accompagner, mais MéthaN-Action, c’est l’accompagnement de coordination, la recherche des financements. C’est l’appui pour rassurer l’agriculteur ou les porteurs de projet.
La méthanisation est une filière qui connaît un fort engouement. Quel intérêt peuvent avoir les agriculteurs de se lancer ?
B. L. - Dans le cadre de la feuille de route Néo Terra, le conseil régional a fixé un cap : avoir 30% de gaz vert en 2030 et être autonome en 2050. Pour pouvoir être autonome en 2050, il faudra 750 méthaniseurs en Nouvelle-Aquitaine et donc réaliser deux méthaniseurs par département et par an. Ce n’est pas la mer à boire.
La méthanisation fait partie des solutions qui nous permettront de se substituer aux énergies fossiles. Il faut une multiplicité de solution, avec par exemple l’agrivoltaïsme ou l’hydroélectricité. Je pense que la méthanisation est une vraie filière d’avenir et surtout un véritable enjeu pour un complément de revenu pour les agriculteurs.
Après dans toute énergie renouvelable, il ne faut pas qu’il y ait de concurrence avec l’alimentaire. Nous y veillerons.
Quel message adresser aux agriculteurs qui hésitent ?
B. L. - Leur dire que c’est un complément de revenu. Leur dire aussi qu’il faut adapter le modèle économique, car si le tarif sur la cogénération est maintenu, sur l’injection il y a une dégressivité des prix qui doit être compensée par un bon rendement énergétique. Tout ceci nécessite un accompagnement du quotidien. Mais on se rend compte que les méthaniseurs lancés ces cinq dernières années sont rentables et productifs.
Propos recueillis par Y. Allongue