Blonde d'Aquitaine : la sélection a de l'avenir
Malgré le contexte de crise, Philippe Basta, récemment élu à la tête de France Blonde Sélection, croit en l'amélioration génétique pour faire progresser les performances des troupeaux.
Passionné de sélection, Philippe Basta s'investit de longue date dans le monde de l'élevage allaitant. En janvier, il a été élu à la présidence de France Blonde Sélection. « Cette structure a pour objectif de représenter la race », explique-t-i
Depuis le 16 janvier dernier, Philippe Basta est le nouveau président de France Blonde Sélection. Il a été élu pour un mandat de deux ans. Installé au sein de l'exploitation familiale à Arzacq (Pyrénées-Atlantiques), il est aujourd'hui associé, en GAEC, avec son frère Vincent. Sur leur exploitation de polyculture élevage, ils élèvent un troupeau de soixante cinq mères Blondes d'Aquitaine. Dans un contexte difficile pour l'élevage bovin et à quelques encablures du salon Aquitanima de Bordeaux, Philippe Basta revient sur son rôle à la tête de l'organisme de sélection.
La dénomination « France Blonde Sélection » est relativement nouvelle. À quoi correspond cet organisme et quelles sont ces missions ?
Cette structure n'est ni plus ni moins que la déclinaison de l'ancienne Union de promotion de la race, l'UPRA. Depuis le 1er juillet 2008 et suite à la loi de modernisation de l'élevage, cette dernière a pris le titre d'organisme de sélection.
Cette structure a pour objectif de représenter la race. Sa première mission concerne la tenue du livre généalogique. À partir des tournées de pointages adultes réalisées par nos techniciens, des qualifications sont attribuées aux animaux, aussi bien sur la voie màle que femelle. Ces qualifications, qui évoluent dans le temps, permettent à la sélection de fonctionner.
Ensuite, notre mission est aussi d'orienter le programme d'amélioration génétique. En fonction des évolutions des marchés, nous sommes amenés à définir de nouvelles priorités de sélection. Enfin, nous disposons d'une importante activité de promotion de la race Blonde d'Aquitaine, tant aux niveaux national qu'international. Cela concerne aussi bien la promotion des bovins vivants que de la viande. Par exemple, pour la première année, nous avons mis en place une présentation d'animaux de boucherie dans le cadre du salon international de l'agriculture à Paris.
Comment fonctionne la structure ?
France Blonde Sélection compte actuellement environ 1 250 adhérents, dont 135 sur les Pyrénées-Atlantiques. Le conseil d'administration est composé de trente-trois membres, répartis dans trois collèges. Le premier concerne les éleveurs, le second représente les organismes de sélection de la race, avec la présence de Midatest et de la station de Casteljaloux. Le dernier est constitué par les organisations de promotion et commercialisation. Ces trois collèges sont répartis de manières égales avec onze représentants chacun. Sur le plan opérationnel, nous disposons de neuf salariés, dont quatre équivalents temps pleins pour ce qui est des postes de techniciens. Ces derniers assurent les pointages ainsi que tout le travail de conseil. Ils peuvent également aider au recrutement des veaux pour la station ainsi qu'à la préparation des concours.
Quelles sont les orientations actuelles de la sélection ?
Nous orientons la race vers plus de mixité, c'est-à -dire vers un bon rapport entre les développements musculaires et squelettiques. Même si cela marque quand même une certaine rupture, le virage est amorcé depuis plusieurs années déjà . Il faut poursuivre dans ce sens, en insistant également sur la finesse des animaux. C'est une des forces de notre race, gràce à des rendements carcasses supérieurs à 60 %.
Ensuite, nous voulons aussi ramener du potentiel laitier et nous sommes très attentifs à la problématique de la fertilité. Durant les dernières décennies, nous avons fait des progrès énormes sur la croissance, mais quand on avance très vite sur ce critère, il y en a forcement d'autres qui en pàtissent. C'est le cas de la production laitière ou de la fertilité. Aujourd'hui, nous savons que nous pêchons sur ces caractéristiques-là . Enfin, nous voulons conserver des facilités de naissance intéressantes. Cela peut paraître beaucoup, mais heureusement, la plupart de ces critères va de pair. En bref, nous voulons que la Blonde d'Aquitaine soit une bonne reproductrice, avec d'excellentes qualités bouchères.
Une fois les objectifs définis, de quels moyens disposez-vous pour orienter la sélection sur le terrain ?
Cela passe, par exemple, par le recrutement des veaux pour la station de Casteljaloux ou pour le programme Midatest, en vue de la diffusion de taureaux d'insémination. Nous orientons aussi nos conseils auprès des éleveurs.
S'agissant des démarches de sélection, l'élevage bovin est à l'heure de la révolution génomique. Qu'en est-il de la race Blonde ?
L'outil génomique se met en place progressivement. Mais pour la Blonde d'Aquitaine, nous en sommes encore aux prémices. Après des débats nourris, la race a décidé d'adhérer au programme Gem'Bal. Nous avons mis du matériel génétique à disposition des organismes de recherche. Les orientations définies au niveau racial vont permettre à la technologie de se mettre en place, en choisissant quels sont les caractères à étudier. Mais, les résultats ne sont pas encore pour demain, même si on va bénéficier du travail déjà réalisé en races laitières. Globalement, nous sommes favorables à ces avancées car l'outil génomique va apporter une aide indéniable à la sélection et devrait permettre de réduire les coûts du schéma. Malgré tout, nous ne nous attendons pas à une révolution. C'est un outil supplémentaire.
Quelles vont être les priorités de votre présidence ?
J'aimerais que l'on se recentre sur des problématiques techniques, avec un plus gros travail de conseil. Je suis persuadé que la performance économique est étroitement liée aux résultats techniques. Le contexte est difficile, avec un marché des reproducteurs très restreint. Même si l'organisme de sélection oeuvre principalement auprès des sélectionneurs, il ne faut pas oublier que 95 % du débouché des éleveurs reposent sur la viande. C'est pourquoi, nous pouvons permettre à chaque producteur de progresser par le biais de nos conseils et ceux des organismes associés, comme le contrôle de performances. Par exemple, un éleveur peut améliorer ses poids carcasses, gràce à des choix de reproducteurs et des accouplements cohérents.
L'élevage bovin allaitant traverse une crise sévère. Cela impacte-il l'organisme de sélection ?
Bien entendu. Nous travaillons dans un contexte difficile et les problématiques des éleveurs sont nos problématiques. Nous essayons de faire des choses intéressantes au niveau de la communication, mais il y a des choses sur lesquelles nous ne pouvons pas peser. Dans le même temps, l'État se désengage de plus en plus du financement de nos organismes. Nous sommes passés de 75 % de subventions à moins de 20 % aujourd'hui. Cependant, je tiens à ce que les cotisations n'augmentent pas, même s'il est de plus en plus dur d'atteindre nos objectifs. Malgré tout, je reste optimiste, car je crois que l'amélioration technique est une voie qui peut nous permettre de sortir de l'ornière.
Propos recueillis par Fabien Brèthes
La localisation géographique évolue Race bovine de grand format dédiée à la production de viande, la Blonde d'Aquitaine ne cesse de se développer depuis sa création en 1961. Résultat de la fusion de trois races locales du Sud-ouest, la Garonnaise, la Quercy et la Pyrénéenne, la Blonde d'Aquitaine doit son essor en France comme à l'étranger à ses qualités bien spécifiques. Aujourd'hui, sa population mondiale est évaluée à 2 millions de têtes environ.
En France, son effectif est d'environ 550.000 vaches. Actuellement, 1.250 éleveurs sont adhérents à France Blonde Sélection, soit un peu moins de 40.000 vaches inscrites au livre généalogique. Les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées regroupent 47 % des adhérents de l'organisme. Plus de la moitié se trouve hors du berceau historique. Ce constat traduit une relocalisation de la Blonde d'Aquitaine dans des régions où la race était, jusque-là , peu présente.
Dans le détail, la zone Pays de Loire enregistre, par exemple, un fort accroissement. « Cette dernière dispose de conditions très favorables pour l'élevage, relève Philippe Basta. Les producteurs y ont adopté la race Blonde pour ses nombreuses qualités. Ici, nous sommes dans une zone où il y a des productions végétales très compétitives, avec le mais ou d'autres céréales. Malgré tout, il faut que nous travaillions tous ensemble, car nous rencontrons tous les mêmes soucis ».
En France, son effectif est d'environ 550.000 vaches. Actuellement, 1.250 éleveurs sont adhérents à France Blonde Sélection, soit un peu moins de 40.000 vaches inscrites au livre généalogique. Les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées regroupent 47 % des adhérents de l'organisme. Plus de la moitié se trouve hors du berceau historique. Ce constat traduit une relocalisation de la Blonde d'Aquitaine dans des régions où la race était, jusque-là , peu présente.
Dans le détail, la zone Pays de Loire enregistre, par exemple, un fort accroissement. « Cette dernière dispose de conditions très favorables pour l'élevage, relève Philippe Basta. Les producteurs y ont adopté la race Blonde pour ses nombreuses qualités. Ici, nous sommes dans une zone où il y a des productions végétales très compétitives, avec le mais ou d'autres céréales. Malgré tout, il faut que nous travaillions tous ensemble, car nous rencontrons tous les mêmes soucis ».