La chasse à l'alouette interdite
Le Conseil d’État rend illégales les chasses aux pantes et aux matoles. Les chasseurs s’estiment « méprisés ».
Le Conseil d’État rend illégales les chasses aux pantes et aux matoles. Les chasseurs s’estiment « méprisés ».
L’ancestrale chasse aux pantes (filets) et à la matole (cages) de l’alouette des champs pratiquée dans plusieurs contrées du bassin de l’Adour est interdite. Dans son jugement rendu ce lundi 6 mai, le Conseil d’État a annulé définitivement l’autorisation ministérielle prise en octobre 2022 accordant le droit de la pratiquer.
Contrôle de la sélectivité
Cette menace plane depuis octobre 2021, date à laquelle la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et l’association One Voice ont décidé de saisir le Conseil d’État. Relevant qu’il existait un doute sérieux sur sa légalité « au regard de la réglementation du droit européen et de la directive européenne oiseaux de 2009 (N.D.L.R. : interdisant notamment les techniques de capture massive d’oiseaux sans distinction d’espèces) », la plus haute juridiction administrative de l’État avait alors décidé de suspendre la pratique pour la saison en cours.
En novembre dernier, dans les Pyrénées-Atlantiques et les Landes, les résultats de l’expérimentation visant à objectiver la sélectivité ou non de ces modes de capture avait motivé le tribunal administratif de Pau à ne pas suspendre les arrêtés préfectoraux dans ces deux départements. « Aux côtés des techniciens de l’OFB, on avait constaté qu’à travers les filets aucune autre espèce étrangère avait été prise », indiquait le président de la FDC 64 Philippe Etcheveste.
« Du mépris »
Du côté des Chasseurs du Grand Sud-Ouest méprisés (N.D.L.R. : réunissant 17 fédérations départementales des chasseurs du Sud-Ouest), l’association créée en juillet dernier pour défendre les chasses traditionnelles, cette décision suscite l’incompréhension. « Paris décide d’effacer nos cultures […] Pourquoi tant de mépris ? Au-delà des pratiques et des savoirs historiques, ces chasses sont l’âme d’une région ! C’est la culture d’un peuple que l’on veut effacer », déploraient les membres de l’association.
Dans les Landes, même sentiment de colère la part du directeur de la fédération département de chasse des Landes. Interrogé au micro de nos confrères de France Bleu Gascogne, Régis Hargues a affirmé que « cette chasse est légitime au regard des textes européens », laissant sous-entendre un potentiel recours auprès de la Cour de justice européenne. Le chapitre de la chasse à l’alouette n’est pas encore fermé…
Baptiste Ducasse