Agence de l'eau Adour-Garonne
Dans le Sud-Ouest, le niveau des rivières et des nappes inquiète
Face au débit des rivières, fleuves et nappes « extrêmement bas », l’Agence de l’eau Adour-Garonne a réuni les organisations agricoles afin d’anticiper de possibles difficultés d’approvisionnement en eau l’été prochain.
Face au débit des rivières, fleuves et nappes « extrêmement bas », l’Agence de l’eau Adour-Garonne a réuni les organisations agricoles afin d’anticiper de possibles difficultés d’approvisionnement en eau l’été prochain.

La Garonne bat «des records de débits extrêmement bas», a prévenu Guillaume Choisy, directeur général de l’Agence de l’eau Adour-Garonne sur FranceInfo le 14 janvier dernier. Quatre jours plus tard, le président du Comité de bassin Adour-Garonne, Alain Rousset, a reçu les organisations professionnelles agricoles, souhaitant faire un point sur la situation des réserves en eau en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie. L’objectif étant de «prévenir les agriculteurs suffisamment tôt», et ce pour les aider à optimiser leurs choix d’assolements.
«Il est probable qu’il y ait des difficultés d’approvisionnement en eau l’été prochain», confie Guillaume Choisy à Agra Presse. Et d’anticiper un possible recul des surfaces de maïs irrigué dans ce contexte difficile d’accès à l’eau et de hausse des coûts de l’électricité. «Lors de cette réunion, j’ai également tenu à souligner l’augmentation des coûts de l’énergie pour les irrigants. S’il n’y a pas de mesures d’État pour compenser cette hausse, cela deviendra économiquement insupportable», confie Alain de Scorraille, représentant la chambre régionale d’agriculture d’Occitanie au sein de l’Agence de l’eau Adour-Garonne. Ce producteur céréalier dans le Gers estime néanmoins qu’il est «aujourd’hui, encore trop tôt pour dire ce que feront les agriculteurs». Si beaucoup «ont d’ores et déjà commandé leurs semences, ce n’est qu’en mars-avril qu’ils pourront décider de leurs assolements de manière définitive.»
La Garonne sous perfusion
Depuis l’été dernier, l’Occitanie connaît une situation extrêmement sévère. «Nous avons du mal à recharger les sols, les rivières, les nappes phréatiques et un certain nombre de barrages pyrénéens sont anormalement bas mi-janvier», précise Guillaume Choisy à Agra Presse. Affectée par la sécheresse, la Garonne a dû être maintenue sous perfusion des barrages des Pyrénées, afin de rester à un niveau suffisant, notamment pour les agriculteurs.
Dès le début du mois de juillet, le Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne (Smeag) a ainsi organisé une série de lâchers d’eau en direction du fleuve, à partir de ses affluents. «À l’heure actuelle, le niveau de la Garonne est cinq fois inférieur à la normale, cela illustre le niveau de sécheresse», souligne Guillaume Choisy, dont l’Agence de l’eau qu’il dirige s’étend sur 25 départements de la Charente-Maritime à l’Ariège.
Le Sud-Ouest n’est pas la seule région touchée : au niveau national, le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) a alerté le 13 janvier des niveaux des nappes phréatiques «préoccupants» dans une grande partie du territoire, avec plus des trois quarts des indicateurs affichant des niveaux modérément bas à très bas.
Des déficits à prévoir pour l'été prochain
Pour l’Agence de l’eau Adour-Garonne, pas question de se laisser prendre au dépourvu. «Nous allons sécuriser l’approvisionnement en eau potable par des petites retenues pour les troupeaux dans le Massif central, en Corrèze ou en Lozère, signale Guillaume Choisy à l’AFP. Il est essentiel de maintenir les troupeaux en montagne, leur disparition serait une catastrophe environnementale».
Quant aux agriculteurs qui irriguent, l’Agence de l’eau Adour-Garonne dit travailler «à des solutions de long terme», parmi lesquelles la mise en place «des stockages de substitution […] mais cet hiver, même si on a des retenues, on ne peut pas forcément les remplir», soutient le directeur général de l’Agence de l’eau Adour-Garonne à l’AFP.
Plan d’investissement
En décembre dernier, le comité de bassin Adour-Garonne a validé un «plan d’investissement massif» de 120M€ pour limiter les effets de la sécheresse et adapter les territoires aux changements climatiques. D’une durée de dix ans, il doit garantir 850 millions de m3, permettant ainsi de limiter de deux tiers le déficit de 1,2 milliard de m3 annoncé pour 2050. Les travaux reposent sur un mix de solutions : recharge des nappes, développement des zones humides, évolution des systèmes agricoles, optimisation des retenues existantes, création de nouvelles réserves liées à des projets de transition agroécologique mais aussi réutilisation des eaux usées traitées (REUT).
Pour Guillaume Choisy, cette dernière solution répond à une logique de «multi-usage» qu’il convient de «sécuriser». Il attend les annonces prévues le 26 janvier, à l’occasion du Carrefour des gestions locales de l’eau qui se tiendra à Rennes. «Tout l’enjeu est de savoir qui paiera les traitements des eaux usées», précise-t-il.