Influenza
Face au virus, la profession adopte une stratégie d’adaptation inédite
Dès cet hiver 2022, des arrêts ciblés de production de volailles et de palmipèdes pendant les périodes à risques seront pris dans plus d’une soixantaine de communes.
Dès cet hiver 2022, des arrêts ciblés de production de volailles et de palmipèdes pendant les périodes à risques seront pris dans plus d’une soixantaine de communes.
Malgré les efforts entrepris depuis maintenant plusieurs mois, il convient de constater que chaque hiver, le virus de l’influenza aviaire continue toujours de semer l’inquiétude. Si la vaccination prévue pour 2023 nourrit des espoirs, ces résurgences périodiques du virus ont poussé, de leur propre initiative, les producteurs et les entreprises du Sud-Ouest — avec le concours des organisations interprofessionnelles régionales, des associations IGP et label rouge et des chambres d’agriculture du Gers, des Landes, des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques — à réagir.
Ainsi, le collectif a acté dès cet hiver 2022-2023 «un arrêt total de la production pendant les périodes à risque, dans des zones ciblées comme à forte densité d’exploitations et d’animaux», indique ce mardi le communiqué de presse du Palso (l’association de promotion et défense des produits de palmipèdes à foie gras du Sud-Ouest). Cette décision approuvée «unanimement par les pouvoirs publics, les collectivités locales et les services vétérinaires» sera appliquée du 15 décembre 2022 et au 15 janvier 2023, dans plus d’une soixantaine de communes (dont la liste sera dévoilée ces prochains jours).
«On sait que le fait de baisser la population animale de 10 à 15% diminue les risques de façon exponentielle. C’est une bonne nouvelle», s’exprimait à ce sujet Marie-Pierre Pée, directrice du Cifog, dans les colonnes de nos confrères de La République des Pyrénées. Cette décision n’est pas sans conséquences d’abord financièrement. Selon le Palso, «la perte de production représente près de 12 millions d’euros pour les producteurs et les entreprises qui assurent les débouchés commerciaux.»
«L’État doit être là»
L’engagement est lourd de conséquences sur les structures «mais le jeu en vaut la chandelle», réagit l’association foie gras du Sud-Ouest. «N’est-il pas préférable de dépenser 12 millions d’euros pour accompagner ces structures qui ne produiront pas un temps donné plutôt que de verser plus de 500 millions par an d’indemnisations, évoque l’association. Sans compter l’impact en termes d’emplois par le recours au chômage partiel et ses conséquences en termes d’activités locales ou régionales (tourisme, gastronomie, etc.)».
Éleveuse à Malaussanne de prêt-à-gaver, Nathalie Gourdon sait donc qu’elle gardera ses bâtiments vides à ces dates. Produisant en année normale 3,5 bandes de 17.000 bêtes, elle n’en fera seulement que 2 en 2022. «J’ai remis cette année en place qu’au 23 mai», souffle l’éleveuse, également élue à la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques.
Face à cette nouvelle décision, Nathalie Gourdon préfère relativiser et jouer collectif. «Il y va de la survie de la filière et de la pérennité de nos productions de qualité qui sont à la base de toute l’activité économique et sociale du Sud-Ouest.» Et si ce n’est «peut-être pas une solution miracle», elle préfère encore une fois rester optimiste. «Face à la situation actuelle, je viens de licencier il y a quelques jours un salarié car le chômage partiel n’est pas extensible. Alors ne faut-il pas mieux se priver un mois pour pouvoir produire le reste de l’année normalement», s’interroge-t-elle.
Reste tout de même à résoudre l’énigme autour du volet financier. «Comme chez nous, certains ont engagé de gros investissements suite aux précédents épisodes d’épizootie. Cela a eu d’importantes répercussions sur nos trésoreries. Nous faisons l’effort, il faut que l’État nous accompagne», souligne-t-elle.
Si le ministère de l’Agriculture a assuré que «les pertes à venir seront à 100% intégrées dans les indemnisations», dans son communiqué, le Palso insiste sur le fait «qu’un dispositif financier pour accompagner cette démarche doit être rapidement imaginé.»
B. Ducasse