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Acteur du territoire
Famille Laplace, le vin dans le sang

Le vin chez les Laplace est une histoire de famille. La sœur Camille, le frère Grégory et le cousin Bastien sont la quatrième génération à développer l’exploitation des vignes sur les coteaux d'Aydie. François, le père, avait déjà travaillé avec sa fratrie.

Le vin chez les Laplace est une histoire de famille. La sœur Camille, le frère Grégory et le cousin Bastien sont la quatrième génération à développer l’exploitation des vignes sur les coteaux de Aydie. François, le père, avait déjà travaillé avec sa fratrie.
© Cyril Vidal

Les ouvriers s’activent, dans la fraîcheur de cette fin novembre, autour de la maison historique du domaine Famille Laplace, à Aydie (64). La bâtisse avait brûlé il y a 13 ans. Mais pas question pour la nouvelle génération de la laisser à l’abandon. Eux ont grandi dans le château à quelques dizaines de mètres, mais c’est bien là que tout a commencé en 1759.

Depuis que sœur, frère, et cousin ont repris le domaine, ils ont mis en bouteille quatre cuvées. Ils n’ont qu’une trentaine d’années mais la complémentarité de leurs compétences leur a permis de prendre les rennes de l’exploitation en toute sérénité. Camille Laplace est responsable financière et administrative. La responsabilité de la production revient à son frère Grégory. Le cousin, Bastien Caubeyre-Laplace, prend en charge la partie commerciale. Leur polyvalence leur permet de se relayer si nécessaire. Quinze salariés permanents travaillent sur le domaine de 58 hectares. Une dizaine de saisonniers viennent prêter main-forte.

Le père, François Laplace, est toujours présent. Il n’est pas enfermé et n’emmure pas la descendance dans la tradition. «On ne revient pas en arrière, on avance» affirme-t-il. Les générations précédentes ont déjà fait évoluer progressivement le domaine. Aujourd’hui, entre dérèglement climatique et changement des modes de consommation, l’équipe s’est engagée dans une modernisation de la gestion du vignoble qui se matérialise par une nouvelle gamme de quatre vins: la Basse-Cour.

Une gamme contemporaine

Les étiquettes contemporaines sautent aux yeux. Deux vaches béarnaises sur le rouge, trois petits cochons sur le rosé, une poule qui dépose des œufs d’or sur le blanc moelleux, et trois vilains petits canards sur le blanc sec. Une stratégie pour attirer les consommateurs qui sont éloignés du côté élitiste. «Nous avons toujours voulu décomplexer l’image du vin, il faut que les gens consomment par plaisir, pas par connaissance», justifie Grégory Laplace. 

Nous voulons décomplexer l’image du vin pour que les gens consomment par plaisir, pas par connaissance.

Deux tiers de la production des 600.0000 bouteilles sont destinés à la Basse-Cour. Cette gamme permet d’attirer les non initiés vers les AOC historiques du domaine que les jeunes vignerons n’ont pas abandonnés. Car le raisin est présent sur les terres familiales depuis le XVIIIe siècle et l’exploitation s’est concentrée sur cette culture qui est vendue en vrac dès 1927. En 1963, le grand-père Pierre Laplace conditionne pour la première fois sa production dans des bouteilles de forme alsacienne, poussé par André Daguin. Le chef cuisinier d’Auch (32) est tombé amoureux du cru et commande 4.000 bouteilles. Attachée dans son histoire, la nouvelle génération s’est inspirée de ce conditionnement pour lancer sa récente production de Madiran sans sulfites.

Réflexion collective

Pour pérenniser l’exploitation et anticiper les problématiques, les trois responsables s’entourent de conseillers externes dans chaque domaine : commercial, chais et vigne. Grégory Laplace insiste sur l’importance de trouver des solutions pour l’avenir. La famille est aussi en lien avec d’autres jeunes exploitants. Ils cherchent ensemble à créer un schéma de production viable pour le territoire, adapté aux nouvelles contraintes environnementales. «Il y a un changement de génération dans presque tous les vignobles, on réfléchit collectivement à une viticulture structurée pour notre région» explique-t-il.

François Laplace, «l’ancien» comme s’amusent à l’appeler ses enfants, mets en garde sur l’importance de la viabilité économique du vignoble. Les jeunes exploitants en ont pris conscience et étudient les débouchés. Ils ont développé une boutique physique et en ligne. Bastien Caubeyre-Laplace sillonne les routes qui peuvent l’emmener jusqu’en Belgique. Le domaine exporte entre 10 et 15% de sa production, dont une partie aux États-unis.

Le domaine sert également de site événementiel. Les journées portes ouvertes de mi-novembre ont attiré plus de visiteurs que d’habitude. «Ils sont venus depuis le Gers ou les Hautes-Pyrénées, ça fait chaud au cœur de voir que nous sommes soutenus» se félicite Camille Laplace. Elle apprécie que la clientèle provienne aussi des zones urbaines. Autre rendez-vous à la mi-août, une garden-party est organisée au château d’Aydie autour d’un moment gastronomique et musical. Pour l’occasion, Famille Laplace propose des trajets en bus depuis Pau, Tarbes et Mont-de-Marsan. Enfin, les travaux dans la maison ancestrale devraient permettre de créer de nouveaux espaces pour recevoir d’autres événements. Toujours l’occasion de lier la tradition et la modernité.

Pour marquer le lien générationnel et une vision portée vers l’avenir, les jeunes exploitants reprennent à leur compte une citation d’Antoine de Saint-Exupéry : «Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants.» 

Fabrice Héricher

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