Fromage Ossau-Iraty : bilan de 30 ans d'AOC
L'appellation fromagère, un des fleurons de la production agricole des Pyrénées-Atlantiques, vient de fêter ses 30 ans. Retour sur son histoire mais aussi sur ses perspectives d'avenir avec Patrick Etchégaray, ancien président du syndicat de défense de l'Ossau-Iraty.
Patrick Etchégaray est producteur de lait de brebis à Lantabat, au coeur du Pays basque. Il oeuvre depuis le début des années 2000 au sein du syndicat de défense de l'AOC Ossau-Iraty, structure qu'il a présidée de 2005 à 2007. À l'heure où l'appellation fête ses 30 ans, retour sur la folle aventure d'un des produits phare des Pyrénées-Atlantiques.
Qu'est-ce que ça fait d'avoir 30 ans ?
Patrick Etchégaray » 30 ans, c'est l'àge de raison. C'est aussi l'heure de faire quelques bilans et de tirer les enseignements du passé. C'est aussi le bon moment pour asseoir notre AOC au sein de la filière et conforter la notoriété de cette appellation.
Quels ont été les faits marquants de l'histoire de l'AOC Ossau-Iraty ?
P. E. » Je n'étais pas présent lorsque l'AOC a été créée. Mais je peux facilement imaginer que ce fut une tàche très compliquée, un chantier énorme car c'est très difficile. Dans les années quatre-vingt-dix, je me souviens que nous avons été confrontés à une crise dans la filière lait de brebis. C'est à ce moment que l'AOC a commencé à prendre de l'importance. Puis, il y a eu le grand plan média à la télévision durant cette même décennie. Ceci a permis de faire durablement connaître notre appellation. Au début des années 2000, les responsables de l'époque ont engagé une réforme du cahier des charges. Cette réécriture nous a divisés au sein de l'appellation avant de nous rassembler plus tard. Quand on voit ce qui se passe dans les autres filières, on peut finalement se dire que si ça va un peu mieux pour nous, c'est gràce à l'AOC. Dernière étape de notre construction, le passage depuis peu de l'AOC au signe de qualité européen AOP (Appellation d'Origine Protégée).
Vous évoquez, dans un édito publié dans Le Sillon la semaine dernière, « dix années tumultueuses », dues à cette réécriture du cahier des charges. Était-ce une réforme nécessaire ?
P. E. » Je ne dirais pas que cette réforme était nécessaire, mais plutôt obligatoire. En effet, il y avait un certain vide sur les conditions de production. On avait un cahier des charges avec la définition de la zone, des races, de la fabrication, de l'affinage mais il devait être complété au sujet de l'alimentation. Il y avait une demande sur ce point au niveau national, il fallait donc le faire. Mais la révision d'un cahier des charges n'est jamais un chantier facile. Les responsables de l'époque voulaient une AOC élitiste, avec un cahier des charges très dur. Cela s'est fait ailleurs en France, mais sur des filières lait de vache. Un tel durcissement n'était pas justifié et adapté à notre filière lait de brebis. Quand j'ai pris la présidence, mon premier souci était de rassembler le plus d'éleveurs. Tout ceci fait partie, en fait, de la vie d'une appellation. Partout, il y a des débats parfois très durs
En 2008, lors de l'assemblée générale, le syndicat a tendu la main aux producteurs de la vallée d'Ossau, peu représentés au sein de l'AOC. Où en est-on aujourd'hui ?
P. E. » Le dialogue a été réinstauré. Le syndicat a officiellement demandé la réintroduction de la zone du Pont Long, là où s'approvisionnent les Ossalois (N.D.L.R. : zone dans la banlieue du Pau qui appartient au syndicat du Haut-Ossau). La commission d'enquête de l'INAO est venue. Nous n'avons pour le moment aucune réponse, le processus est très long. Mais nous avons bon espoir de voir notre démarche aboutir. Après, libre à chacun d'intégrer ou non l'appellation. Car l'AOC n'est pas une démarche obligatoire, mais une conviction.
Ce week-end a été ponctué par de nombreuses festivités. Vous pouvez nous en dire un mot ?
P. E. » Il y a tout d'abord eu les assemblées générales de la FNAOC (Fédération nationale des appellations d'origine contrôlée), l'ANAOF (Association nationale des appellations d'origine laitières françaises) et le CNAOL (Conseil national des appellations d'origine laitières) à Oloron-Sainte-Marie. Toutes les appellations de France étaient représentées et elles ont été très satisfaites de l'accueil que nous leur avons réservé. Les portes ouvertes dans les exploitations ont également eu un énorme succès, tout comme le repas du dimanche à Saint-Jean-Pied-de-Port qui fut un grand moment de convivialité.
Que peut-on souhaiter à l'AOC ?
P. E. » Que notre appellation maintienne la notoriété qu'elle a acquise. Au bout de 30 ans, la suite logique serait maintenant une meilleure valorisation du lait AOC. Enfin, j'espère de tout coeur que les erreurs du passé ne se renouvelleront pas mais serviront à construire notre avenir. Pour ma part, je serai toujours vigilant et mon objectif sera toujours le même : garder le maximum d'éleveurs dans l'AOC. Tout le monde doit travailler ensemble pour faire valoir les spécificités de notre territoire. Nous sommes tous complémentaires et avec une certaine ouverture d'esprit, nous pourrons fêter les 40 ans
Propos recueillis par Yannick Allongue
Qu'est-ce que ça fait d'avoir 30 ans ?
Patrick Etchégaray » 30 ans, c'est l'àge de raison. C'est aussi l'heure de faire quelques bilans et de tirer les enseignements du passé. C'est aussi le bon moment pour asseoir notre AOC au sein de la filière et conforter la notoriété de cette appellation.
Quels ont été les faits marquants de l'histoire de l'AOC Ossau-Iraty ?
P. E. » Je n'étais pas présent lorsque l'AOC a été créée. Mais je peux facilement imaginer que ce fut une tàche très compliquée, un chantier énorme car c'est très difficile. Dans les années quatre-vingt-dix, je me souviens que nous avons été confrontés à une crise dans la filière lait de brebis. C'est à ce moment que l'AOC a commencé à prendre de l'importance. Puis, il y a eu le grand plan média à la télévision durant cette même décennie. Ceci a permis de faire durablement connaître notre appellation. Au début des années 2000, les responsables de l'époque ont engagé une réforme du cahier des charges. Cette réécriture nous a divisés au sein de l'appellation avant de nous rassembler plus tard. Quand on voit ce qui se passe dans les autres filières, on peut finalement se dire que si ça va un peu mieux pour nous, c'est gràce à l'AOC. Dernière étape de notre construction, le passage depuis peu de l'AOC au signe de qualité européen AOP (Appellation d'Origine Protégée).
Vous évoquez, dans un édito publié dans Le Sillon la semaine dernière, « dix années tumultueuses », dues à cette réécriture du cahier des charges. Était-ce une réforme nécessaire ?
P. E. » Je ne dirais pas que cette réforme était nécessaire, mais plutôt obligatoire. En effet, il y avait un certain vide sur les conditions de production. On avait un cahier des charges avec la définition de la zone, des races, de la fabrication, de l'affinage mais il devait être complété au sujet de l'alimentation. Il y avait une demande sur ce point au niveau national, il fallait donc le faire. Mais la révision d'un cahier des charges n'est jamais un chantier facile. Les responsables de l'époque voulaient une AOC élitiste, avec un cahier des charges très dur. Cela s'est fait ailleurs en France, mais sur des filières lait de vache. Un tel durcissement n'était pas justifié et adapté à notre filière lait de brebis. Quand j'ai pris la présidence, mon premier souci était de rassembler le plus d'éleveurs. Tout ceci fait partie, en fait, de la vie d'une appellation. Partout, il y a des débats parfois très durs
En 2008, lors de l'assemblée générale, le syndicat a tendu la main aux producteurs de la vallée d'Ossau, peu représentés au sein de l'AOC. Où en est-on aujourd'hui ?
P. E. » Le dialogue a été réinstauré. Le syndicat a officiellement demandé la réintroduction de la zone du Pont Long, là où s'approvisionnent les Ossalois (N.D.L.R. : zone dans la banlieue du Pau qui appartient au syndicat du Haut-Ossau). La commission d'enquête de l'INAO est venue. Nous n'avons pour le moment aucune réponse, le processus est très long. Mais nous avons bon espoir de voir notre démarche aboutir. Après, libre à chacun d'intégrer ou non l'appellation. Car l'AOC n'est pas une démarche obligatoire, mais une conviction.
Ce week-end a été ponctué par de nombreuses festivités. Vous pouvez nous en dire un mot ?
P. E. » Il y a tout d'abord eu les assemblées générales de la FNAOC (Fédération nationale des appellations d'origine contrôlée), l'ANAOF (Association nationale des appellations d'origine laitières françaises) et le CNAOL (Conseil national des appellations d'origine laitières) à Oloron-Sainte-Marie. Toutes les appellations de France étaient représentées et elles ont été très satisfaites de l'accueil que nous leur avons réservé. Les portes ouvertes dans les exploitations ont également eu un énorme succès, tout comme le repas du dimanche à Saint-Jean-Pied-de-Port qui fut un grand moment de convivialité.
Que peut-on souhaiter à l'AOC ?
P. E. » Que notre appellation maintienne la notoriété qu'elle a acquise. Au bout de 30 ans, la suite logique serait maintenant une meilleure valorisation du lait AOC. Enfin, j'espère de tout coeur que les erreurs du passé ne se renouvelleront pas mais serviront à construire notre avenir. Pour ma part, je serai toujours vigilant et mon objectif sera toujours le même : garder le maximum d'éleveurs dans l'AOC. Tout le monde doit travailler ensemble pour faire valoir les spécificités de notre territoire. Nous sommes tous complémentaires et avec une certaine ouverture d'esprit, nous pourrons fêter les 40 ans
Propos recueillis par Yannick Allongue