Gérer le parasitisme autrement
Les traitements antiparasitaires sont une des dépenses les plus importantes dans le budget de l'éleveur de ruminants, d'où l'intérêt de porter un autre regard sur le parasitisme naturel.
Les nombreux produits mis sur le marché à grand renfort de publicité créent un besoin, une obligation, des habitudes de traitements automatiques et systématiques. Mais des méthodes alternatives de gestion existent. À l'occasion d'une demi-journée de formation organisée par la chambre d'agriculture, le Dr Pascal Oliarj du GIE zone verte est ainsi intervenu sur la gestion du parasitisme des ruminants avec des pratiques minimisant l'utilisation de traitements antiparasitaires.
Les grands principes de gestion alternative portent d'une part sur une bonne connaissance des parasites afin de mieux maîtriser les infestations et de favoriser les défenses immunitaires naturelles des ruminants et d'autre part sur le diagnostic des animaux afin de traiter seulement quand cela s'avère nécessaire et non systématiquement et parfois inutilement.
Focus sur les strongles Les parasites internes ont des cycles de vie bien identifiés qui passent par un stade larvaire en milieu externe, le plus souvent sur les pàtures, lieu de contamination principal du troupeau. Les strongles sont des parasites pulmonaires et digestifs des ruminants. Leur cycle est direct : absorption de larve L3 sur l'herbe, transformation de la L3 en adulte pathogène dans le poumon, l'intestin ou la caillette, émission d'oeufs dans les selles sur les pacages.
Pour passer l'hiver, ce parasite a des larves transhivernales plus résistantes au froid et qui, après leur ingestion, émettent plus d'oeufs que les larves classiques. Le degré d'infestation des pàtures au printemps dépend de la saison hivernale (le gel, la durée de l'hivernage réduisent le nombre de larves résistant à l'hiver), de la pàture (le labour détruit les larves), du moment de la mise à l'herbe (entre janvier et mars le nombre de larves transhivernales diminue de moitié dans les pàtures). La contamination des ruminants sensibles (jeunes, 15 J après agnelage ou vêlages, les animaux malades) par les strongles se fait principalement à la mise à l'herbe. Les animaux vont ingérer des L3 qui vont se transformer en adultes, s'accoupler et émettre des oeufs ce qui va entraîner l'explosion de la contamination du pacage. Les larves vont donner des oeufs, 3 semaines après ingestion, qui seront émis dans les selles.
Un climat chaud et humide permet une transformation rapide des oeufs en L3 dans la prairie. Créer un contact régulier mais modéré entre strongles et animaux sensibles permet de développer une immunité sans provoquer de strongylose maladie. C'est la première et la deuxième année de pàture qu'il faut travailler. À la mise à l'herbe, les animaux sensibles de première année de pàture doivent être mis sur une pàture réservée à cet usage. C'est une prairie contaminée par des strongles des adultes, pas trop tard en saison, avec quelques larves transhivernales qui vont se développer sur ces animaux et stimuler leurs défenses. Au bout de 20 jours, il faut impérativement rentrer les animaux pour couper le cycle parasitaire, les changer de pàture pour éviter que la pàture 1 s'enrichisse trop en larve L3 en les mettant sur une pàture labourée par exemple cela permet de gagner 3 semaines de tranquillité. Les vaches adultes qui ont acquis une immunité naturelle, si elles n'ont pas subi trop de traitements antiparasitaires et qui sont source de contamination, viendront dans un second temps sur les pàtures.
Rendez-vous à Iholdy Le surpàturage (à moins de 5 cm d'herbe ou densité animale trop importante) favorise fortement l'ingestion des parasites. En terme de diagnostic, un premier outil consiste à compter le nombre de larves résiduelles sur les pacages. Un deuxième outil consiste à mesurer le nombre d'oeufs émis par les bovins et à reconnaître les oeufs de strongles (avec l'aide d'un vétérinaire). En effet, les strongles sont plus ou moins pathogènes selon leur espèce. En fonction des strongles trouvés (pulmonaires ou digestifs), des traitements alternatifs pourront être envisagés.
Pour les éleveurs qui désirent en savoir plus sur les médecines alternatives, rendez-vous lundi 14 juin à 14 heures à la mairie d'Iholdy pour une session gratuite sur l'homéopathie, l'aromathérapie, la phytothérapie.
L. M.
Contact : Ludivine Mignot 06 24 44 00 27