Haricot vert : cinq Béarnais font le choix du frais et de la culture raisonnée
Entre production bio et industrielle, cinq producteurs béarnais ont fait le choix de cultiver des haricots verts en méthode raisonnée et d'exporter leurs ventes en frais au pays de la tulipe.
Pour trier et conditionner les haricots verts des cinq producteurs béarnais, une trentaine de salariés se relaie sur le site d'Uzein pendant les deux périodes de récolte. © Le Sillon
Cela fait maintenant 13 ans que cinq producteurs des communes d'Uzein, Larreule et Uzan (Pyrénées-Atlantiques), se sont destinés à la production de haricots verts. Deux fois par an, la station de triage d'Uzein et ses saisonniers se mettent en ordre de marche afin de relayer la production batave. « Nous récoltons avant et après la production hollandaise de mi-juin à mi-juillet et de la fin septembre à la fin octobre », déclare Christian Portal, l'un des producteurs.
Cette année, le tonnage s'élève à 320 tonnes en ce qui concerne la première récolte estivale et la deuxième culture s'annonce également prometteuse avec une estimation à quelque 300 t. Au total ce sont 32 ha qui alimentent en frais le marché néerlandais. « Nous travaillons avec la société familiale VLNK qui a remplacé en tant que principal client la coopérative Lur Berri, laquelle avait elle-même remplacé la Légumière du Sud-Ouest. Le ramassage des haricots s'effectue mécaniquement, ils sont triés manuellement et mis, sur place à la station, en cagettes de 5 kg. En une journée, nous remplissons un camion frigorifique de 15 tonnes ».
Une forte demande en frais
Ce dernier prend la direction de la Hollande le soir et, après 10 à 11 heures de route, dépose son chargement à une centrale d'achat avant que les cagettes ne soient mises au rayon frais des grandes surfaces. « Il n'y a pas d'autre manutention », insiste Christian Portal. À Uzein, le suivi technique est assuré par Philippe Lalanne des établissements Larrieu à Arzacq.
Si les producteurs béarnais ont choisi la Hollande comme débouché à leurs haricots verts, c'est que, dans ce pays, la demande est forte et constante durant toute l'année. A contrario, en France, on semble quelque peu bouder le produit, tout particulièrement en frais. Le marché est donc plus incertain dans l'Hexagone.
Augmentation des surfaces en perspective
« L'activité, assez lucrative, équivaut à une bonne année de récolte en mais semence. Cependant elle exige plus de surveillance et comporte plus de risques ». Pour pratiquer la culture du haricot vert, il faut des parcelles irrigables et chacune d'entre elles n'est destinée à ce type de production que tous les 4 ans. « Notre objectif est d'augmenter la surface de production de 50 ha et nous recherchons de nouveaux producteurs ».
Sur les exploitations concernées, situées dans un rayon de 15 km autour de la station – le triage et le conditionnement reviennent aux Hollandais - on s'est spécialisé dans le demi-fin et le mangetout. « Le gros ne se consomme pas en frais et il est destiné au marché espagnol pour les macédoines. Les demi-fins, qui représentent un tiers de notre production, sont destinés via VLNK, à la Belgique et à l'Allemagne, le mangetout à la Hollande ».
Cette année, les cultures ont été magnifiques, les rendements excellents malgré l'arrivée de l'héliotis dans tout le grand Sud-Ouest. « C'est une chenille foreuse contre laquelle nous n'avons pas pu utiliser ni de traitement biologique, ni de traitements chimiques traditionnels. Elle rentre dans la plante et va sucer le grain. En cicatrisant, le haricot laisse apparaître une tache ronde et brune. Le haricot est plus cassant, mais c'est surtout le problème visuel qui rentre en ligne de compte dans la qualité générale ».
Culture raisonnée et approche locale
Les cinq producteurs béarnais se différencient en pratiquant l'agriculture raisonnée, préférant les traitements biologiques lorsque cela est possible. « De plus, on ne nous impose pas de surface et nous nous occupons nous-mêmes des semis et de la récolte, ce qui n'est pas le cas lorsque l'on travaille pour des grosses firmes. On ne nous oblige pas, non plus, à cultiver sur des terres sans cailloux ».
Cette méthode de production raisonnée, témoignant de la traçabilité et des bonnes pratiques, est indispensable pour avoir accès au marché hollandais. « La certification européenne Globalgap passe par là . Des échantillons sont prélevés trois fois sur une même culture, ceci à la demande soit des producteurs, de l'acheteur ou du distributeur ».
Avec tous ces atouts, nos cinq producteurs béarnais se projettent vers l'avenir et plus particulièrement sur le marché français. Il n'est ainsi pas exclu qu'à la station d'Uzein les haricots verts soient triés pour un débouché aquitain en circuit court mais néanmoins différent des AMAP. Philippe Delvallée
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